Sur la route australe. Traversée en ferry.

Dans cet article, nous longeons le fjord de Reloncavi avant de rejoindre la route australe, qui traverse le sud de la Patagonie chilienne. Vastes forêts, églises en bois, rivières turquoise et bateaux de pêche sont au programme. Nous embarquons ensuite à bord du ferry qui effectue la traversée entre Hornopiren et Caleta Gonzalo.

Sur les rives du fjord de Reloncavi

Le lendemain, le soleil a cédé la place à un temps plus couvert. Les nuages bas s’accrochent alors sur les reliefs de la région et aucun coin de ciel bleu n’est visible. Cependant, la luminosité reste importante et nous pouvons profiter de la nature qui nous entoure.

Pour tout dire, le programme de la journée est balisé et ne laisse que peu de place à l’improvisation. Nous embarquons en fin de journée sur un ferry qui relie Hornopiren à Caleta Gonzalo, point de passage obligé pour emprunter la route australe et ensuite poursuivre vers le sud.

Les quarante premiers kilomètres se font sur la même piste, V-69, poussiéreuse et gravillonnée que la veille. Nous savons donc que le rythme sera lent. Heureusement, l’itinéraire est peu fréquenté et nous apprécions les paysages traversés.

Sur la droite, légèrement en contrebas, les eaux calmes du fjord accueillent pêcheries et élevages de saumons et moules.
De l’autre côté, les parois couvertes d’une végétation dense s’élèvent jusqu’à se perdre dans le gris des nuages. Régulièrement, des cours d’eau les dévalent.
De fait, fanchir ces rivières et torrents, même les plus étroits, a nécessité la construction d’une multitude de ponts.

Petite particularité, au Chili, chaque pont, même le plus petit ouvrage, porte un nom.

Ces derniers s’inspirent ainsi souvent du cours d’eau qu’ils surplombent ou de la faune et de la flore aux alentours (pont de la rivière Llaquepe, pont de la jolie cascade, pont des Alerces…).

Plus rarement, c’est une curiosité découverte lors de la construction qui se retrouve dans la dénomination (dont le charmant “pont du guanaco mort”). Parfois, lorsque l’inspiration fait défaut, plusieurs noms identiques se succèdent, auxquels on attribue un chiffre (pont de la forêt 1, suivi du pont de la forêt 2…). Enfin, en dernier recours, lorsque toutes les autres possibilités ont été utilisées, l’ouvrage est dénommé « pont sans nom ».

Plus tard, des rapaces planent majestueusement au-dessus de la cime des arbres.

De Puelche à Hornopiren, début de la route australe

En atteignant Puelche, à l’embouchure du fjord, nous retrouvons une chaussée asphaltée. Il s’agit de la route numéro 7, plus connue sous le nom de route australe. Longue de 1240 kilomètres, elle relie Puerto Montt, à proximité d’où nous sommes, à Villa O’Higgins, une petite localité située loin dans le sud patagon. C’est d’ailleurs l’itinéraire que nous allons suivre pendant les douze prochains jours, en effectuant quelques détours.

Pour l’heure, nous roulons en direction d’Hornopiren. La route longe le golfe marin de Reloncavi, puis celui d’Ancud. Une terre émerge dans le lointain, de l’autre côté de la vaste étendue d’eau, l’île de Chiloé.

Entre-temps, nous déjeunons d’un “completo italiano”, acheté dans un petit stand de restauration. C’est une déclinaison locale du hot-dog, un sandwich typique très populaire au Chili.
Un pain allongé garni d’une saucisse, de tomates coupées en petits morceaux et d’avocat écrasé, le plus souvent accompagné d’une assiette de frites. Ce n’est pas vraiment sain mais plutôt bon. Avec, en outre, un côté réconfortant parfaitement adapté à la journée fraîche et grisâtre.

Plus tard, la chaussée se fraye un passage au milieu d’immensités vallonnées couvertes de forêts. Des thermes ont été aménagés aux endroits où l’activité volcanique fait surgir des sources chaudes.

De mignonnes églises, aux bardeaux de bois peints en rose ou en beige et aux toits bleus ou verts, sont disséminées également dans les hameaux que nous traversons. Elles rappellent celles, typiques, que l’on peut trouver sur l’île de Chiloé voisine.


Itinéraire de Puelo à Caleta Gonzalo

Une journée.
Trajet de Puelo à Hornopiren. Fjord et golfe de Reloncavi. Localité d’Hornopiren. Rives du Rio Blanco. Puis, traversée en ferry vers Caleta Gonzalo.

De Puelo à Hornopiren. 90 kilomètres dont 35 kilomètres de route non asphaltée (jusqu’à Puelche). Début de la carretera austral (route numéro 7). Environ 2 heures de trajet.

Ferry d’Hornopiren à Caleta Gonzalo. 5 heures de traversée. Toutes les informations ci-dessous.

Camping sauvage à Caleta Gonzalo. A la sortie du petit hameau. Vaste parking légèrement en retrait de la route poussiéreuse. Gratuit.
Possibilité de camper (en tente) dans un camping à proximité. 12000 pesos par personne en été, 10000 pesos le reste de l’année. Plus d’informations sur le site : Caleta Gonzalo


Hornopiren et rio Blanco

Hornopiren. La petite ville ne présente aucun charme particulier mais jouit d’un emplacement privilégié. Au fond d’une baie entourée de montagnes et volcans. C’est ici que nous embarquerons, dans quelques heures, à bord du ferry qui effectue la traversée vers Caleta Gonzalo.

