La plus belle vue de Bolivie.

Dans cet article, nous relatons l’ascension du volcan Licancabur, situé à la frontière entre la Bolivie et le Chili. Des heures d’effort dans un froid glacial pour découvrir un des plus beaux paysages d’Amérique du Sud. Nous avons réalisé cette ascension au cours d’un tour de 5 jours dans la province du Sud Lipez. Nous vous donnons toutes les informations sur cette ascension, éprouvante mais extraordinaire, du volcan Licancabur.

Ascension du Licancabur. Panorama sur la laguna Verde et l’Altiplano

2 heures du matin, le réveil sonne. Entre l’altitude, le froid et l’excitation, la nuit fut plutôt mauvaise et certainement trop courte. Nous sommes impatients, mais également légèrement inquiets, de tenter cette ascension qui nous fait rêver depuis longtemps.

Le volcan Licancabur, 5916 mètres. Gigantesque cône volcanique situé au sud-ouest de la Bolivie. A cette altitude, la pression en oxygène dans l’air est diminuée de 55 %. Cela signifie que nos poumons captent deux fois moins d’oxygène qu’au niveau de la mer. Evidemment, nous n’avons, jusqu’à maintenant, jamais atteint de telles hauteurs.

Plusieurs heures de marche sont au programme, dans un gigantesque pierrier, pour gravir 1300 mètres de dénivelé. Froid, vent glacial, intense radiation UV, en réalité, rien ne nous sera épargné. Mais, si nous parvenons au sommet, ces efforts seront récompensés une vue imprenable sur la laguna Verde et l’Altiplano. Probablement un des plus beaux paysages des Andes.


Informations pratiques ascension du volcan Licancabur

1300 mètres de dénivelé positif. Compter 8 (pour les plus sportifs) à 11 heures de marche AR.
Malgré l’altitude, pas de neige au sommet. Pas de difficulté technique. En revanche, il est nécessaire de disposer d’une acclimatation suffisante et d’être en très bonne condition physique.

Entre les températures négatives et le vent, le ressenti est glacial. De fait, se couvrir chaudement (comme pour la pratique de l’alpinisme) est primordial. En outre, des bâtons de marche sont appréciables.

Le sommet du volcan Licancabur se trouve à cheval entre la Bolivie et le Chili mais l’ascension se fait par le versant bolivien (présence de mines côté chilien). Les agences de San Pedro de Atacama (Chili) proposent l’ascension mais le tarif sera bien plus élevé qu’en passant par une agence d’Uyuni ou de Tupiza en Bolivie.

Guide obligatoire. Tarif : 1000 bolivianos (pour le groupe).
Le guide se réserve auprès du refuge/bureau des guides situé à proximité de la laguna blanca, en face des bureaux du parc national Eduardo Avaroa (à côté du poste frontière bolivien).
Il est possible de dormir et de se restaurer dans le refuge.

Dans le cadre d’une excursion dans le Sud Lipez, organisée depuis Tupiza, l’ascension du volcan Licancabur est effectuée le 3ème jour.

Il est également possible d’arriver au refuge/bureau des guides par ses propres moyens (lorsque l’on dispose d’un véhicule) et d’y réserver directement le guide pour l’ascension.

Le refuge est ouvert toute l’année. Aucune réservation n’est nécessaire.


Bien que manger à cette heure extrêmement matinale soit extrêmement compliqué, nous avalons pain, confiture et maté de coca.
Puis, nous nous couvrons chaudement, la température avoisine les -10 degrés, et sortons du refuge. Le froid est mordant, l’obscurité est parfaite. Des milliers d’étoiles brillent au-dessus de nos têtes. A peine le temps de les observer et nous embarquons dans le véhicule tout terrain. Notre chauffeur, Marco, et notre guide pour l’ascension, William, sont prêts à partir.

Nous roulons, pendant une petite heure, sur une piste défoncée qui traverse l’Altiplano. La nuit nous enveloppe. Nous ne distinguons rien à l’exception de quelques mètres devant la voiture, éclairés par les phares.
3 heures 30, notre chauffeur s’arrête. La piste ne va pas plus loin. Nous sommes à 4600 mètres d’altitude. L’effort commence à partir de maintenant.

Ascension du volcan Licancabur

Nous allumons les lampes frontales et suivons William. Nous entamons l’ascension de ce strato-volcan au cône presque parfait. Pendant ce temps, Marco nous attendra dans la voiture.

Nous marchons pendant deux heures, en nous élevant petit à petit sur la pente du Licancabur, dans le noir le plus complet. Il fait froid, mais l’absence de vent et l’effort rendent la température supportable. Après une petite pause pour boire et s’alimenter, nous repartons.

