Une immensité bleue.
Dans cet article, nous atteignons la ville de Puno et les rives du lac Titicaca. Plutôt que les touristiques îles, nous partons vers la péninsule de Capachica. Il s’agit de nos derniers jours au Pérou avant de franchir la frontière bolivienne.
Trajet vers la ville de Puno
Nous débutons aujourd’hui la dernière partie de notre périple vers le sud du Pérou. Nous souhaitons rejoindre les rives du lac Titicaca et y rester quelques jours avant de poursuivre vers la Bolivie.
A la gare routière de Cuzco nous trouvons, sans problème, un bus à destination de Puno. Une longue journée de transport nous attend.
Dans sa première partie, l’itinéraire est le même que celui emprunté il y a une dizaine de jours pour découvrir les montagnes colorées de Palcoyo. Nous dépassons la petite ville de Combapata où nous avons dormi et poursuivons vers Sicuani. La route, rectiligne, suit le fond de la vallée. Nous longeons ainsi une rivière et la voie ferrée qui relie les villes de Cuzco et de Puno. Des habitations sont éparpillées au milieu de champs cultivés.
Soudain, le paysage change complètement. Les zones agricoles et les constructions disparaissent. Sans nous en rendre vraiment compte, ici pas de virages en épingle à cheveux ni de montée raide, nous prenons de l’altitude. Puis, nous entrons dans la puna, vaste plateau d’altitude, s’étendant jusqu’en Bolivie et au Chili. La végétation se fait rare, nous traversons des steppes d’herbe rase.
Abra la Raya, 4340 mètres. Le bus atteint le col, point culminant de la route. Le sommet du Chimboya, couvert de neige, se dévoile sur la gauche. Le paysage, d’une désolation splendide, est identique sur des dizaines de kilomètres. Tout est sombre à l’horizon, les sols, les touffes d’herbe grillées par la dureté du climat, les collines qui s’élèvent dans le lointain, même le ciel est gris…
Nous arrivons à Juliaca, surnommée la « ville des vents », sans encombre. Une partie des passagers descend. Les autres, dont nous faisons partie, poursuivent jusqu’à Puno à une quarantaine de kilomètres. Nous traversons, sur une route parfaitement rectiligne, un plateau qui s’étend à perte de vue. Une multitude de champs sont cultivés sur cette vaste étendue. Sur notre gauche, nous avons l’impression d’apercevoir, loin à l’horizon, le lac Titicaca.
Après 9 heures de trajet, nous arrivons enfin à Puno. La ville s’étend en arc de cercle au bord du lac Titicaca. En dehors de cette situation privilégiée, Puno est un endroit gris, triste, sans charme. Pourtant, le lieu est touristique. Il s’agit du point de départ incontournable des excursions vers les îles péruviennes du lac, Taquile, Amantani, Uros. De notre côté, nous espérons sortir des sentiers battus en allant passer quelques jours dans la péninsule de Capachica.
Pour l’heure nous prenons une chambre, spacieuse et lumineuse, dans l’hostal Homecenter Puno (excellent rapport qualité-prix !).
En direction de la péninsule de Capachica
Le lendemain, nous partons vers Capachica. Une heure et demie de trajet en minibus. Arrivés dans la petite localité, nous changeons de véhicule et poursuivons vers Llachon. Les habitantes de la péninsule portent un magnifique chapeau en feutrine orné de broderies et de pompons colorés.
Les communautés de la région proposent de dormir chez l’habitant. “Un tourisme communautaire loin du tourisme de masse”, selon guides de voyage et commentaires sur internet. Pas de suspens inutile, nous avons été déçus par notre séjour dans le village. Peut-être avions-nous trop d’attentes ? Surtout après un mois et demi à explorer la Cordillère des Andes hors des sentiers battus…
Notre ressenti est sûrement très différent de celui de nombreux autres voyageurs. Mais l’endroit est “trop touristique” à notre goût. Les contacts avec les locaux sont finalement assez limités. L’aspect “tourisme communautaire” permet d’imposer des prix complètement décalés par rapport au reste du pays ; par exemple 25 soles pour le déjeuner contre 5 à 6 soles habituellement… Nous pensions passer plusieurs jours dans la péninsule de Capachica. Nous ne resterons finalement qu’une journée.
