Des paysages somptueux.
Le trek de l’Ausangate est probablement le plus beau trek court (4 jours de marche) du Pérou. Entre une diversité des paysages incroyable et une fréquentation encore très limitée, cet itinéraire est un incontournable de tout voyage sportif dans la pays. Dans cet article nous vous donnons toutes les informations pour préparer cette randonnée, que ce soit par l’intermédiaire d’une agence ou en solitaire.
Le trek de l’Ausangate
En préparant ce séjour de plusieurs mois dans les Andes, un trek dans la cordillère de Vilcanota s’est rapidement imposé comme un incontournable. Au programme, pics enneigés, lacs étincelants, montagnes colorées, glaciers, passage de cols à plus de 5000 mètres d’altitude et des centaines de lamas et alpagas en liberté.
Notons que le trek classique dans cette région consiste à effectuer le tour, en 4 ou 5 jours, du Nevado Ausangate, principal sommet de la cordillère (6372 mètres). En regardant les cartes de la région et Google maps il nous a semblé possible d’ajouter deux endroits, la montagne aux sept couleurs de Vinicunca et un lac à une journée de marche de Pacchanta, lieu d’arrivée du trek classique.
Informations pratiques trek de l’Ausangate
Le trek de l’Ausangate classique s’effectue en 4 jours et consiste à faire le tour du sommet éponyme. Le départ et l’arrivée se font à Tinki.
Des bus circulent toutes les demi-heures entre Cuzco (terminal situé à proximité du “Coliseo cerrado – casa de la juventud) et Tinki. 3h30 de trajet. 10 soles
La plupart du temps, une partie de l’itinéraire vers Upis à l’aller et le retour depuis Pacchanta se réalisent en véhicule (motos et taxis collectifs proposent ce service à Tinki).
Ajouter une journée de randonnée supplémentaire permet de découvrir la montagne colorée de Vinicunca.
Enfin, pour une traversée plus complète du massif, ajouter deux jours de trek (comme nous l’avons fait) permet de rejoindre le somptueux lac turquoise de Singrenacocha.
La meilleure période pour effectuer le trek de l’Ausangate est entre mai et octobre (la saison sèche dans les Andes).
Cependant, la météo dans la cordillère de Vilcanota (le nom du massif où se situe la montagne Ausangate) est assez instable (plus que dans la cordillère Blanche par exemple) et des chutes de neige ne sont pas rares, même en juillet – août.
La saison des pluies (décembre à fin mars) est à éviter.
Entre l’altitude (col à plus de 5000 mètres, nuit à plus de 4000 mètres) et les basses températures, il est recommandé de bien se couvrir et de disposer de matériel de qualité. Ce qui n’est pas si simple à trouver à Cuzco.
Faites attention aux températures des sacs de couchage données par les loueurs. Souvent ils indiquent la température limite confort et non pas la température confort. Ainsi, un sac de couchage température confort -5 degrés est approprié pour le trek.
Nous souhaitions effectuer ce trek avec un portage limité et un guide. Ainsi, nous n’avions pas envie de marcher plusieurs jours avec 12 à 15 kilos sur le dos et voulions faire travailler quelques locaux. Les habitants de la région sont globalement (très) pauvres et louer leurs services leur procure une précieuse aide financière.
Par conséquent, nous avons mis de côté les treks organisés par des agences basées à Cuzco. Leurs prix sont élevés et, en outre, les guides et muletiers ne touchent qu’une petite fraction de la somme payée. Nous avons trouvé sur des forums les coordonnées de guides locaux, avons échangé quelques mails et, finalement, le courant est bien passé avec un dénommé Alejandro !
Ces échanges de mails ont parfois été cocasses, entre de longs délais de réponse (il n’y a pas de réseau dans les montagnes), des dates de trek mouvantes et un espagnol parfois approximatif (n’étant ni sa langue maternelle, ni la nôtre !).
Notre itinéraire se réalise en sept jours. Les cinq premiers jours nous suivrons le parcours classique, avec un détour d’une journée vers Vinicunca. Puis, en marchant hors des sentiers battus, nous irons voir le lac Singrenacocha sur les deux derniers jours. Sur Google maps ce lac présente une incroyable couleur turquoise, nous avons d’autant plus envie de le voir de nos propres yeux. Il semble également peu connu (rares photos sur les réseaux sociaux et internet, il n’est pas intégré aux itinéraires des agences…).
