Trajet de La Junta à Villa Manihuales. Glacier suspendu et belles cascades.
Dans cet article, nous empruntons la route australe de La Junta jusqu’à Villa Manihuales. Avec, en chemin, la découverte du parc Queulat et son célèbre glacier suspendu, le Ventisquero Colgante. L’itinéraire est magnifique, entre vastes forêts, fjords, glaciers, rivières turquoise et cascades. En outre, les emplacements de camping sauvage sont superbes.
Trajet entre La Junta et Puyuhuapi
En ouvrant les yeux, nous constatons qu’il n’y a nul besoin de consulter les prévisions météorologiques pour la journée. En effet, le ciel est bleu, sans un nuage à l’horizon. Tandis que le soleil, qui vient de dépasser le faîte des montagnes alentour, réchauffe la carlingue de notre van.
Le programme des prochaines heures est, sur le papier, simple. Nous devons rejoindre le parc national Queulat, à une soixantaine de kilomètres, effectuer une randonnée qui mène à un mirador sur un glacier suspendu et poursuivre la route australe vers le sud. Cependant, cela ne se passera pas comme prévu !
Entre La Junta et Puyuhuapi, la chaussée est asphaltée et ne présente par conséquent aucune difficulté. La route serpente au milieu d’étendues couvertes de forêts, entre lacs et montagnes. Des glaciers et sommets couverts de neige brillent sous les rayons lumineux.
Une fois de plus, il n’y a pas âme qui vive et la circulation est quasiment inexistante. Nous avons ainsi souvent l’impression d’être seuls au monde.
Après un rapide arrêt à Puyuhuapi, nous continuons sur une dizaine de kilomètres, en longeant le fjord éponyme. Puis, la chaussée asphaltée s’interrompt pendant quelques kilomètres. Sans surprise, circuler sur la piste gravillonnée soulève d’importants nuages de poussière.
Comme d’habitude, les ponts sont très nombreux sur la route et, bizarrerie administrative chilienne, tous portent un nom.
Une fois que les plantes, héros de l’histoire chilienne, appellations génériques (« pont de la jolie rivière »…) ou poétiques (« pont du guanaco mort »), ont été épuisées, il ne reste qu’une solution. Nommer l’ouvrage « Puente sin nombre », le pont sans nom. Ce qui devient cocasse, absurde, est qu’un panneau de signalisation mentionne fièrement cette appellation de chaque côté de l’ouvrage et que cela se répète au pont suivant.
Parc Queulat, 1ère tentative
En atteignant l’entrée du parc Queulat (qui signifie « bruit des cascades » dans la langue des habitants de la région, le peuple Chronos), c’est la douche froide. Un panneau informe les visiteurs de la nécessité de réserver son entrée sur internet. Ce que nous n’avons pas fait. De surcroît, évidemment, il n’y a pas de réseau internet au beau milieu de nulle part.
Nous rebroussons chemin jusqu’à Puyuhuapi, effectuons la réservation et, après cela, retournons vers le parc. Les horaires d’ouverture sont plutôt restreints, de 9h à 16h30. Mais, selon les informations dont nous disposons, la randonnée vers le mirador dure deux heures. Nous prenons notre temps, déjeunons avec vue sur le fjord et franchissons la barrière d’entrée à 13h30 pétantes.
Un garde-parc nous interpelle alors, en nous demandant quelle randonnée nous souhaitons effectuer et nous empêche de poursuivre. Devant notre surprise, il nous informe que le sentier vers le « Mirador Ventisquero Colgante » n’est plus accessible à partir de 13h30. En effet, la durée de la marche (3 heures selon lui) ne permet pas d’être ressorti du parc avant la fermeture. Abasourdis, décontenancés, nous tentons de négocier, mais l’homme se montre inflexible.
Nous n’avons pas le choix, il nous faudra revenir le lendemain. Nous devons par conséquent retourner une nouvelle fois à Puyuhuapi afin de réserver l’entrée du parc pour le jour suivant !
Ces règles strictes, en particulier au sujet de l’accès à la nature, nous semblent absurdes. Comme nous le présentions à juste titre en préparant ce périple en Patagonie, cela oblige parfois à prévoir son itinéraire plusieurs jours à l’avance. Ce qui ne correspond pas à notre manière de voyager…
Informations pratiques parc national Queulat
Il est obligatoire de réserver en amont son entrée sur le site internet des parcs nationaux : aspticket.cl
Horaires d’ouverture : 9h – 16h30.
