Au plus près des manchots. Un magnifique parc très peu fréquenté.

Dans cet article, nous explorons le parc national Monte Leon en Argentine. Situé sur la côte Atlantique, il accueille une impressionnante colonie de manchots de Magellan ainsi que des guanacos et des pumas. Cerise sur le gâteau, l’endroit est très peu fréquenté. Nous vous donnons toutes les informations pratiques. Puis, nous quittons le littoral en direction de la localité de Gobernador Gregores.

De Rio Gallegos au parc Monte Leon

Bien que nous ayons quitté l’extrême sud de la Patagonie et la Terre de feu, la température reste glaciale au réveil. D’autant plus que les timides rayons de soleil disparaissent rapidement sous une épaisse couverture nuageuse et que, sans surprise, le vent souffle sensiblement.

Vous pouvez retrouver l'article précédent : 
Parc Pinguino Rey, à la rencontre du Manchot Royal

Après quelques courses dans un supermarché de la grande ville, nous quittons Rio Gallegos en direction du parc national Monte Leon, 200 kilomètres plus au nord.

La route nationale 3 franchit alors des immensités désertiques seulement peuplées de nandous et guanacos. La population de camélidés le long du ruban d’asphalte est impressionnante. De fait, ils sont des centaines à brouter à quelques mètres à peine des véhicules qui circulent à vive allure.

Évidemment, cela n’est pas sans danger, tant pour les conducteurs que pour les animaux, dont de nombreuses carcasses pourrissent sur le bas-côté, dans un état de décomposition plus ou moins avancé.

Dans le sens inverse, le trafic est plutôt important. En effet, en ce samedi de février, des argentins, chargés de bagages et coffre supplémentaire sur le toit, partent en vacances d’été.


Itinéraire de Rio Gallegos à Bajo Caracoles et parc Monte Leon

Deux jours. 650 kilomètres et 9 heures de route. Chaussée asphaltée.

De Rio Gallegos au parc national Monte Leon. 250 kilomètres et 2h30 de trajet par la route nationale 3.

Visite du parc Monte Leon. Nuit dans le parc. Zone de campement aménagée dans le parc, à l’extrémité de la piste. Sanitaires et espace barbecue à disposition. En partie coupé du vent. Gratuit.


Dans cette région, comme tous les jours de l’année ou presque, les bourrasques de vent sont violentes et nécessitent par conséquent une grande vigilance.
D’ailleurs, la circulation est interrompue. Un camion est accidenté, sa remorque et sa cargaison de bottes de paille et chaises en bois renversées sur la route. Une ambulance évacue le conducteur, puis l’intervention d’un tracteur permet de dégager la chaussée.

Finalement, nous pouvons poursuivre et atteignons le parc Monte Leon en début d’après-midi.

Parc national Monte Leon

Avant de pénétrer dans les lieux, il est nécessaire de s’enregistrer auprès des gardes-parcs, quelques kilomètres plus loin. Ceci fait, nous revenons sur nos pas et bifurquons sans délai sur la piste qui traverse le parc.

Ce dernier est, comme les centaines de kilomètres alentour, presque désertique. Dans ces conditions, seuls de rares arbustes et des touffes d’herbe sèche poussent au milieu d’un terrain poussiéreux. Les ravines formées par les rivières lorsqu’il pleut n’ont certainement pas vu d’eau depuis bien longtemps.

Les guanacos sont étonnamment peu nombreux. Il semblerait en effet que la présence de pumas dans la zone les ait poussés à se réfugier ailleurs.

Ensuite, l’océan Atlantique apparaît au-delà de collines pelées, ainsi que le rocher en forme de tête de lion (avec beaucoup d’imagination) qui a donné son nom au parc.


Informations pratiques parc Monte Leon

Entrée gratuite. Il est néanmoins obligatoire de s’enregistrer au préalable au bureau des gardes-parcs, situé 6 kilomètres plus au nord, sur la route nationale 3.