Tarif : 3000 soles tout compris pour deux. A savoir 900 soles par personne pour la première partie du trek (le tour de l’Ausangate et Vinicunca en 5 cinq jours) et 600 soles pour les deux jours supplémentaires (la logistique est plus compliquée).
Nous partirons donc avec Alejandro, qui se charge de nous fournir matériel (tentes, tapis de sol…) et nourriture, un muletier et deux mules.
Trajet vers Tinki
Au fur et à mesure de notre périple, nous avons affiné la date de début du trek. Le rendez-vous avec notre guide est fixé pour aujourd’hui, en début d’après-midi, sur la place principale de Tinki. Nous prenons le bus qui relie ce village depuis Cuzco.
Nous voilà partis pour 4 heures de trajet sur une route parfaitement asphaltée. La première partie de l’itinéraire emprunte la route que nous avons prise deux jours plus tôt pour nous rendre à Combapata.
A Oropesa le bus se charge en pain et à Saylla les odeurs de chicharron se font à nouveau sentir.
Puis, nous bifurquons vers la gauche, en direction de la ville de Puerto Maldonado en Amazonie. Cette route, appelée « Voie Interocéanique », relie la côte Pacifique péruvienne à la côte Atlantique brésilienne. 2600 kilomètres à travers la cordillère des Andes et la forêt amazonienne !
Avec une agence ou en solitaire ?
Le trek de l’Ausangate peut se réaliser en passant par une agence ou en solitaire. En outre, une troisième alternative est d’embaucher un guide et/ou un muletier local.
Avec une agence.
Les prix sont extrêmement variables, allant de 200 euros (avec une agence locale basée à Cuzco et un groupe conséquent) à plus de 800 euros (agence française ou francophone, départ à 2 ou 3 personnes). Evidemment, le service n’est pas le même. Dans les grandes lignes, pour les tarifs les plus bas, l’équipement n’est pas fourni ou de mauvaise qualité, les mules portent plus de poids qu’il ne faudrait et la nourriture est basique et limitée. A l’inverse, un prix élevé nous semble disproportionné, déconnecté de la réalité du pays et surtout ne bénéficie pas forcément aux guides et muletiers locaux.
En solitaire.
Coût très peu élevé. Compter 20 soles de droit d’entrée et environ 10 soles par personne et par nuit (à payer au campement si quelqu’un est présent). Louer le matériel de camping à Cuzco. Il est également préférable d’y acheter de quoi manger pendant l’intégralité du trek (à Tinki le choix est limité).
Cette option peut paraître séduisante (liberté, goût de l’aventure et coût). Néanmoins, la population locale (très pauvre) ne bénéficie aucunement du passage des touristes sur leurs terres. Cela a, par exemple, conduit les populations de Huayhuash (dans la cordillère éponyme au nord de Lima), lassés de ne pas profiter de la manne touristique, à mettre en place des droits de passage exorbitants. En fin de compte, il est à craindre une évolution similaire autour de l’Ausangate dans les prochaines années.
Enfin, rappelons que, si le sentier est bien marqué et simple à suivre par beau temps, il devient compliqué de se repérer lorsque les conditions se dégradent. Mentionnons que nous avons effectué le trek début octobre et avons été confrontés à des chutes de neige. De fait, un couple d’allemands qui marchaient en solitaire ont été fortement soulagés de pouvoir nous suivre pendant les deux demies-journées où le chemin disparaissait sous une couche blanche uniforme…
En engageant un guide et / ou un muletier local.
Compter 150 à 200 soles (40 à 50 euros) par jour pour deux personnes tout compris (guide, muletier et mules, équipement de camping, nourriture, repas préparés…). Il est possible de faire appel à un muletier en arrivant à Tinki, tout le monde à un cousin qui possède des mules et connaît l’itinéraire ! Sinon, pour plus de sécurité (ou pour un itinéraire alternatif), nous vous recommandons deux guides de la région, Alejandro et Cliver (n’hésitez pas à nous contacter pour avoir leur contact ! ).