Llachon et les rives du lac Titicaca
Llachon est un petit village tout mignon. Une petite place bordée par une église et des commerces. Des maisons posées à flanc de colline. Et une magnifique vue sur le lac Titicaca. Trouver un logement pour la nuit s’annonce facile. Nous demandons aux locaux qui papotent sur la place. Tous nous orientent vers le célèbre Felix ou vers l’épicière du village. Cette dernière accepte de nous accueillir.
Après un déjeuner pris en compagnie de son mari, nous partons explorer les rives du lac Titicaca. Nous marchons, pieds nus, sur du sable, à 3800 mètres d’altitude. Le Soleil tape et le lac est si étendu que l’on s’imaginerait presque en bord de mer. La température de l’eau, glaciale, nous ramène rapidement sur terre !
Des barques servent aux pêcheurs ou permettent de rejoindre les enclos d’élevage de truites, visibles à courte distance du rivage. Des lopins de terre sont cultivés en bordure de plage. Quelques cochons sont attachés à des piquets. Des collines, parsemées d’habitations et couvertes de cultures en terrasse, s’élèvent au-dessus des rives. Un âne brait, quelque part sur les hauteurs.
Nous montons au mirador qui surplombe le village. L’immensité du lac est encore plus frappante. L’île de Taquile émerge des flots sur notre gauche. Au-delà, l’étendue d’eau s’étend à perte de vue. En contrebas, les maisons, construites en briques de terre, sont couvertes de tôles ondulées qui se reflètent au Soleil.
En redescendant nous mangeons une glace sur la petite place principale, animée, de Llachon. Les enfants, qui sortent de l’école, ont la même idée que nous et vont acheter bâtonnets et tubes glacés dans un des commerces aux alentours. Les gens papotent. L’église, peinte en blanc et rouge, se dresse fièrement en face.
La fin d’après-midi et la soirée s’écoulent tranquillement. Nous allons nous coucher dans une annexe de la maison. La porte, qui donne sur l’extérieur, ne ferme pas à clé !
Le lendemain, nouvelle promenade en longeant le lac. Les scènes de la vie quotidienne se déroulent devant nos yeux. Des enfants partent à l’école et chamaillent en chemin. Une femme âgée emmène ses quelques moutons paitre dans les champs. Cependant, l’endroit ne nous donne pas spécialement envie de rester plus longtemps.
Nous quittons donc la péninsule et retournons à Puno. Des minibus collectifs font régulièrement la liaison entre Llachon et Capachica. Après une demi-heure d’attente, nous montons à bord du premier qui fait son apparition. Arrivés à Capachica, plusieurs passagers souhaitent se rendre à Puno, le conducteur décide finalement de continuer jusqu’à la grande ville.
Nous arrivons dans l’après-midi. Il est trop tard pour espérer passer la frontière bolivienne, notre prochaine étape, avant sa fermeture, à 19 heures (heure bolivienne, ce qui correspond à 18 heures au Pérou). Nous retournons à l’hôtel Homecenter Puno pour y passer la nuit. Il est complet. Nous essayons quelques hébergements dans les rues adjacentes et prenons une chambre à l’Hostal Virgen.
Informations pratique frontière Pérou – Bolivie
Passer la frontière entre Pérou et Bolivie peut s’effectuer à deux endroits, Yunguyo et Desaguadero.
Le poste-frontière de Yunguyo est situé sur un étroit bras de terre au milieu du lac Titicaca. Il permet de rejoindre la petite ville de Copacabana, bâtie sur les rives du lac. Il s’agit du principal point de passage pour les touristes. Des minibus effectuent le trajet vers la frontière. De l’autre côté, minibus et taxi collectifs boliviens permettent de rejoindre Copacabana. Ce passage de frontière est calme et tranquille.
