Nuit en refuge, un beau coucher de Soleil et une randonnée à flanc de montagne.

La laguna 69 fait partie des incontournables d’un séjour dans la Cordillère Blanche. Dans ce carnet de voyage, nous allons découvrir ce magnifique lac par nos propres moyens en effectuant deux jours de randonnée. Les paysages traversés sont absolument sublimes et, cerise sur le gâteau, nous profitons seuls du cadre idyllique, loin de l’affluence des excursions organisées. Toutes les informations pratiques sont à retrouver dans l’article !

Randonnée dans la Cordillère Blanche

En route vers Cebollapampa, point de départ du trek

6 heures. Le réveil sonne. Nous préparons les sacs à dos pour les deux jours à venir.
Au programme, une marche vers la célèbre laguna 69, mais différemment du circuit effectué par la quasi-totalité des touristes qui s’y rendent !

Ainsi, nous effectuerons une randonnée de deux jours, en passant la nuit au refuge Peru, situé en contrebas du Nevado Pisco. Nous partirons donc de Cebollapampa (3900 mètres d’altitude), point de départ du sentier classique, avant de bifurquer vers le refuge (4675 mètres). Ensuite, le lendemain, nous emprunterons un sentier à flanc de montagne pour passer un col à 5000 mètres d’altitude avant de descendre vers la laguna 69 (4400 mètres). Puis, nous bouclerons la randonnée en retournant à Cebollapampa.


Comment se rendre à la laguna 69 ?

Sur une journée. Randonnée de 14 kilomètres aller-retour et 750 mètres de dénivelé. Comptez entre 2h et 3h de marche pour atteindre le lac si vous êtes acclimatés. Jusqu’à 4 heures deffort soutenu (le chemin est raide sur la fin) si vous n’êtes pas suffisamment acclimatés. Puis, entre 1h30 et 2h de descente.

Depuis Huaraz, par l’intermédiaire d’une excursion organisée. Globalement, toutes les agences de la ville proposent ce service. En règle générale, le départ de Huaraz est prévu 5h30. Pour une arrivée à Cebollapampa (point de départ de la randonnée) vers 9h, après une pause petit-déjeuner en chemin. Pour le retour, départ des bus de Cebollapampa entre 15h et 15h30. Retour à Huaraz entre 18h et 19h. Tarif : entre 50 et 60 soles par personne.

Sur deux jours. Randonnée de 4,5 kilomètres (775 mètres de dénivelé positif) le premier jour jusqu’au refuge Pisco. Le deuxième jour, 4,5 kilomètres jusqu’au lac 69, puis 7 kilomètres (en descente) jusqu’à Cebollapampa.

Pour rejoindre Cebollapampa il existe deux options. Par les transports locaux. Se rendre (ou dormir) à Yungay, puis prendre au petit matin (vers 7h, départ de la gare routière de la petite ville) un minibus en direction de Yanama. Descendre en chemin à Cebollapampa (les conducteurs connaissent). Au retour, faire du stop auprès des rares véhicules qui empruntent la piste entre Yanama et Yungay ou demander (option plus sûre) auprès des bus touristiques stationnés (départ entre 15h et 15h30).

Une deuxième option moins téméraire consiste à réserver (uniquement) le trajet auprès des agences touristiques de Huaraz. Vous prenez le bus/minibus d’une compagnie le premier jour (départ de Huaraz vers 5h30, arrivée à Cebollapampa à 9h) et repartez le jour suivant avec le bus/minibus de la même compagnie (départ de Cebollapampa entre 15h et 15h30, retour à Huaraz à 18-19h). Toutes les agences acceptent à l’exception des jours où les véhicules sont complets. Tarif : 40 soles par personne (20 soles par trajet).


Pour commencer la journée, direction le marché de Yungay. Comme sur les autres marchés de la région on y trouve de tout ! C’est à dire que les produits proposés vont de l’alimentaire à l’hygiène et la beauté, en passant par des jouets et des outils agricoles.
Pour notre part, nous achetons des « sandwiches », des fruits, des gâteaux et de quoi grignoter dans la journée. Il est à noter que les sandwiches, un petit pain rond garni d’un œuf, de morceaux de fromage, de poulet ou d’un avocat, sont mangés au petit déjeuner par les péruviens.

Nous nous rendons ensuite à la gare routière. Quelques conducteurs de minibus et taxis collectifs nous alpaguent. Nous trouvons rapidement le véhicule qui effectue le trajet vers la ville de Yanama, en traversant la Cordillère Blanche. Il faut reconnaître que nous sommes déjà venus quelques jours auparavant pour rejoindre le col de Portachuelo (vous pouvez retrouver l’article : Col de Portachuelo et lacs de Llanganuco).