La route quitte ensuite le fond de la vallée pour s’élever rapidement. Nous devons passer un col à plus de 4000 mètres d’altitude. Dans le lointain quelques sommets enneigés sont visibles, nous approchons de la cordillère de Vilcanota. Entre la pente et les virages serrés, le vieux bus dépasse difficilement les 25 kilomètres/heure. De surcroît, les pauses sont fréquentes, pour charger ou décharger passagers et marchandises dans les villages que nous traversons.
A Ocongate, la principale localité de la province, des péruviennes en habit traditionnel montent dans le bus. Leurs chapeaux sont complètement différents de ceux vus jusqu’à présent. Au Pérou, héritage de la colonisation espagnole, chaque région a un type de couvre-chef qui lui est propre. Il peut être plus ou moins coloré, de formes diverses et variées (chapeau melon, chapeau « Stetson », chapeau-galette…) avec broderies, pompons ou autres ornementations. Retrouvez des illustrations dans cet article.
Ainsi, le chapeau de la région de l’Ausangate ne ressemble à aucun autre. Il est plat, couvert d’un morceau de tissu brodé et orné de perles et entouré d’une large bande jaune (ou rose) à franges.
Village de Tinki et péripéties
Le bus arrive ensuite à Tinki (parfois orthographié « Tinke »), nous descendons en compagnie des autres passagers. Le village, particulièrement animé au vu de sa petite taille, s’étend le long de la voie interocéanique. Plusieurs boutiques vendent fruits et légumes, viandes et poulet, vêtements, produits de beauté ou accessoires de bricolage… On trouve également un coiffeur et un dentiste.
Sur la place principale, des stands proposent de la nourriture (soupe, pilons de poulet frits et riz…) à consommer sur place ou à emporter. Au second plan, les façades des bâtiments sont colorées, vert, jaune, turquoise, beige, bleu. Le mont Ausangate laisse apercevoir son sommet enneigé depuis la place principale de la ville. Cette dernière est bordée par le « marché modèle » (mercado modelo) de Tinki, comme l’indique fièrement son fronton.
Nous cherchons des yeux Alejandro sans savoir à quoi il ressemble. Un homme se dirige vers nous (nous sommes les seuls touristes à descendre du bus !). Il s’appelle Basilo, se présente comme le cousin d’Alejandro et nous informe que ce dernier participe à une réunion avec d’autres guides. Il ne peut pas nous accueillir à la sortie du bus comme convenu mais arrivera à 18 heures.
Pour l’instant, Basilo nous conduit chez une connaissance qui peut nous accueillir pour la nuit. Nous pénétrons dans une cour entourée d’une construction en forme de U.
Sur la gauche, l’aile pour le mari, un monsieur d’un âge avancé très sympathique. Sur la droite, l’aile pour sa femme, bien plus jeune et leurs enfants, un garçon de 5 ou 6 ans et sa petite sœur.
Entre les deux, une partie surélevée qui dispose de trois chambres pour les quelques touristes et visiteurs de passage. On y accède alors par une échelle en bois bringuebalante.
Itinéraire trek de l’Ausangate
Itinéraire classique et variante vers les montagnes colorées
1ère journée : Tinki – Upis (6h de marche). Il est possible de réaliser une partie de la piste en véhicule. Il reste alors 3 heures de marche. Cela permet de partir de Cuzco au petit matin et d’atteindre malgré tout Upis en fin d’après-midi. Nuit à 4400 mètres d’altitude.
2ème journée : Upis – lac Ausangate. 7 heures de marche. Deux cols à 4900 mètres d’altitude à franchir.
Départ vers le col Arapa. Descente vers le lac Puma Cocha. Puis passage du col Apuchata et campement en bas, au bord du lac Ausangate.
Retrouvez l'article du trek de l'Ausangate, de Tinki à Anantapata
En cas de variante vers la montagne colorée de Vinicunca, il faut bifurquer, au niveau du lac Puma Cocha en direction de Sorimana et du campement d’Anantapata. Nuit à Anantapata.
Le lendemain, randonnée vers la montagne colorée de Vinicunca en aller-retour en franchissant le col de Warmisaya. Puis, de retour au campement d’Anantapata, marche vers la vallée de Surapampa avant de rejoindre le campement au bord du lac Ausangate.
