Une superbe ville. Mais des manifestations qui dégénèrent…

Dans cet article, nous partons à la découverte de la magnifique ville de Sucre. De superbes bâtiments coloniaux, un climat printanier toute l’année, une gastronomie de qualité et une ambiance tranquille… Tout est réuni pour rester plus longtemps que prévu.

Trajet vers la ville de Sucre

Le lendemain, nous partons pour Sucre. Nous prenons place dans le premier bus qui part pour la ville blanche. Les photos au-dessus du guichet présentent des véhicules en bon état, le bus s’avère plutôt délabré… Nous sommes un peu inquiets, nous empruntons une route sinueuse, en descente. Espérons que les freins tiennent !

Les paysages traversés sont désertiques. Seuls quelques arbustes arrivent à pousser le long des rares cours d’eau que nous traversons. Nous perdons rapidement de l’altitude, l’air se réchauffe.

Nous arrivons à Sucre, la capitale constitutionnelle du pays (La Paz étant la capitale administrative). La ville, située à 2800 mètres d’altitude bénéficie d’un climat printanier toute l’année. Du Soleil, des températures agréables dans la journée, de bons restaurants, une ambiance tranquille, “provinciale”, et un patrimoine architectural extraordinaire. La ville historique est d’ailleurs classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Nous prenons une chambre dans l’hostel “7 patas”; notre première auberge de jeunesse depuis notre arrivée à Lima, un mois et demi plus tôt. Nous avions jusqu’à présent privilégié les hébergements “locaux”. Chambres propres, patio avec transats, cuisine équipée, personnel sympathique, emplacement parfait. Précisément l’endroit où l’on reste plus longtemps qu’initialement prévu !

Il est l’heure de déjeuner. Nous n’hésitons pas et allons au restaurant de l’Alliance française, “la Taverne”, situé à deux pas de la place principale. Le menu pour le déjeuner (entrée, soupe, plat, dessert) est très bon, pour un prix modéré (60 bolivianos).

Ce jour-là, le plat, du boeuf stroganoff, était un vrai délice. Le restaurant propose également, pour le même prix, un plateau de fromages (locaux et français), avec charcuterie et pain à l’ail. Un verre de vin bolivien (consommé avec modération !) en accompagnement et nous sommes au paradis. D’autant plus que les quelques tables disposées dans une cour intérieure incitent à la flânerie. Nous reviendrons d’ailleurs le lendemain…

Pour le moment, partons à la découverte de Sucre. En nous dirigeant vers la place centrale nous remarquons que l’ambiance a bien changé. Le décompte des bulletins de l’élection présidentielle, publié en temps réel s’est brutalement interrompu pendant la nuit. L’opposition juge l’arrêt du dépouillement suspect et appelle à la mobilisation citoyenne. Appel entendu par quelques boliviens qui commencent à se regrouper et à manifester dans les rues.

Découverte du centre de Sucre

Cela ne nous empêche pas de déambuler dans les rues et ruelles tracées au cordeau à l’époque hispanique. De part et d’autre s’alignent de somptueux bâtiments datant des 17ème et 18ème siècles.

Leur revêtement blanc, lisse ou sculpté, étincelle au Soleil. Les façades sont ornées de balcons joliment ouvragés, en fer pour la plupart, en bois ou en pierre pour quelques-uns. Un ou deux niveaux pour la majorité, même si certains palais s’élèvent au-dessus de leurs voisins. Style Renaissance, néoclassique, baroque, il y en a pour tous les goûts.

Couvent San Felipe de Neri

Un édifice religieux, plus imposant que les autres constructions, n’est jamais loin. Quelques palmiers s’épanouissent sur une petite place.

Le centre, bien que plus étendu que celui de Potosi, se parcourt aisément à pied.

Cathédrale “Nuestra Senora de Guadalupe”, Casa de la libertad, hôpital de Santa Barbara, musée du Trésor, musée Colonial Charcas, couvent La Recoleta, université San François Xavier de Chuquisaca …, les bâtiments remarquables ne manquent pas.

Visite du couvent San Felipe de Neri

En fin d’après-midi, nous allons visiter le couvent de San Felipe de Neri. Ouvert jusqu’à 18 heures, l’endroit est parfait pour admirer le coucher de Soleil sur la ville de Sucre.

Le couvent et l’église attenante San Felipe de Neri, bâtis à la fin du 18ème siècle dans un style néo-classique, sont superbes. Pourtant, les visiteurs se comptent sur les doigts de la main.

Nous apprécions cette parenthèse hors du temps, d’autant plus qu’à l’extérieur les vociférations des manifestants s’intensifient.

En plus d’un magnifique patio intérieur entouré d’ouvertures en arc de cercle, l’édifice offre un immense toit-terrasse auquel il est possible d’accéder. D’en haut, la vue sur les toitures de la ville est magnifique. La blancheur immaculée des bâtiments contraste avec les tuiles orange qui les couvrent.