Nous négocions rapidement le prix du trajet, indiquons au conducteur que nous descendrons en chemin, à Cebollapampa, puis … nous attendons. Le minibus part quand il est plein, ce qui n’est pas le cas pour le moment !


Comment se rendre au départ de la randonnée vers la laguna 69 ?

Depuis la gare routière de Yungay (le long de la route “3N”, à l’angle avec la rue “Rio Santa”), un ou deux minibus effectuent quotidiennement le trajet vers Yanama, de l’autre côté de la Cordillère Blanche. Ils passent par Cebollampampa (point de départ de la randonnée vers le lac 69) et le col de Portachuelo. Le véhicule part le matin dès qu’il est plein. Il est donc conseillé de venir tôt (avant 8 heures) et d’être patient.

70 kilomètres et 3 heures de trajet sur une piste non asphaltée entre Yungay et Yanama. 1 heure et demi pour atteindre Cebollapampa.

Tarif : 20 soles par personne.


Quelques péruviens sont déjà assis dans l’habitacle, des agriculteurs venus vendre leur production au marché, des commerçants de Yanama venus s’approvisionner, une femme et ses deux enfants qui ont rendu visite à des membres de leur famille…

Peu à peu, le véhicule se remplit et nous pouvons démarrer. Mais un des passagers est parti faire un tour, laissant ses affaires dans le minibus ! Après avoir tourné dans les rues de la ville nous le retrouvons et nous partons enfin.

A peine avons-nous parcouru quelques centaines de mètres que la route n’est plus asphaltée. Rapidement, la piste serpente et nous prenons de l’altitude. Nous traversons plusieurs villages et hameaux. Quelques maisons, une église, des champs aux alentours, des animaux. Régulièrement des chiens s’amusent à courir après les véhicules en aboyant. Les maisons, construites en briques de terre, ont quelquefois la façade peinte, souvent ornées de graffitis appelant à voter pour tel ou tel candidat lors d’élections diverses et variées (par exemple les municipales, provinciales ou présidentielles…).

Nous entrons maintenant au sein du parc national Huascaran. Un garde vérifie que nous sommes bien en possession du ticket d’entrée. Dans le cas contraire, il est possible de l’acheter sur place.

Lacs de Llanganuco

Informations pratiques accès parc national Huascaran

L’accès au parc national Huascaran, qui englobe la quasi-totalité de la Cordillère Blanche, est payant. Le droit d’entrée varie en fonction du nombre de jours que l’on souhaite passer dans le parc.
Pour une journée : 30 soles par personne
De 2 à 3 jours : 60 soles
Jusqu’à 30 jours : 150 soles

Un billet 3 jours est suffisant pour randonner vers le lac Churup, le glacier Pastoruri et la laguna 69.
Pour des treks (Santa Cruz…) ou si vous souhaitez sortir des sentiers battus (laguna 69 sur deux jours, quebrada Ishinca, col de Portachuelo…) un billet valable 30 jours est nécessaire.
Petite particularité, la laguna Paron est intégrée au parc national mais fait l’objet d’un droit d’entrée indépendant.

Le droit d’entrée s’achète soit au bureau de la SERNANP à Huaraz (“555 Jiron Federico Sal y Rosas”, ouvert tous les jours sauf le dimanche de 9h à 17h30) ou directement aux différentes entrées du parc. Si vous voyagez en transport local, le conducteur s’arrête pour que vous puissiez acheter les billets.


Nous entrons alors dans la quebrada (vallée) de Llanganuco. Le premier lac, turquoise, se dévoile devant nous. Puis le second. Encore quelques minutes de route et le conducteur nous dépose à Cebollapampa. Il est à peine plus de 9 heures. Des bus, amenant les touristes depuis Huaraz, sont déjà sur place. La file des randonneurs s’égrène dans le fond de la vallée qui conduit au pied du majestueux Chacraraju.

Randonnée vers le refuge Peru

Pour notre part, dès le début de la marche, nous bifurquons à gauche et traversons un ruisseau agité sur quelques planches de bois. Avant d’emprunter le sentier qui mène au refuge Peru.

Alors que le chemin principal vers la laguna 69 longe le cours d’eau, nous attaquons la montagne ! 800 mètres de dénivelé nous attendent.

Pas si simple alors que nous sommes déjà à près de 4000 mètres d’altitude et que notre acclimatation n’est pas encore optimale.