Le poste de Desaguadero est plus direct lorsqu’on l’on effectue la route entre Puno et La Paz. Il est cependant beaucoup moins fréquenté par les touristes, passer inaperçu est donc plus compliqué… Des minibus partent de la gare routière de Puno (terminal zona sur) vers la frontière. Le passage du pont enjambant la rivière marquant la séparation entre les deux pays se fait uniquement à pied. Après avoir passé la frontière bolivienne, des véhicules attendent les passagers souhaitant poursuivre vers La Paz.
Vers la frontière bolivienne
Le lendemain, nous nous rendons au « terminal zonal sur », où stationnent les minibus qui se rendent à Desaguadero. Le véhicule part dès qu’il est plein, ce qui prend seulement quelques minutes. Nos sacs et les bagages des passagers sont mis sur le toit et couverts d’une bâche qui les protège de la pluie qui commence à tomber. La route est rectiligne et plate, le chauffeur roule pied au plancher. Le trajet jusqu’à la frontière est vite avalé.
Desaguadero est une ville très animée. Les échanges commerciaux entre les deux côtés de la frontière sont intenses. Partout des véhicules stationnent. Des hommes chargent et déchargent, sur les toits de minibus et dans les soutes des bus, des marchandises en provenance ou à destination du Pérou et de la Bolivie.
Les formalités de sortie du territoire péruvien sont simples. Nous nous dirigeons, à pied, vers le pont qui marque la frontière. Le bâtiment du « contrôle migratoire » est situé sur la gauche. Des péruviens font la queue, nous sommes les seuls touristes. Un quart d’heure d’attente, un coup de tampon sur nos passeports et nous pouvons traverser le pont en compagnie de dizaines d’autres personnes. Nous sommes officiellement sortis du Pérou.
Sur la gauche, à seulement quelques mètres, le lac Titicaca apparaît. En face, le bâtiment, bleu, de la douane marque l’entrée en Bolivie.
Un douanier, posté devant, nous repère. Entre nos gros sacs à dos et le fait que l’on dépasse d’une bonne tête les gens autour de nous ce n’est pas difficile ! Nous avons instantanément le sentiment que la situation peut dégénérer. Il nous demande de le suivre dans un bureau et de vider nos sacs à dos. La pièce est petite, sans fenêtre. Un bureau et deux chaises constituent le seul mobilier. L’ambiance est oppressante.
Selon ses dires, il cherche si nous transportons de la drogue… Heureusement, nous voyageons avec peu et nos vêtements sont empaquetés dans des sacs transparents. Nous sommes attentifs à ses gestes. Il ne trouve aucune substance interdite, nous pouvons ranger nos affaires.
Il contrôle ensuite le petit sac, que nous gardons en permanence sur nous, contenant appareil photo, pièces d’identité, carte bancaire, argent en liquide… Coïncidence ( ?) un second douanier entre alors dans la pièce et exige de compter les billets que nous détenons. Nous refusons. Le ton monte. Il insiste. Nous lui hurlons dessus (grâce à l’adrénaline notre espagnol s’améliore grandement !), rangeons nos affaires et quittons la pièce.
Une fois dehors, le stress et la pression retombe un peu. Il y a du monde, nous n’avons plus l’impression d’être pris au piège dans une petite pièce sans connaître exactement nos droits (pouvait-il nous obliger à le suivre dans la pièce ? à sortir nos affaires ?…). Aucun des deux douaniers ne sort, ils vont probablement tenter de trouver une proie plus facile…
Nous faisons la queue au guichet à proximité. Nos passeports sont tamponnés. Bienvenue en Bolivie !
Informations pratiques
Minibus Puno – Capachica : 5 soles
Minibus Capachica – Llachon : 3 soles
Hébergement communautaire Llachon : 50 soles par personne (nuit, dîner, petit-déjeuner)
Déjeuner Llachon : 15 soles
Hostal Virgen (Puno) chambre matrimoniale : 50 soles
Moto-taxi Puno centre – terminal de bus : 3 soles
Minibus Puno – Desaguadero (frontière Bolivie) : 11 soles