Accès de 9h à 20h, d’octobre à avril et de 10h à 17h le reste de l’année.
Le sentier « Pinguinera » est accessible de 9h à 17h. Notons que les manchots sont présents d’octobre à avril.

Zone de campement aménagée à l’extrémité du parc (20 kilomètres de piste depuis l’entrée). Sanitaires et espace barbecue à disposition. En partie coupé du vent. Gratuit.

Toutes les informations sont à retrouver sur le site officiel : Visite du Parc national Monte Leon


Après une quinzaine de kilomètres sur une chaussée constituée de petits graviers, nous arrivons finalement au point de départ du sentier « Pinguinera ». Une marche de 5 kilomètres aller-retour conduit alors à une gigantesque plage au bord de laquelle viennent nidifier, d’octobre à avril, des milliers de manchots de Magellan.
Au-delà du nombre, impressionnant, le principal intérêt de ce site est la proximité avec les animaux.

Le chemin, après une mise en garde au sujet de la présence de pumas, serpente au milieu de la steppe, en direction de l’océan dont le bleu profond apparaît dans le lointain.

Par la suite, des guanacos sont visibles, avec en toile de fond les flots. A quelques mètres à peine des manchots. Étonnante rencontre entre animaux marins et mammifères herbivores caractéristiques de la cordillère des Andes.

Au plus près des manchots de Magellan

Nous entendons d’ailleurs la colonie bien avant de voir le moindre animal. Les juvéniles, affamés, crient, s’égosillent, pour orienter leurs parents. Ces derniers se sont absentés de nombreuses heures, plusieurs jours pour certains, parcourant des dizaines de kilomètres en mer.

Puis, la réalité de l’endroit nous frappe.
À perte de vue, des nids sont creusés au pied des arbustes qui couvrent la zone, dans une vaine tentative de les protéger du vent.

Un petit manchot, qui à cette période de l’année est au moins aussi gros que ses parents, occupe la plupart des trous. Ces derniers sont d’ailleurs obligés de s’absenter conjointement, presque sans repos, pour satisfaire l’appétit gargantuesque, insatiable de leur progéniture.

Beaucoup s’allongent dans le sable, en train de dormir, comme vaincus par les éléments. Au contraire, d’autres se dressent debout, guettant le retour de leurs nourrisseurs. Certains se font une toilette avec le bec, enlevant les dernières parcelles de duvet qui couvrait il y a peu leurs plumes.

Des cadavres d’animaux en décomposition sont éparpillés autour. Avec autant de naissances, il n’est probablement pas anormal d’observer des dizaines de décès dans la colonie.
Sans compter les victimes des pumas, qui trouvent là des proies bien plus faciles à chasser que les guanacos. Il s’agit d’ailleurs du seul endroit au monde où les manchots font partie du régime alimentaire du félin sud-américain.

La place semble tant manquer que certains nids se situent à une très longue distance du bord de l’eau. Immense étendue que les parents doivent parcourir à de multiples reprises. Forcément, les chances de survie de leurs petits sont plus faibles que ceux qui disposent d’un nid en bordure immédiate de la plage.

D’autres s’installent même sur le chemin emprunté par les touristes ! Les oiseaux ne sont pas à quelques mètres de nous, ils sont à quelques centimètres. Il serait même facile de les toucher, ce qu’il ne faut évidemment pas faire, sous peine de voir les petits rejetés par leurs parents.

Quant aux adultes, lorsqu’ils marchent, en dodelinant d’un pas mal assuré, ils n’hésitent effectivement pas à emprunter le sentier. Peu importe que cela les oblige à croiser des visiteurs bien plus grands qu’eux ! Cela est totalement extraordinaire, irréel.

Les petits animaux, une quarantaine de centimètres de haut, mènent leur vie, sans se préoccuper des humains qui viennent leur rendre visite.