Vers le refuge Pisco

Le paysage est absolument magnifique. Nous sommes entourés de sommets frôlant ou dépassant les 6000 mètres d’altitude. Devant nous, le Pisco et le Huandoy, vers lesquels nous nous dirigeons. Derrière, le Chopicalqui et le Huascaran, plus haut sommet du pays. Durant cette randonnée nous croiserons uniquement 3 personnes, un couple d’allemands venus gravir le Pisco et un péruvien et ses ânes, chargés de ravitailler le refuge.

Au début de la randonnée nous longeons un torrent, il s’agira du seul endroit où nous pourrons nous ravitailler en eau.

Le chemin grimpe, de manière régulière mais continue. Nous atteignons alors un plateau parsemé de multiples touffes d’ichu et de quelques arbustes. En réalité, c’est un agréable répit pour nos jambes.

La pointe des montagnes dépasse à peine la paroi rocheuse face à nous. La suite du sentier apparaît, il s’élève sur les flancs de cette dernière.

Pause déjeuner dans ce décor extraordinaire. La température est douce, le Soleil nous réchauffe. Puis nous reprenons la route. Le refuge se dévoile enfin, construit au pied d’une moraine, à 4675 mètres d’altitude (c’est écrit dessus !). Il est dominé par l’impressionnante face du Huandoy. La glace qui couvre ses flancs étincelle. Encore quelques efforts et nous y sommes.

Refuge Pisco

Nuit en refuge

Le reste de l’après-midi est consacré au repos, à la contemplation de cet environnement de très haute montagne qui nous fascine et à la lecture de revues consacrées à l’alpinisme (le refuge en possède une jolie collection !). Ce refuge, bâti par l’ONG italienne Mato Grosso (comme les autres refuges de la Cordillère), est aussi confortable que les meilleurs refuges des Alpes. Chauffage dans les dortoirs, douche chaude, décoration au top, personnel sympathique. En matière de confort, rien ne manque.


Informations pratiques refuges Cordillère Blanche

L’ONG italienne Mato Grosso a construit et gère 4 refuges dans la Cordillère Blanche.
Destinés à accueillir les alpinistes qui effectuent des ascensions dans les environs, ils sont également ouverts aux randonneurs.
Refuge Huascaran. Pour gravir le plus haut sommet du Pérou.
Refuge Ishinca. Situé au bout de la vallée éponyme. Randonnées et ascension du Tocllaraju. 4 heures de marche depuis Collon.
Refuge Peru. Au pied du Pisco. Sur le chemin de la laguna 69 en deux jours. 3 heures à 3 heures et demie de marche depuis Cebollapampa
Refuge Contrahierba. Pour découvrir la vallée de Cunchuco. 2 heures et demie de marche depuis la petite ville de Yanama.

Les refuges sont ouverts du 1er mai au 30 septembre (à l’exception du refuge Huascaran, ouvert du 1er juin au 30 août).

Tarifs : 150 soles par personne en demi-pension (dîner, nuit, petit-déjeuner). Le tarif était de 100 soles en 2019 lors de notre voyage.
100 soles pour la nuit et le petit-déjeuner.
50 soles pour la nuit.

Il est recommandé de les contacter avant de débuter la randonnée pour s’assurer de l’ouverture et de la disponibilité du refuge. Toutes les informations sur leur site : Refuges Andins


En début de soirée nous sortons pour assister au spectacle du coucher de Soleil. Un nuage, coiffant idéalement le sommet du Chopicalqui, s’illumine. C’est magnifique. Cependant, la température a bien baissé, nous rentrons vite au chaud !

Plus tard, nous ressortons pour admirer la voie Lactée. L’air est pur, il n’y a aucune pollution visuelle. Des milliers d’étoiles brillent au-dessus de nos têtes.

Le classique dîner en refuge – soupe, plat consistant et dessert – nous permet de récupérer de nos efforts du jour et de préparer ceux du lendemain.
Ce soir, nous sommes une douzaine de personnes à dormir là, pour une capacité de 70 lits. En septembre la saison de l’alpinisme touche à sa fin dans les Andes péruviennes,. Il faut souligner que le temps devient plus instable. Le refuge ferme d’ailleurs à la fin du mois.

La nuit est relativement paisible, même si dormir à une altitude voisine de celle du sommet du Mont Blanc n’est pas le plus reposant. Le sac de couchage, que nous avons emporté avec nous, n’est pas nécessaire. Les dortoirs sont bien chauffés.

Au petit matin (5h40), nous avalons un bon petit-déjeuner et quittons le refuge alors que le Soleil fait son apparition au-dessus des montagnes.

Trek vers la laguna 69

Nous partons pour quelques heures de marche afin de rejoindre la laguna 69.

