Premiers pas en Bolivie. Rapide passage par La Paz.

Dans cet article, nous arrivons en Bolivie et, après un rapide passage par La Paz, nous descendons vers la ville coloniale de Potosi. Un centre historique magnifique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO qui reste cependant peu fréquenté par les visiteurs de passage.

Ce séjour en Bolivie s’est déroulé pendant la période mouvementée de l’élection présidentielle. Contestant les résultats, une partie de la population est ainsi descendue dans la rue et, élément commun à toute revendication en Amérique du Sud, a mis en place des blocages de routes compliquant les déplacements. Cela nous a contraints à adapter notre itinéraire, puis à quitter le pays plus rapidement que prévu.

La première partie de cet article est consacrée à la ville de La Paz. Nous n’avons pas pris de photographies, pensant avoir l’occasion d’y revenir quelques jours plus tard. Les émeutes à la suite de l’élection présidentielle en ont décidé autrement…

Centre de Potosi

Trajet vers La Paz

Après un passage de frontière tendu (voir l’épisode “Lac Titicaca”), nous effectuons nos premiers pas en Bolivie. Cette partie de la ville de Desaguadero est encore plus animée et commerçante que le côté péruvien. Des dizaines de stands de vente de marchandises sont disposés sur les trottoirs et au milieu de la rue. Nourriture à emporter, pain, fruits et légumes, produits d’hygiène, cartes SIM, télévisions… On y trouve de tout, à des prix inférieurs à ceux pratiqués au Pérou à quelques mètres de là.

Au bout de la rue, de nombreux véhicules attendent de charger marchandises et passagers avant de partir aux quatre coins de la Bolivie. On nous indique les minibus qui se dirigent vers la Paz, notre prochaine destination. Le premier qui nous alpague semble sur le point de démarrer. Nous embarquons, le toit accueille nos sacs et nous partons.

En passant la frontière, nous avons également avancé d’une heure ! Il est donc 12h30, heure bolivienne.

Le trajet dure 3 heures, au milieu des vastes étendues désertiques et plates de l’Altiplano. Le minibus file à toute vitesse, sur une route asphaltée et rectiligne. Bien avant d’arriver à La Paz, nous atteignons sa banlieue, la ville d’El Alto. Cette dernière se développe de façon tentaculaire, alimentée par l’exode rural incessant des populations indigènes (principalement des Aymaras).

Peuplée d’un million d’habitants et perchée à plus de 4100 mètres d’altitude, il s’agit d’une des villes les plus hautes du monde.

La circulation devient de plus en plus dense. Les bâtiments des quartiers périphériques sont construits en briques rouges et peu semblent totalement terminés. Au détour d’un rond-point, nous apercevons l’aéroport de La Paz-El Alto. Un peu plus loin, nous découvrons les Cholets (contraction de “Cholo”, indigène et “Châlets”), extravagantes constructions bâties par la bourgeoisie commerçante aymara. Certains d’entre eux ont réussi à s’enrichir grâce au commerce et n’hésitent pas à le montrer ! Le contraste entre la pauvreté de la grande majorité des habitants d’El Alto et ces habitations qui valent plusieurs centaines de milliers de dollars est étonnant.

De nombreux passagers descendent du minibus, chargés de nombreux paquets de marchandises. Nous poursuivons, au milieu des embouteillages, jusqu’à arriver en vue de La Paz. La ville s’étend en contrebas, blottie au fond d’une cuvette. Le minibus se dirige vers le centre, avant de débarquer ses passagers au milieu de nulle part. Personne ne bronche, il doit s’agir du terminus.

Nous hélons un taxi qui nous conduit au terminal de bus, un joli bâtiment de structure métallique dessiné par Gustave Eiffel !
L’endroit est stratégique, les bus vers les principales villes du pays y partent et le centre ville de La Paz se situe à proximité. Nous cherchons un hôtel dans le quartier et jetons notre dévolu sur l’hostal Tambo de Oro.

Nous profitons de la fin d’après-midi pour découvrir la ville, retirer des bolivianos (la monnaie du pays), acheter une carte SIM bolivienne, avant de réfléchir à la suite du programme. Les élections présidentielles se déroulent dans deux jours. Nous préférons nous éloigner de la capitale et des potentielles agitations qui pourraient survenir.
Nous reviendrons (c’est du moins ce que nous pensions) après avoir visité le sud du pays.

Burger, pris dans une gargote à côté de l’hôtel, pour le dîner. Nuit paisible avec une jolie vue sur la gare routière. Et réveil de bonne heure pour prendre un bus vers Potosi.

En direction de Potosi

Problème, même à cette heure matinale, aucun bus ne part vers Potosi aujourd’hui. Le trajet dure huit heures et une interdiction de circulation (le jour de l’élection, qui débute néanmoins la veille dès 18 heures) fait peur à tout le monde ! Par conséquent, nous montons dans un bus qui part à Oruro. La ville se trouve sur le trajet, avec un peu de chance nous pourrons poursuivre directement. Au pire, nous resterons à Oruro jusqu’au lundi matin.

Le trajet se déroule sans encombre, sur une route asphaltée et rectiligne. Le bus n’est plus de première jeunesse, la différence de niveau de vie avec le Pérou est flagrante. Nous traversons l’Altiplano. Quelques villages et champs cultivés viennent agrémenter ce décor désertique. Dans le lointain, des collines apportent un peu de relief. Nous avons du mal à nous rendre compte que nous sommes à près de 4000 mètres d’altitude.