Lorsqu’un des parents revient d’une longue virée en mer, il régurgite la nourriture dans le bec du petit, puis consolide le nid, la poussière vole alors dans les airs, avant de s’accorder un court repos bien mérité.
Plus tard, il repartira affronter les dangers de l’océan, afin d’assurer la survie de l’espèce. Par conséquent, la plage est souvent embouteillée. Des milliers de manchots, certains sur le départ, d’autres de retour, se croisent sur le sable noir.

Après une longue observation, heureux d’avoir vécu ces moments extrêmement privilégiés, nous rejoignons la voiture.
Nous n’allons pas loin pour passer la nuit. A moins de 5 kilomètres au bout de la piste, une zone de camping est aménagée et permet de passer la nuit à l’intérieur du parc, à proximité d’une autre plage.

Les installations sont mal entretenues, néanmoins les emplacements disposent d’espaces pour allumer un barbecue. Que nos voisins, des argentins bruyants et peu respectueux, s’empressent d’allumer. Peu importe que cela enfume les autres occupants. Peu importe que le risque d’incendie, au niveau maximal, interdise leur utilisation et que le nord de la Patagonie chilienne soit en proie à de gigantesques feux de forêt.

Route vers Gobernador Gregores et Bajo Caracoles

Le lendemain, nous quittons le parc Monte Leon, et rejoignons la petite ville de Comandante Luis Piedrabuena en franchissant les eaux laiteuses de la rivière Santa Cruz. Cette dernière s’écoule depuis le lac Argentino, au pied des Andes, bien plus loin à l’ouest. Nous nous dirigeons également vers la chaîne de montagnes, mais vers le nord-ouest.

Après avoir fait le plein d’essence, nous prenons la direction de Gobernador Gregores, puis poursuivons vers la localité de Bajo Caracoles. 450 kilomètres de route, au milieu du désert.

De longues portions asphaltées rectilignes traversent des étendues vierges de toute construction humaine. Le trafic est sporadique, nous ne croisons aucun véhicule pendant des dizaines de kilomètres. Il y a bien plus de guanacos et de nandous sur le bas-côté que de voitures sur la chaussée.

Gobernador Gregores. La ville était déjà endormie lors de notre passage il y a une douzaine de jours, en descendant vers le sud de la Patagonie. Elle l’est encore plus en ce dimanche après-midi.
A l’exception d’un match de football, nous n’apercevons personne dans les rues balayées par le vent.

Nous poursuivons ensuite par la route 40, vers le nord. La chaussée est parsemée de profondes ornières et, de surcroît, certaines portions ne sont même plus goudronnées.

Bajo Caracoles. La bourgade fantomatique, venteuse, poussiéreuse, est certainement le dernier endroit où nous aimerions passer la nuit.
Cependant, c’est la fin de journée et les options sont limitées dans la région lorsque les rafales soufflent avec violence. Ce qui s’avère être le cas presque quotidiennement.

Nous trouvons alors refuge dans une ravine asséchée, accessible en véhicule, 4 kilomètres avant d’atteindre la localité. L’endroit se trouve à proximité immédiate de la route 40 (très peu fréquentée la soirée et la nuit), sans charme, mais en contrebas de la chaussée et plutôt protégé du vent.


Informations pratiques

Parc Monte Leon : Entrée gratuite. Enregistrement au préalable au bureau des gardes-parcs, situé 6 kilomètres plus au nord, sur la route nationale 3. Accès de 9h à 19h. Le sentier « Pinguinera » est accessible de 9h à 17h.
Zone de campement aménagée dans le parc, à l’extrémité de la piste. Sanitaires et espace barbecue à disposition. En partie coupé du vent. Gratuit.

Camping sauvage Bajo Caracoles : 4 kilomètres au sud de la ville. Sur la droite de la route en venant de Gobernador Gregores. Dans une ravine totalement asséchée en été. Protégé du vent. En contrebas de la route 40. Très peu de circulation le soir et la nuit.


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