Des dessins au milieu du désert. Une main, un arbre et une émouvante famille.
Dans cet article, après plusieurs semaines en altitude, nous retrouvons la côte Pacifique. Nous découvrons les lignes de Nazca, mystérieux géoglyphes tracés sur le sol, depuis les miradors surélevés qui bordent la route panaméricaine.
Trajet d’Arequipa à Nazca
Après avoir passé quelques jours dans le canyon de Colca (vous pouvez retrouver l’article : Trek dans le canyon de Colca), notre périple de trois mois dans les Andes touche à sa fin.
Nous allons définitivement quitter les montagnes et les hauts plateaux d’altitude pour rejoindre la côte Pacifique, puis la ville de Lima. Sur la route, nous visitons la région de Nazca, Pisco mais également la péninsule de Paracas. Des villes et des paysages qui nous paraîtront cependant fades en comparaison des somptueux endroits découverts précédemment…
Le trajet entre Arequipa et Nazca dure une douzaine d’heures en bus. La majorité des compagnies effectuent donc l’itinéraire de nuit, ce qui ne nous enchante pas. Nous décidons alors de fractionner la route, en effectuant une halte et en passant la nuit à Camana, ville située à quatre heures de bus d’Arequipa.
Bien que nous descendions de plus de 2300 mètres d’altitude jusqu’au niveau de la mer, le bus n’emprunte pas un sinueux itinéraire montagneux. La route, souvent rectiligne, traverse de vastes étendues désertiques bordées par des collines pelées.
Rien ne semble pouvoir pousser dans une région où il ne pleut pas pendant dix mois de l’année. Seule la présence de rares cours d’eau a permis le développement de quelques localités et la culture de champs. Insolites étendues vertes au milieu d’un désert de sable et de roche.
Ville de Camana
La température se réchauffe, puis nous apercevons l’océan dans le lointain. Encore quelques kilomètres et nous rejoignons la route panaméricaine. Peu de temps après, nous pénétrons dans Camana. Ici, chaque compagnie de bus a son propre terminal, le nôtre nous dépose dans celui de la compagnie Flores, situé proche du centre-ville. Sans tarder, nous en profitons pour réserver un billet pour Nazca, notre prochaine étape, pour le lendemain.
Nous parcourons ensuite les rues adjacentes à la recherche d’un hôtel. L’atmosphère de cette ville littorale est très différente de l’ambiance, dans laquelle nous étions plongés pendant deux mois et demi, des villes situées en altitude. Climat chaud et humide, fleurs tropicales, bananiers et palmiers sur les places publiques et dans les jardins, moustiques le soir, casino et salles de jeu…
De même, la nourriture change totalement. Ici, les produits de la mer sont rois. Crevettes, poissons, oursins figurent au menu des restaurants et sur les étals des marchés.
A quelques kilomètres se trouve la station balnéaire avec ses longues plages de sable, ses hôtels et ses résidences de tourisme. Cependant, nous n’aurons pas l’occasion de nous y rendre.
Nous prenons finalement une chambre dans l’hôtel D’Leos, situé à courte distance de la place principale. Cette dernière, sans charme particulier tout comme la ville, est bordée par une impressionnante église triangulaire bâtie en béton.
Le lendemain, nous poursuivons le trajet en direction de Nazca. Le bus suit alors la route panaméricaine, bordant l’océan Pacifique pendant près de trois cents kilomètres. Le paysage traversé, monotone, est sec et désertique. Du sable et des roches au premier plan, des collines tout aussi arides dans le lointain…
Par conséquent, aucune plante ni aucun animal ne semblent pouvoir survivre dans cet environnement. Par ailleurs, seules cinq ou six localités sont éparpillées sur le littoral, leurs habitants vivant de la pêche ou, lorsqu’une rivière coule dans les environs, de la riziculture.
Après sept heures de route, nous atteignons enfin Nazca. Le Soleil tape fort, la température avoisine les trente degrés, heureusement une légère bise apporte un peu d’air. Le bus nous dépose à proximité d’un immense rond-point où la route panaméricaine croise les principales rues de la ville. Le trafic y est intense et le lieu joue ainsi le rôle de “gare routière” de Nazca.
Nazca
Puis, nous marchons en direction de la place centrale. Bien que de nombreuses boutiques vendent bibelots, souvenirs et reproductions des célèbres vases de Nazca, nous croisons peu de touristes.
A quelques mètres de la place principale, nous arrivons devant l’hôtel que nous avions repéré sur internet, Buen Pastor. Parfaitement situé, chambre propre et spacieuse, ventilateur bien utile, personnel agréable.
La ville de Nazca est mondialement connue pour les géoglyphes et lignes visibles dans les environs. Ces figures, d’animaux stylisés ou de simples lignes, ont été tracées sur le sol par la civilisation Nazca il y a près de 2000 ans (entre 200 avant JC et 500 après JC pour être précis !).
Le sol sur lequel se dessinent les géoglyphes est constitué de terre claire, riche en gypse, couverte par de petits cailloux plus foncés. En déblayant les cailloux en surface, les Nazcas faisaient alors apparaître, par contraste, les dessins.
La plupart des figures s’observent entre les villes de Nazca et de Palpa. Il est possible de les contempler de deux manières.
Comment observer les lignes et géoglyphes de Nazca ?
Dans les airs.