Le parc est fermé le lundi.
Le sentier le plus intéressant du parc, vers le « Mirador Ventisquero Colgante » est inaccessible à partir de 13h30.
Tarif : 9000 pesos par personne.
Plus d’informations que le site des parcs nationaux chiliens : CONAF.
Le parc Queulat semble constituer une étape indispensable d’un périple en Patagonie. De notre côté, le paysage nous a plutôt déçus. La vue à contre-jour, la foule et les péripéties pour réussir à entrer dans le parc ont fortement modéré notre enthousiasme.
Cascade Padre Garcia
Toutefois, avant de regagner Puyuhuapi pour une après-midi tranquille au bord de l’eau, nous poursuivons la route australe. Une vingtaine de kilomètres plus loin se trouve la cascade « Padre Garcia ». Cette portion est dans un état déplorable. Heureusement, des travaux sont en cours et un ruban d’asphalte devrait bientôt recouvrir les graviers et profondes ornières actuels.
La chute d’eau est facilement accessible et s’avère finalement être une jolie découverte. Elle apparaît au milieu d’une végétation luxuriante et se jette, d’une trentaine de mètres de haut, dans un bassin couleur émeraude.
De retour à Puyuhuapi pour la énième fois de la journée, nous trouvons un agréable endroit pour passer l’après-midi et la nuit, à proximité du petit port. Nous sommes légèrement à l’écart de la petite ville, à l’extrémité du fjord et, cerise sur le gâteau, une rivière nous permet de bénéficier d’une source d’eau douce.
Puyuhuapi fait partie de ces localités, comme tant d’autres dans la région, fondées par des familles allemandes, du début du 19eme siècle jusqu’aux années 1950. La maison des premiers colons est d’ailleurs visible, bien que délabrée, en bordure du fjord.
Dans la soirée, alors que le soleil disparaît derrière les collines environnantes, des animaux marins, peut être des lions de mer, viennent s’amuser, à bonne distance du rivage.
Parc national Queulat
Le lendemain, nous pouvons enfin pénétrer dans le parc Queulat et randonner vers le mirador Ventisquero Colgante (6,6 kilomètres aller-retour). Une nouvelle fois, le beau temps est de la partie et le point de vue risque d’être à contre-jour.
La marche s’effectue dans une forêt humide, luxuriante, à l’ombre de hauts arbres centenaires, tels les manios et les coihues, aux troncs couverts de mousse. Seuls quelques rais de lumière parviennent à franchir la végétation.
Alors qu’il n’a pas plu depuis des jours, le sentier est humide et certaines pierres et racines sont glissantes. Le premier kilomètre est en montée, puis le chemin s’aplanit durant le second, avant de se gagner du dénivelé dans la dernière partie.
En atteignant le mirador, après une heure de marche, nos craintes se confirment, le soleil est en face de nous et nous éblouit. La vue n’en reste pas moins spectaculaire. Le glacier suspendu Queulat s’avance au bord d’une éminente falaise et ses eaux de fonte se jettent de toute la hauteur dans la vallée en contrebas.
Bien que situés à bonne distance, nous ressentons toute l’intensité de la cascade qui dévale la montagne avant d’alimenter un magnifique lac vert sur notre droite.
Au mirador, la foule est encore modérée mais, pendant que nous redescendons, nous croisons de nombreuses familles et groupes de visiteurs.
De retour à notre point de départ, nous poursuivons par une courte marche, une vingtaine de minutes aller-retour, vers le lac de Los Tempanos. Alimenté par les eaux du glacier, il donne ensuite naissance à une rivière dont les eaux de jade cascadent, dévalent entre de clairs blocs rocheux.
Après un pique-nique dans l’enceinte du parc, nous retrouvons la route australe et la suivons vers le sud.
Itinéraire de La Junta à Villa Manihuales
Deux jours. Dont une journée “perdue” à cause des péripéties pour obtenir nos entrées pour le parc Queulat. Sans cela, il est possible d’effectuer le trajet et découvrir le parc Queulat en une journée bien remplie.