Le Soleil descend vers l’horizon. Quelques nuages se teintent en rose. Le lieu ferme, nous sortons.

Plusieurs rues sont bloquées à la circulation par des manifestants bien plus nombreux qu’en début d’après-midi.

Le dépouillement des bulletins a repris et, selon les derniers résultats publiés, Evo Morales possède 10 points de voix d’avance. Juste ce qu’il faut pour éviter un second tour et ainsi être réélu dès le premier. L’opposition s’empresse de crier au scandale et dénonce une fraude. Les partisans de Morales attribuent ce décompte presque miraculeux à la prise en compte du vote rural, bien plus favorable au président sortant.

Même si les manifestants semblent plutôt pacifiques, nous décidons de nous éloigner de la place principale pour dîner. Nous optons pour le Kaiseki Sushi, un restaurant japonais. Quelques contestataires ont allumé un feu au coin de la rue.

Le dîner se déroule sans incident, les sushis sont très bons. Au moment de régler l’addition, une odeur âcre s’infiltre dans la salle. Instantanément, nous ressentons des picotements, puis des brûlures, dans les yeux et la gorge. Du gaz lacrymogène !

Nous payons rapidement, la propriétaire du restaurant nous donne des serviettes imprégnées de vinaigre pour respirer et nous fuyons les lieux. La rue ressemble à un champ de bataille, les manifestants courent dans tous les sens, la fumée envahit l’espace… Nous nous éloignons et rentrons à l’hôtel le plus rapidement possible, tout en évitant les manifestants. Peu à peu, nous nous remettons de nos émotions, après une douche bienvenue.

Le lendemain matin, même si la tension est retombée, la plupart des lieux à visiter restent fermés. Après un passage chez le barbier, nous découvrons l’intéressant musée de la cathédrale.


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Découverte de l’église de la Merced et couvent La Recoleta

L’après-midi, l’église de la Merced est ouverte. Nous en profitons !
Bâtie au 16ème siècle, il s’agit d’un des plus vieux édifices de Sucre. A l’intérieur (plutôt délabré), des retables et peintures baroques et, en passant par une tour, un accès au toit. Vue imprenable sur le couvent San Felipe de Neri, situé juste en face, et le reste de la ville.

Vue sur les toits de Sucre

Puis, nous nous dirigeons vers le couvent La Recoleta, situé sur les hauteurs de la ville. En chemin, nous passons devant un curieux bâtiment hexagonal, le marché Santa Ana, du nom du quartier dans lequel il se situe. Au rez-de-chaussée des étals de fruits et légumes, de viande… Au premier étage, des stands de vente de nourriture et quelques tables et chaises. A chaque stand sa spécialité culinaire.

L’endroit est prisé des travailleurs locaux, qui y dégustent un plat pour quelques bolivianos (10 à 15 bolivianos). Pour un déjeuner hors des sentiers battus c’est ici qu’il faut venir !

Nous poursuivons dans la même rue (calle Iturricha) et découvrons le musée de l’art indigène. Les communautés Jalq’a et Tarabuco y présentent et vendent des textiles tissés à la main. Une tisserande est présente et tisse sous nos yeux, en utilisant un métier à tisser vertical. Le travail est extrêmement méticuleux. Certaines pièces de textile nécessitent plusieurs mois de labeur.

Le contraste entre les textiles des deux communautés est saisissant. Ceux des Tarabuco sont joyeux, colorés, symétriques et ordonnés, ils représentent la vie quotidienne (maisons, animaux, humains, végétation…). Les tissages Jalq’a reflètent le chaos d’un monde de ténèbres et de peurs, peuplé de créatures irréelles et sont réalisés en utilisant uniquement des couleurs noires et rouges.

Nous arrivons au mirador de la Recoleta. Le couvent est fermé, mais nous profitons de la jolie place et de la vue sur la ville. Avant de redescendre.
Après une journée calme, les manifestants commencent à se rassembler autour de la place principale. Nous dînons rapidement et rentrons à l’hôtel. Des rumeurs de blocage d’axes routiers commencent à se répandre, la mobilisation citoyenne semble prendre de l’ampleur.


Informations pratiques

Taxi centre-ville Potosi – terminal de bus : 15 bol.
Bus Potosi – Sucre : 25 bol. par personne
Hostel 7 patas (Sucre), chambre matrimoniale avec salle de bain : 120 bol. (105 bol. sans salle de bain)
Restaurant La Taverne (Sucre) : 60 bol. menu déjeuner (entrée, soupe, plat, dessert) / plateau de fromages 60 bol.
Couvent San Felipe Neri : 15 bol. par personne
Cathédrale et musée : 20 bol.
Eglise La Merced : 10 bol.


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