En embarquant dans un petit avion à l’aérodrome de Nazca. Environ une centaine de dollars (et un droit d’entrée dans l’aéroport de 30 soles) pour une demi-heure de sensations fortes (virages serrés, turbulences…) et une vue imprenable sur les principaux géoglyphes. Plusieurs compagnies proposent ce service.
En restant plus proche du sol.
En s’arrêtant aux miradors installés le long de la route entre Nazca et Palpa et en profitant des éminences de la région.
Moins de sensations fortes, quoique les miradors bringuebalants ne sont pas de nature à rassurer les personnes sujettes au vertige, un coût bien moins élevé, mais une vue partielle de seulement quelques figures.
Lignes de Nazca
Le lendemain, réveil matinal pour éviter les fortes chaleurs. En premier lieu, nous prenons un bus qui se rend à Palpa et descendons, après une vingtaine de kilomètres, au principal mirador sur les lignes de Nazca.
Vers le sud, le paysage est désertique et plat à perte de vue. Vers le nord, des collines émergent, à distance, au-dessus de l’étendue de sable et de cailloux. Au milieu, la route panaméricaine, rectiligne, traverse la perspective mais également les lignes…
Un édifice constitué de poutrelles métalliques permet de s’élever quelques mètres au-dessus du sol. A son pied, quelques vendeurs de souvenirs et de minéraux de la région attendent les touristes.
Lorsque nous montons les marches, la structure bringuebale. Mieux vaut ne pas être sujet au vertige pour grimper sur la plateforme sommitale !
Alors que les géoglyphes tracés dans le désert étaient invisibles au niveau du sol, ils apparaissent nettement en prenant de la hauteur.
Trois figures sont visibles en contrebas. D’un côté de la route, un arbre (dessin incongru dans l’environnement désertique qui nous entoure !) et deux mains. De l’autre côté, un reptile à la queue “coupée” par la route panaméricaine qui le traverse.
Lors de notre passage, un mirador plus robuste et plus élevé était en construction de l’autre côté de la route. Il a été inauguré début 2020.
Géoglyphes de Palpa
Après cette première halte, nous prenons le premier minibus qui passe sur la route panaméricaine pour nous arrêter quelques kilomètres plus loin. En chemin, nous apercevons quelques figures humaines dessinées sur des élévations naturelles.
L’ensemble le plus impressionnant et le plus émouvant représente une famille. Le père, la mère et les enfants sont tracés sur les collines qui bordent la vaste étendue plane. Ces grands dessins, qui nous paraissent naïfs, sont l’œuvre de la civilisation Paracas, antérieure aux Nazcas. Également connus sous le nom de géoglyphes de Palpa, ils représentent une famille royale et ont près de 2500 ans.
Un mirador, celui de Llipata, installé à quelques centaines de mètres de la route principale, permet de prendre un peu de hauteur. L’édifice est encore plus instable que le précédent. Un peu de courage ou peut-être d’inconscience est nécessaire pour monter sur la plate-forme. Comme les figures sont tracées sur le flanc d’une colline, il n’est cependant pas nécessaire de gravir les marches métalliques pour profiter de la vue !
Nous poursuivons nos sauts de puce et prenons un nouveau minibus qui se rend à Palpa, à une petite dizaine de kilomètres de là.
La petite ville s’étend de part et d’autre de la route panaméricaine. Le trafic est intense. Une multitude de bus et camions longent les échoppes et stands qui s’étendent le long de la route principale, frôlant piétons et motos.
Compte tenu de la chaleur, un jus de fruits fraîchement pressé et une glace nous font le plus grand bien !
Lignes de Palpa
Nous hélons une moto-taxi qui nous conduit à la dernière étape de notre périple du jour, les lignes de Palpa, en périphérie de la localité. Bien plus abstraits que les figures découvertes jusqu’à présent, les motifs tracés consistent en de longues lignes, parallèles pour certaines, qui se croisent pour d’autres. Une énigmatique spirale se dévoile également sous nos yeux.
Puis, retour dans le centre de Palpa où nous embarquons dans le premier bus à destination de Nazca. Pour déjeuner, direction un restaurant de poisson. Après tout, l’océan est à courte distance. L’après-midi, tranquille, est consacrée à la détente.
Le soir, nous participons à un atelier au planétarium de Nazca, situé dans les jardins de l’hôtel Nazca Lines. Pendant une heure, un passionné d’astronomie propose d’admirer quelques étoiles et la planète Saturne à travers une lunette astronomique et diffuse un film qui retrace les travaux de l’archéologue Maria Reische au sujet des lignes de Nazca. L’idée est intéressante, cependant il est absurde d’observer le ciel nocturne en plein ville et certaines explications « extraterrestres » concernant les figures tracées par les Nazcas sont ridicules et décrédibilisent le reste …
Informations pratiques
Bus Arequipa – Camana : 13 soles par personne
Hotel D’Leos (Camana) chambre matrimoniale : 40 soles
Bus Camana – Nazca : 40 soles par personne
Hotel Buen Pastor (Nazca) chambre matrimoniale : 50 soles
Minibus Nazca – Mirador : 3 soles par personne
Puis, minibus Mirador Nazca – Mirador Paracas : 2 soles par personne
Enfin, minibus Mirador Nazca – Palpa : 2 soles par personne
Moto-taxi Palpa : 15 soles
Bus Palpa – Nazca : 4 soles par personne
Planétarium de Nazca : 20 soles par personne
