En route vers le sud de la Bolivie. Les blocages et manifestations s’intensifient.

Cet article détaille notre trajet entre Sucre et la ville de Tupiza, dans le sud du pays. Nous voulions visiter les bâtiments et musées de Potosi en chemin. Les blocages et manifestations à la suite de l’élection présidentielle en ont décidé autrement. Les photographies de l’article reprennent celles de Potosi déjà publiées dans l’épisode “Potosi, superbe ville coloniale“.

Trajet de Sucre à Potosi

Le lendemain, nous décidons de reprendre notre périple vers Tupiza, au sud du pays. Les excursions pour la région du Sud Lipez partent de cette petite ville et, élément important dans le contexte agité actuel, le Chili et l’Argentine (des “portes de sortie” possibles) sont à seulement quelques heures de route.

La première étape consiste à rallier Potosi. Ce qui s’avère extrêmement simple en temps normal. Mais, se complique fortement lorsque la circulation des véhicules est entravée.

Centre de Potosi

Les rumeurs de la veille étaient exactes, les rues commencent à être bloquées. Il s’agit presque d’un sport national en Bolivie et au Pérou. Lorsque des citoyens ont des revendications, ils bloquent les grands axes routiers ou les routes permettant d’entrer et sortir des villes. Cela est probablement plus efficace que les grèves ou les manifestations ! De manière assez surprenante, les locaux acceptent sans rechigner (et peuvent donc se retrouver bloqués pendant des jours) ces blocages, même lorsqu’ils ne soutiennent pas les revendications…

Oublions le bus, il ne pourra probablement pas sortir de la ville. Nous tentons le taxi collectif. Ceux pour Potosi stationnent à côté du terminal de bus, rue Ignacio Ceballos. Après quelques minutes d’attente, deux autres passagers font leur apparition, nous pouvons partir.
Le chauffeur passe quelques appels téléphoniques à d’autres chauffeurs et arrive à trouver une route non bloquée pour nous faire sortir de la ville.

Le trajet, identique à celui effectué pour venir quelques jours plus tôt, est vite avalé. Le véhicule est neuf, le conducteur a une conduite très sportive sur cette route de montagne, nous arrivons en vue de Potosi. Et n’allons pas plus loin…

Un groupe de manifestants bloque la circulation et une corde tendue entre deux poteaux électriques empêche tout passage. Notre conducteur n’insiste pas, fait demi-tour et tente de se rapprocher du centre-ville par des chemins détournés. Nous roulons sur une piste défoncée, au milieu d’habitations qui s’étagent sur les contreforts des montagnes environnantes.

Son entreprise n’est pas totalement couronnée de succès. Nous finissons par arriver devant de nouveaux blocages, mais nous sommes plus proches du centre. Heureusement, cela fait plusieurs semaines que nous sommes dans les Andes. Une demi-heure de marche, chargés avec nos sacs, à 4000 mètres d’altitude, sous un Soleil accablant, ne nous effraye pas ! Par contre, notre projet de rejoindre Tupiza par la suite se complexifie.

De retour à Potosi

Après avoir traversé, sans encombre, quelques barrages, nous rejoignons l’hôtel “La Casona”. Nous sommes les seuls touristes et retrouvons la spacieuse et agréable chambre que nous occupions quelques jours plus tôt.

Nous profitons de l’après-midi pour nous reposer et arpenter, une nouvelle fois, le centre et ses somptueux édifices. Malheureusement, à cause des manifestations, tous les bâtiments historiques sont fermés.

Nous tentons d’obtenir des renseignements concernant l’évolution des blocages. Les nouvelles sont mauvaises. Des affrontements entre manifestants et policiers éclatent dans plusieurs villes du pays. La situation semble se dégrader… Deux éléments sont cependant positifs. L’extrême sud du pays (Tupiza, Tarija) est, pour le moment, paisible. Et les blocages à Potosi s’interrompent pendant la nuit et en début de matinée. Nous tenterons de quitter la ville le lendemain au petit matin.

Pour l’heure, nous effectuons quelques courses dans un supermarché. L’hôtel met une cuisine à disposition des clients. Nous n’aurons pas à sortir au milieu des manifestations pour dîner.

Vers la ville de Tupiza

Le lendemain, réveil aux aurores. A 6h30, nous sortons de l’hôtel et prenons un taxi en direction du terminal de bus. A cette heure matinale, les blocages sont levés.

Le terminal de bus, habituellement très animé, est totalement calme. Seules quelques compagnies proposent des trajets aujourd’hui et les passagers sont peu nombreux. Le premier bus pour Potosi est prévu à 8 heures. Il arrive en retard, nous partons à 8h30. Evidemment, les blocages ont fait leur retour…

Le conducteur tourne dans la ville. Rue à droite, rue à gauche, blocage, demi-tour… Il tente un autre itinéraire. Nouveau blocage… Une heure plus tard, nous sommes toujours à quelques centaines de mètres du point de départ… Il abandonne, retour à la case départ.

Deux solutions s’offrent à nous. Passer la journée à Potosi, puis essayer de partir de nuit ; les rumeurs évoquent des départs de bus à 22 ou 23 heures ! Ou passer à pied les barrages et blocages et tenter de trouver un véhicule une fois sortis de la ville.

Renseignements pris, la route entre Potosi et Tupiza n’est pas bloquée. Si nous arrivons à sortir de la ville, nous devrions trouver un véhicule qui pourra nous emmener à destination. Nous optons donc pour la seconde solution.

Place centrale de Potosi

Un taxi, nous permet de gagner quelques minutes de marche, en nous emmenant jusqu’au premier barrage. Il nous reste à marcher 2 kilomètres, en côte, toujours à 4000 mètres d’altitude. Nous traversons à pied plusieurs blocages.

Certains ne sont même pas gardés. Une simple corde empêche les véhicules de passer. Pourtant, personne n’ose s’insurger contre les barrages. Même si cela les empêche de gagner leur vie… Même s’ils soutiennent Evo Morales, comme la majorité des habitants de la ville…

A la sortie de la ville, le long de la route vers Tupiza, des dizaines de voitures et minibus stationnent et attendent de potentiels clients. En quelques minutes, nous embarquons dans un véhicule et nous éloignons de Potosi. Quelle aventure !

Le trajet s’effectue sans encombre, au milieu de paysages qui semblent tout droit sortis de l’ouest américain. C’est d’ailleurs dans la région que les hors la loi Butch Cassidy et Sundance Kid se sont réfugiés, avant de se donner la mort à proximité de Tupiza.

Nous traversons de vastes territoires désertiques, où quelques rares arbustes parviennent à pousser. Une rivière forme des méandres au fond d’un canyon. La terre a des teintes rougeâtres. Seuls quelques nuages parsèment le ciel, d’un bleu profond.


Informations pratiques

Taxi collectif Sucre – Potosi : 50 bol. par personne
Hôtel La Casona (Potosi), très belle chambre : 180 bol.
Taxi centre-ville Potosi – terminal de bus : 15 bol.
Bus Potosi – Tupiza : 30 bol. par personne (en temps normal)
Minibus Potosi – Tupiza : 80 bol par personne (“tarif ville bloquée”)


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