Midi, nous arrivons à la gare routière d’Oruro. Le dernier bus, de cette journée particulière, pour Potosi part dans une demi-heure. Nous achetons de quoi déjeuner et nous embarquons. Après une première partie, le long du lac Poopo, dans la continuité du trajet précédent, la route bifurque et le relief devient plus accidenté. Les étendues sont toujours aussi désertiques, mais que c’est beau !

Visite de la ville de Potosi

Encore quelques virages et nous arrivons en vue de Potosi. Il est 17h30, nous sommes dans les temps !

Nous prenons une chambre dans l’hôtel “La Casona”, situé dans un ancien bâtiment colonial de la fin du 18ème siècle (1792 indique le fronton au-dessus de la porte). Une verrière protège un grand patio occupant le centre de l’hôtel. Chambre immense, poutres au plafond, parquet au sol… Pour nous c’est le grand luxe.

La nuit tombe rapidement. Le froid également.
Nous allons diner au Cafe 4060, qui tire son nom de l’altitude à laquelle il se situe. C’est le lieu branché de la ville, nourriture internationale et plats typiques, tables occupées par des Potosinos (le nom des habitants) aisés. Il y a même du chauffage ! Lorsque nous commandons une Potosina, la bière locale, le serveur nous regarde avec effarement. La vente d’alcool est interdite à cause des élections du lendemain…

Place centrale de Potosi

Dimanche, jour du premier tour de l’élection présidentielle. En Bolivie, un candidat peut être élu président dès le premier tour s’il remporte la majorité absolue des suffrages ou s’il récolte plus de 40 % des voix avec 10 points d’avance sur le second. Les deux principaux candidats sont Evo Morales, président sortant, socialiste, d’origine amérindienne, soutenu par les boliviens des hauts plateaux et Carlos Mesa, journaliste et historien, libéral, diplômé d’une université espagnole et soutenu par les boliviens des plaines.

Pour l’instant, l’ambiance est bon enfant. Aucun véhicule ne circule, à l’exception de quelques voitures et motos de police qui patrouillent. Les gens se promènent dans les rues et vont voter, en famille ou entre amis. Les enfants s’amusent sur les places, font du vélo, mangent une glace…

Nous en profitons pour visiter la ville. Les musées, bâtiments publics et religieux sont fermés, mais pouvoir arpenter les rues et ruelles sans se soucier de la circulation est extrêmement agréable.

Potosi est surplombée par une montagne emblématique, le Cerro Rico, exploitée pour ses mines d’argent depuis l’époque coloniale espagnole. Son dessin figure même sur le drapeau bolivien.

Au 17ème siècle, grâce au minerai extrait par le travail forcé des indigènes, Potosi était une des plus importantes et prospères villes au monde. Le centre-ville (classé au patrimoine mondial de l’UNESCO) est constitué de somptueux palais, édifices religieux et administratifs datant de cette époque.

De belles façades baroques bordent la place principale (“place du 10 novembre”), celles de la mairie, de la préfecture, du théâtre Belen et de la cathédrale.

Nous déambulons dans les rues et ruelles dallées de la ville, à la découverte d’extraordinaires (mais souvent décrépis) bâtiments.

Demeures coloniales au charme suranné, ornées de balcons ouvragés en bois et en fer forgé.

Le magnifique Hôtel des monnaies (Casa de la moneda), plus grand édifice construit par les espagnols sur le continent américain. Ses balcons furent importés de Salamanque, en Espagne et le fronton et le pourtour de la porte sont l’œuvre de sculpteurs indiens !

Et une multitude d’édifices religieux, superbement taillés, “torre de la compania de Jesus”, couvents de San Francisco, de Santa Teresa et de la Merced, église San Lorenzo…

Le Cerro Rico est omniprésent. Dès que nous levons les yeux, il apparaît, dans le prolongement de la rue, au-dessus des constructions ou à travers l’arc de Cobija.

La coopérative minière vient nous rappeler que, même si les filons d’argent se sont taris, la montagne est toujours exploitée pour ses minerais, principalement de l’étain et du zinc.

D’intenses journées de travail sous terre, dans une atmosphère irrespirable, pour un salaire de misère et une espérance de vie qui ne dépasse guère les 40 ans…

Le centre historique n’est pas très étendu, une journée suffit pour que nous en profitions pleinement.

Nous avons eu un coup de cœur pour cette ville, boudée par les touristes. Nous y reviendrons dans quelques jours, après un détour par Sucre, pour visiter les musées et bâtiments aujourd’hui fermés.

Les élections se sont déroulées dans un climat serein. Le soir, le dépouillement commence. Les premiers résultats donnent Evo Morales en tête avec 45 % des voix, devant 38 % pour Carlos Mesa. Un second tour, prévu quelques semaines plus tard, est probable… Malheureusement, les événements vont se précipiter les jours suivants…


Informations pratiques

Minibus Desaguadero – La Paz : 20 bolivianos par personne
Hostal Tambo de Oro (La Paz), chambre matrimoniale : 140 bol.
Bus La Paz – Oruro : 25 bol. par personne
Bus Oruro – Potosi : 30 bol. par personne
Taxi gare routière Potosi – centre ville : 15 bol.
Hôtel La Casona (Potosi), très belle chambre : 180 bol.
Cafe 4060 (Potosi) : 120 bol. à deux


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