Plus tard, une faible luminosité commence à poindre à l’est et deux impressionnantes masses commencent à se dessiner. Devant nous, la silhouette du Licancabur et, sur notre gauche, celle du Juriques, volcan voisin au sommet arasé.

Soudain, le Soleil passe au-dessus de l’horizon et éclaire deux lacs en contrebas dans notre dos, la laguna Blanca et la laguna Verde. Cette apparition nous met du baume au cœur.

Cependant, un vent glacial se lève. L’heure qui suit est éprouvante. Les rayons de Soleil ne nous atteignent pas encore, nous sommes dans l’ombre du Juriques et les rafales de vent nous gèlent. Il faut souligner que la température ressentie doit avoisiner -15 degrés. Le sentier grimpe maintenant droit vers le ciel, mais l’effort fourni ne suffit pas à nous réchauffer.

Lorsque nous sommes enfin caressés par les rayons lumineux, nous prenons le temps d’admirer le paysage autour de nous. La vue porte loin, l’extrême sud de la Bolivie est d’une beauté sans nom.

Notre guide nous informe que nous sommes à 5300 mètres. Nous n’avions jamais atteint une telle altitude auparavant. Mais, ce n’est pas le moment de se reposer pour autant, nous avons effectué la moitié de l’ascension.
A partir de maintenant, le Soleil ne nous quitte plus. Le vent non plus d’ailleurs !

L’effort, l’altitude et le manque d’oxygène se font sentir.

Nous grimpons sur les flancs de la montagne, un pas après l’autre. L’itinéraire traverse ensuite un gigantesque pierrier instable. La marche est plutôt monotone, même si le paysage qui nous entoure est magnifique.

A chaque pas, nous dominons les vastes étendues désertiques du Sud Lipez d’un peu plus haut. En outre, au fil de notre avancée et du jour qui se lève, la laguna Verde prend une teinte émeraude.

Nous commençons à fatiguer, l’ascension semble interminable. Pourtant, le sommet du Licancabur apparaît au-dessus de nous, il semble si accessible.

Malgré tout, nous n’avons pas l’impression de nous en approcher.

Nous débranchons le cerveau et concentrons nos pensées sur la marche. Un pas après l’autre. Quelques feuilles de coca machouillées nous apportent un supplément d’énergie appréciable.

Nous atteignons les 5700 mètres d’altitude et dépassons la hauteur du volcan Juriques situé à côté. La pente devient alors plus verticale, nous grimpons au milieu de blocs de pierre. L’effort est ponctué de pauses de plus en plus fréquentes. Même si nous sommes bien acclimatés, le souffle se fait court.

Au sommet du volcan Licancabur

Finalement, nous parvenons au sommet. Enfin, après sept heures d’ascension. L’émotion est indescriptible.

Sommet du volcan Licancabur

La vue, époustouflante, porte à 360 degrés sur l’Altiplano chilien et bolivien. La frontière entre les deux pays passe d’ailleurs sur le sommet du volcan. Au sud-ouest, c’est le Chili qui s’étend vers la petite ville de San Pedro de Atacama. Au nord-est, la Bolivie.

Un petit lac en partie gelé est niché au cœur du cratère du Licancabur. Malgré les conditions hostiles, de petits organismes vivants arrivent à survivre et se développer en son sein. Pour l’anecdote, Nicolas Hulot a, lors d’une émission d’Ushuaïa Nature, plongé dans le lac, avant de décoller en parapente depuis le sommet du Licancabur : Les mésaventures d’Ushuaia Nature .

A nos pieds s’étendent les lagunas Verde et Blanca. Elles n’ont jamais aussi bien porté leur nom ! Leurs couleurs, émeraude pour l’une, blanche pour l’autre, contrastent superbement avec les sols désertiques de la région.

Au-delà, des dizaines de montagnes et volcans s’élèvent au-dessus de l’Altiplano. Les précipitations sont si faibles dans la région que même les plus hauts d’entre eux ne sont pas couverts de neige. Des teintes ocre, sable, crème semblent posées sur ce paysage, telles des touches de peintures. De surcroît, quelques nuages blancs viennent souligner le bleu intense du ciel et parachèvent le tableau.


Informations pratiques ascension d’un volcan dans le Sud Lipez

La province du Sud Lipez et le salar d’Uyuni sont des incontournables d’un séjour en Bolivie.
Cette région au sud-ouest du pays se découvre au départ d’Uyuni ou de Tupiza. En règle générale, les excursions depuis Uyuni durent 3 jours et depuis Tupiza la durée classique est de 4 jours.

Il est possible d’ajouter une journée pour effectuer l’ascension d’un volcan dans la région, le Tunupa, le Licancabur ou l’Uturuncu.