Retrouvez l'article, vers la montagne colorée de Vinicunca
3ème journée (ou 4ème si détour par Vinicunca) : lac Ausangate – campement de Jampa Pampa. 5 à 6 heures de marche. Passage du col Palomani à 5200 mètres d’altitude. Puis remontée de la vallée de Jutunpampa.
4ème journée : campement de Jampa Pampa – Village de Pacchanta. 7 heures de marche. Passage du col Qampa (également orthographié Jampa). Puis longue descente vers Pacchanta. Pour conclure, récupération dans les sources chaudes ! Plusieurs hébergements rustiques.
Retrouvez l'article du trek, du lac Ausangate au village de Pacchanta
Variante vers le lac Singrenaocha.
5ème journée : Pacchanta – lac Singrenacocha. 6 heures de marche. Itinéraire non balisé. Guide obligatoire. Itinéraire vallonné.
6ème journée : lac Singrenacocha – route interocéanique sud puis Tinki. 3 heures de marche. En légère descente.
Retrouvez l'article final du trek de l'Ausangate, vers le lac Singrenacocha
L’après-midi s’écoule entre discussions avec le vieil homme, lessive (nos vêtements en avaient bien besoin) et partie de foot endiablée avec le garçon, ravi de trouver des compagnons de jeu ! Pendant ce temps, sa petite sœur est toute contente de prendre un bain (d’eau froide évidemment) dans une bassine au milieu de la cour.
A 18 heures toujours pas d’Alejandro. Ni même à 19 heures… Nous allons dîner dans un restaurant du village où nous sommes les seuls clients. Sur la table à côté, la fille de la maison fait ses devoirs, régulièrement distraite par la télévision allumée à proximité. Sa mère cuisine au feu de bois, dans la pièce adjacente.
Sans tarder, nous rentrons à notre hébergement. Il est plus de 20 heures, malgré tout, notre guide n’est toujours pas arrivé… Par conséquent, le départ du trek, prévu pour le lendemain, semble compromis.
Rencontre avec le guide
Soudain, on frappe à notre chambre. On ouvre. Un homme, fatigué, aux chaussures et pantalon couverts de boue surgit alors de la nuit et apparaît dans l’embrasure de la porte. Il s’agit d’Alejandro. Il est extrêmement désolé pour son retard. La réunion avec les autres guides s’est prolongée. Il vient de faire 3 heures de trajet, à moto et à pied, de nuit, dans la montagne, pour rejoindre Tinki et nous retrouver. Le départ du trek est finalement maintenu pour le lendemain !
Nous définissons avec lui l’itinéraire définitif. Il nous explique la manière dont le trek se déroulera, puis, nous lui posons quelques questions.
Son cousin, Basilo, qui nous a accueilli à la sortie du bus nous accompagnera en tant que muletier/cuisinier pendant les cinq premiers jours. Il nous quittera ensuite pour accompagner un groupe effectuant le trek de l’Ausangate ; il travaille également pour le compte d’une agence de Cuzco. Un autre muletier nous rejoindra alors pour les deux derniers jours.
Alejandro nous parle également de sa femme enceinte. Est-ce la fatigue, l’heure avancée ou notre espagnol mais nous ne comprenons pas pourquoi il insiste sur ce point…
Puis, il nous demande de régler l’intégralité du coût du trek. Cela nous embête car nous pensions en verser une partie au début de la randonnée et le solde à la fin. Cependant, il insiste, il a besoin de cet argent pour acheter la nourriture que nous mangerons et payer le muletier. Nous trouvons alors un compromis et effectuons le paiement de la moitié de la somme. Le complément lui sera réglé le lendemain. Nous espérons qu’il sera bien au rendez-vous ! Il est maintenant temps de dormir si nous voulons être en forme.
Informations pratiques
Bus Cuzco – Tinki : 10 soles par personne
Hébergement Tinki : chambre 30 soles
Diner à Tinki : 7 soles
Trek de l’Ausangate sur 7 jours : 3000 soles pour 2 personnes tout compris. Possibilité d’effectuer le trek classique (5 jours pour 900 soles par personne