Pour le moment, nous avons le temps d’explorer les environs jusqu’au pont du Rio Blanco situé à une dizaine de kilomètres.

Une rivière tumultueuse, à la teinte mi-laiteuse, mi-turquoise, coule avec vigueur entre de gros blocs rocheux, au milieu de collines et montagnes boisées.
Quelques cascades dévalent leurs parois, tandis que les sommets disparaissent sous la brume et les nuages.
Sur les rives, des intrépides embarquent à bord d’un radeau pneumatique et s’élancent pour une descente en rafting qui s’annonce certainement agitée.

Nous revenons sur nos pas, effectuons des courses dans le supermarché Oelkers situé sur la place principale. Le choix est limité, il s’agit cependant du dernier magasin d’importance avant ceux de la ville de Coyhaique, 550 kilomètres plus au sud !

En ferry entre Hornopiren et Caleta Gonzalo

16 heures. Sans tarder, nous nous plaçons dans la file pour embarquer sur le ferry à destination de Caleta Gonzalo. Le départ est prévu deux heures plus tard, pourtant de nombreux véhicules patientent déjà. Nous profitons de l’attente pour acheter fruits et légumes, rares sur la route australe et vendus à des prix élevés, dans un primeur à proximité.

Puis, nous allons nous promener le long de la grève. Des bateaux de pêche oscillent sous une légère houle. Le cadre est définitivement paisible, enchanteur.

A l’heure de départ prévue, 18 heures, nous n’avons pas avancé d’un pouce. L’embarquement se fera finalement une demi-heure plus tard.


Informations pratiques ferry Hornopiren – Caleta Gonzalo

Aucune route ne relie Hornopiren à Caleta Gonzalo, seule la navigation dans un fjord permet par conséquent de poursuivre le périple.
La compagnie de ferry Somarco assure deux trajets quotidiens dans chaque sens durant la période estivale. En hiver, seul le ferry du matin effectue la traversée.

Le trajet de la matinée, 10 heures, est subventionné et se trouve donc complet des mois à l’avance (en été).
Le trajet du soir, 18 heures, coûte cher (environ 100 000 pesos pour un van et deux personnes). Malgré tout, il est très fréquenté et affiche souvent complet trois ou quatre semaines avant la date de la traversée. Pensez à réserver suffisamment tôt !
Il est recommandé d’arriver 2 heures avant la traversée.

Le trajet dure environ 5 heures et s’effectue alors en deux parties.
Un premier ferry relie Hornopiren à Leptepu (environ 3 heures 30), puis il faut parcourir une portion de route d’une dizaine de kilomètres avant d’embarquer sur un second navire pour une quarantaine de minutes vers Caleta Gonzalo.

A bord, une cafétéria propose quelques snacks, boissons chaudes, sandwichs et empenadas, à des prix dans l’ensemble exorbitants.

Toutes les informations sur le site de la compagnie : Somarco


Par la suite, le navire vogue à faible allure au milieu du large fjord. De part et d’autre, les parois, abruptes et couvertes de végétation, de ce dernier s’élèvent vers un ciel gris.

De rares constructions, surplombées par des cimes dentelées, sur lesquelles s’accrochent des nuages, apparaissent par moments entre les arbres. Certains vivent ici, coupés du monde, vivant de la pêche ou de l’élevage de poissons. D’ailleurs, seul un petit bateau amarré à un ponton en bois leur permet de rejoindre la civilisation, à l’extrémité du fjord.

Plus tard, la luminosité diminue. L’obscurité enveloppe peu à peu les alentours. Nous ne distinguons plus que la silhouette des hautes parois qui nous entourent.

Leptepu. Nous débarquons du premier navire. Il fait alors nuit noire. Dans ces conditions, nous ne voyons rien de la nature qui nous entoure à l’exception des troncs qui bordent la piste non asphaltée sur laquelle nous roulons.

Les voitures se suivent en file indienne. Les feux rouges scintillent entre les volutes de poussière soulevées par leur passage. En outre, le véhicule tressaute sur la chaussée en tôle ondulée parsemée de gravillons. L’ambiance est surréaliste.

Une dizaine de kilomètres plus loin, nous montons à bord du second ferry et profitons de la courte traversée pour aménager l’intérieur du van en configuration « nuit ».

En débarquant à Caleta Gonzalo, la file ininterrompue de véhicules se répète une fois de plus, sur la suite de la route australe.
La plupart poursuivent vers la petite ville de Chaiten à une heure et demie de piste, où ils trouveront un hébergement.

De notre côté, nous rejoignons un parking à quelques centaines de mètres du débarcadère. Il est près de minuit. Plusieurs autres vans sont installés. Nous pouvons enfin nous coucher.


Informations pratiques

Ferry Hornopiren – Caleta Gonzalo (compagnie Somarco) : 5 heures de trajet en deux parties. 1ere partie Hornopiren – Leptepu (environ 3 heures 30). Route non asphaltée sur 10 kilomètres. Puis, 2eme partie vers Caleta Gonzalo (40 minutes de traversée).
Deux trajets quotidiens dans chaque sens. Celui de la matinée, 10 heures, subventionné est ainsi complet des mois à l’avance. Le trajet du soir, 18 heures, coûte cher (environ 100 000 pesos pour un van et deux personnes) et est malgré tout souvent complet trois ou quatre semaines avant la date de la traversée.

Camping sauvage Caleta Gonzalo. A la sortie de la localité. Grand parking, en léger retrait de la piste (ce qui limite la poussière). Gratuit. Toilettes et point d’eau disponibles à Caleta Gonzalo.


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