Tunupa. 5321 mètres. Cependant, le sommet proprement dit nécessite des compétences en escalade. Pour cette raison, la randonnée mène à un mirador à 5165 mètres. Superbe vue sur le salar d’Uyuni et un cratère coloré.

Uturuncu. 6008 mètres d’altitude. Surement le sommet de plus de 6000 mètres le plus facile de la planète. Vue sympathique sur l’Altiplano (rien de comparable avec la vue depuis le Licancabur cependant). Une piste accessible en véhicule tout-terrain conduit à 5850 mètres d’altitude.

Ascension du volcan Licancabur. 5916 mètres d’altitude. L’ascension la plus éprouvante des trois, mais le plus beau panorama.

Panorama depuis le Licancabur

Il faut souligner que les touristes désirant effectuer ces circuits sont peu nombreux. En s’y prenant à l’avance et en cherchant des personnes pour compléter le groupe, il est possible de partir à 4 pour les ascensions du Tunupa ou de l’Uturuncu.
Pour le Licancabur, les candidats sont encore plus rares. Il est souvent nécessaire de payer l’intégralité du véhicule (ce qui correspond au prix de 4 personnes).

Tarif : environ 1250 bolivianos par personne pour un circuit classique de 4 jours dans le Sud Lipez depuis Tupiza (pour un groupe complet de 4 personnes). En général, compter environ 250 à 300 bolivianos supplémentaires pour une journée consacrée à l’ascension d’un volcan.


Nous restons une demi-heure au sommet du Licancabur, avant d’entamer la descente. Malgré tout, cette dernière n’est vraiment pas une partie de plaisir. Nous dégringolons la pente, au milieu d’un pierrier qui dévale sous nos pieds.

C’est amusant dans un premier temps, avant de devenir fatiguant. Nous avons de plus en plus de mal à lever nos jambes et avaler de la poussière à chaque respiration n’est pas agréable !

Mais, énorme réconfort, toute la descente s’effectue face à la laguna Verde. Nous rejoignons, exténués, la voiture en trois heures.

Vers les geysers de Sol de Manana et la laguna Colorada

Retour au refuge pour manger une soupe et récupérer nos affaires. Puis, nous roulons plein nord, longeant une dernière fois les lagunas Blanca et Verde.

Nous traversons les paysages admirés d’en haut le matin même, le désert de Dali, les sources chaudes de Polques. Tous les autres véhicules ont déjà quitté les lieux, nous sommes seuls au milieu d’un décor toujours aussi extraordinaire.

Puis, nous allons rapidement admirer la zone géothermique de Sol de Manana. Fumerolles et geysers émettent des jets de vapeur d’eau chaude. Des mares de boue bouillonnent en émettant des clapotements. Une odeur de souffre envahit l’air.

Enfin, quelques kilomètres plus loin, nous apercevons la laguna Colorada. Nous reviendrons le lendemain matin. Nous poursuivons alors jusqu’à un petit village situé à proximité où nous passerons la nuit. Quelques refuges vétustes accueillent les touristes.

Nous parcourons les bâtiments à la recherche d’une douche. Et finissons par trouver notre bonheur. La douche, à peine tiède, est vite expédiée, mais nous apprécions de nous débarrasser de la poussière accumulée pendant l’ascension et la descente du Licancabur.

Après un dîner revigorant, nous n’avons aucun problème à trouver le sommeil ! Nul doute que cette ascension du Licancabur reste un des plus grands moments de ce périple en Amérique du Sud.


Informations pratiques

Ascension du Licancabur. 8 à 11 heures de marche. 1300 mètres de dénivelé. Guide obligatoire (1000 bol.). Très bonnes acclimatation et condition physique nécessaires.

Douche refuge de la laguna Colorada : 15 bol.


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2 Comments

  1. Bravo pour l’ascension du volcan Licancabur et de la description et photos. Dans 2 jours je pars au Chili à San Pedro de Atacama tout proche du volcan. Je serais intéressé par cette randonnée. Pourriez vous me donner les coordonnées du guide ou d’une agence pour effectuer uniquement cette ascension au départ de San Pedro de Atacama.
    Par avance, merci.
    Cordialement

    • Merci pour le commentaire !

      Malheureusement, peu importe l’agence, il est obligatoire d’effectuer l’ascension par le côté bolivien et par conséquent de faire appel à un guide spécifiquement pour cette ascension.
      Tout cela est géré par le refuge au pied du Licancabur, à proximité de la frontière Chili/Bolivie. Ce sont eux qui attribuent les guides suivant un roulement. Il n’est pas possible de choisir son guide.

      Sur la route de nos voyages

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