200 kilomètres. 4 heures de route.
Route asphaltée entre La Junta et Puyuhuapi.
Entre Puyuhuapi et Villa Manihuales, il s’agit en partie d’une route non asphaltée avec passage d’un col. Cependant, des travaux de bitumage étaient réalisés lors de notre passage. Peu à peu, les portions de piste vont se réduire.
Découverte du parc Queulat. Randonnées vers le mirador Ventisquero Colgante (2h) et le lac de los Tempanos (20 minutes).
Camping sauvage à Puyuhuapi, en bordure du fjord. Prendre la route qui conduit aux antennes de télécommunication (en venant du nord, à droite juste avant le pont).
Rivière à proximité. Tranquille tout en étant en lisière de la petite ville (commerces accessibles à pied). Très belle vue.
Camping sauvage rivière Manihuales (à proximité de la localité de Villa Manihuales) : en venant du nord, 8 kilomètres avant Villa Manihuales, tourner à droite en suivant l’indication “pasarela El Turbio”. Puis, à droite après le pont. La piste (accessible en van et voiture) longe la rivière, offrant plusieurs emplacements de camping sauvage sur les rives.
A environ 1 kilomètre du pont, il est possible de s’installer le long du cours d’eau, en étant à distance de la piste (très peu fréquentée). Coin tranquille (nous étions seuls) et paisible. Joli paysage. Possibilité de se baigner dans la rivière.
Trajet vers Villa Manihuales
Les vingt-cinq premiers kilomètres s’effectuent alors sur une piste gravillonnée peu agréable. D’autant plus que la route s’élève fortement. Ainsi, trente-trois virages et lacets en épingle à cheveux, balafrés par de profondes ornières, conduisent à un col. La conduite n’est alors pas une partie de plaisir. Cependant, ce n’est rien comparé à la souffrance des cyclistes que nous doublons.
La récompense est cependant à la hauteur des efforts consentis, le panorama est à couper le souffle. Nous sommes entourés de parois verticales et de pics acérés dont les sommets accueillent des glaciers qui surplombent de vertes forêts.
Alors que nous basculons de l’autre côté, dans la vallée suivante, nous sommes momentanément bloqués par des travaux. Peu à peu, la chaussée se trouve asphaltée et bientôt un ruban de goudron remplacera la piste poussiéreuse.
La suite du voyage est plus paisible, facile. Nous traversons des paysages patagons typiques. Inhabités, couverts d’arbres à l’infini, parsemés de montagnes menaçantes chapeautées par des glaciers étincelants, traversés par des rivières tumultueuses à la couleur laiteuse ou turquoise, interrompus par des lacs de toutes tailles et formes.
Nous n’allons pas plus loin que Villa Manihuales et avons mis 3 heures, avec quelques arrêts en chemin, pour 130 kilomètres.
Pour passer la nuit au calme, nous bifurquons, 8 kilomètres avant d’atteindre la ville, vers la passerelle “El Turbio”. Les rives de la rivière Manihuales offrent de merveilleux emplacements, paisibles, avec une magnifique vue et un accès direct à de l’eau douce. Ce soir, la douche sera prise directement dans le cours d’eau, dont la fraîcheur sera bien agréable.
Informations pratiques
Parc national Queulat : 9000 pesos par personne. Ouvert de 9h à 16h30 (13h30 pour le sentier « Mirador Ventisquero Colgante ») sauf le lundi. Réservation obligatoire de l’entrée sur le site internet aspticket.cl.
Randonnée vers le « Mirador Ventisquero Colgante » : 3,3 kilomètres aller (même chemin au retour) et 300 mètres de dénivelé positif. 2 heures aller-retour sans compter les arrêts. A contre-jour le matin.
Camping sauvage Puyuhuapi : en bordure de fjord. Prendre la route qui conduit aux antennes de télécommunication. Rivière à proximité. Tranquille.
Camping sauvage rivière Manihuales (8 kilomètres avant Villa Manihuales) : tourner à droite en suivant l’indication “pasarela El Turbio”. Puis, à droite après le pont. Plusieurs emplacements de camping sauvage sur les rives. Coin tranquille et paisible. Joli paysage. Possibilité de se baigner dans la rivière.