L’environnement est tout aussi somptueux que la veille. Le Soleil se lève petit à petit, éclairant les sommets, puis le flanc des montagnes avant de réchauffer la vallée.

Le sentier à lui seul vaut le détour. Au programme, petit lac glaciaire encore gelé, marche dans des pierriers, traversée à flanc de montagne, passage d’un col à 5000 mètres et descente vers la laguna 69.

Le chemin n’est pas toujours évident à suivre dans le pierrier. Ensuite, pas de problème, le tracé est bien visible.

Un petit passage, à flanc de montagne, est un peu délicat. La suite ne pose pas de problème, à l’exclusion de l’effort lié à la marche en altitude !

Des sommets parmi les plus emblématiques de la Cordillère Blanche s’élèvent tout autour de nous. La plupart dépassent les 6000 mètres d’altitude.

D’un côté, le Pisco et le Huandoy. De l’autre, le Chopicalqui et le Huascaran (le plus haut sommet du pays)… La douce lumière matinale renforce encore la beauté du paysage.

Nous atteignons alors le col. A partir de maintenant, le chemin ne fait que descendre. Rapidement nous arrivons en vue de la laguna 69. Devant nous et au-dessus du lac se dresse l’impressionnante et splendide face du Chacraraju.

Il est 10 heures et nous sommes seuls au bord de la laguna 69.

Laguna 69

Nous en profitons une heure avant que les premiers touristes venant de Huaraz en excursion organisée ne l’atteignent. Il est alors temps pour nous de repartir et de poursuivre notre chemin.

Nous empruntons alors le sentier classique d’accès au lac. Au fil de la descente nous croisons de nombreuses personnes qui s’y rendent. Une fois de plus, la vallée dans laquelle passe le sentier est magnifique.

Nous sommes surplombés par des sommets enneigés à plus de 6000 mètres. Une cascade dévale les parois rocheuses. Enfin, de nombreuses touffes d’ichu (« l’herbe des Andes »), quelques arbustes et des lupins en fleurs apportent une touche végétale à ce paysage.

Nous pique-niquons de sandwiches achetés au refuge au bord d’un petit lac, avant de finir la randonnée en suivant un petit ruisseau.

Cebollapampa. Retour au point de départ. Mais nous ne sommes pas rentrés pour autant. Il nous faut encore trouver un véhicule pour rejoindre Yungay.

Retour à Carhuaz

Nous ne sommes cependant pas vraiment inquiets. Quelques rares véhicules locaux empruntent cette piste mais une dizaine de bus et minibus touristiques vont repartir en fin d’après-midi en direction de Huaraz. Nous monterons dans l’un d’eux si nous n’avons trouvé aucun autre transport d’ici là ! Pour le moment, nous décidons de marcher vers les lagunas de Llanganuco. Quitte à attendre deux ou trois heures un véhicule autant que ce soit dans un cadre magnifique.

Nous n’aurons pas le temps d’atteindre les lacs. Toutefois, ce n’est pas très important. Nous les avions découverts quelques jours auparavant. Nous croisons une voiture qui accepte de nous prendre en stop.

Un péruvien d’un certain âge et sa femme, bien plus jeune, en balade dans le coin. Rencontre assez incongrue avec ce couple qui profite d’une demi-journée de repos pour faire du tourisme. Mais, nous passons un bon moment avec ces péruviens heureux de prendre en stop des français. Il faut reconnaître que Paris et la tour Eiffel ont une notoriété et un attrait international !

Après une heure et demie de piste, nous sommes de retour à Yungay. Nous récupérons ensuite le reste de nos affaires dans l’hôtel où nous les avions laissées, l’hostal Las Rosas. Puis, nous prenons le temps de manger une glace sur la place principale (plaza de armas) de la ville. A 1 sole la glace “fait maison” au goût plus ou moins chimique (estomacs fragiles attention !) il serait dommage de se priver. Dans cette vallée péruvienne entre 2300 et 3000 mètres d’altitude, le Soleil tape et les températures montent dans l’après-midi. Par conséquent, manger une glace au sortir de l’école ou du bureau est très courant.

Enfin, nous retournons sur la route principale et hélons rapidement un minibus qui nous conduit dans la ville de Carhuaz. Nous passons la nuit dans notre « camp de base », l’hôtel Karhuash. Pour le dîner, direction la pizzeria Cesar el Argentino, gérée, comme son nom l’indique, par un argentin.


Informations pratiques

Minibus Yungay – Cebollapampa : 1h30 de trajet. 20 soles
Refuge Peru. Coût (en 2023) de la nuit en demi-pension : 150 soles
Hostal Karhuash (Carhuaz) : chambre matrimoniale avec salle de bain privée 50 soles


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