Randonnée vers le monolithe de granite. Superbe lever de Soleil

Dans cet article, nous vous donnons toutes les informations pour effectuer un trek et contempler le majestueux Cerro Fitz Roy, accessible depuis le village d’El Chalten. Divers sentiers conduisent ainsi à des points de vue sur la montagne emblématique de la Patagonie argentine. La randonnée de la Laguna de los Tres, sur deux jours, permet alors de profiter d’un extraordinaire lever de Soleil.

Plusieurs randonnées à la journée sont possibles dans les environs d’El Chalten. Toutes offrent, par beau temps, de magnifiques vues sur le massif du Fitz Roy. Un trek de deux ou trois jours offre une expérience encore plus mémorable.

Lever de soleil sur le Fitz Roy

Informations pratiques treks et randonnées El Chalten

Les trois principaux treks sont ceux de :
Loma del Pliegue Tumbado. 20 kilomètres aller-retour, 1000 mètres de dénivelé, 7 à 8 heures et une superbe vue panoramique sur les montagnes de la région.

Laguna Torre. 6 heures, 250 mètres de dénivelé, 18 kilomètres. Point de vue sur un lac et un glacier avec en toile de fond le mont Fitz Roy.

Laguna de los Tres. 20 kilomètres, 750 mètres de dénivelé et 7 à 8 heures. Elle permet d’approcher la majestueuse pyramide de granite de très près, depuis l’extrémité d’un lac qui prend une teinte turquoise lorsque les conditions sont favorables.

Les randonnées vers les lacs Torre et de los Tres peuvent également se faire en deux jours, grâce à des espaces de campement, gratuits, sur le chemin.
Cela permet ensuite, pour les plus courageux, tout au moins ceux qui se lèvent avant l’aube, de bénéficier d’un superbe lever de soleil. Une fois encore, à condition que les nuages, extrêmement fréquents dans cette zone, n’envahissent pas le ciel.

Il est également possible de combiner les randonnées vers les lacs Torre et de los Tres pour réaliser un superbe trek sur 3 jours, en passant par les deux lacs les plus emblématiques de la région.


Après avoir hésité entre une marche à la journée vers le lac de los Tres, avec un long kilométrage mais un sac léger, et la variante en deux jours, moins de kilomètres mais des sacs bien chargés, nous optons pour cette seconde option.
Les prévisions météorologiques annoncent du beau temps et un vent modéré, il serait effectivement dommage de ne pas en profiter.

Randonnée Laguna de los Tres

Après avoir préparé nos affaires et garé notre van sur le parking (stationnement gratuit) à l’extrémité du village d’El Chalten, nous débutons la randonnée aux alentours de 10 heures. Grâce à ce départ relativement tardif, nous évitons le gros de la foule, qui effectue la marche à la journée, parti plus tôt.
Le chemin débute par 3 kilomètres de montée, environ 400 mètres de dénivelé positif, puis se poursuit avec 5 kilomètres globalement plats, jusqu’au campement Poincenot.

Nous ne sommes pas pressés et avançons tranquillement en prenant le temps de contempler l’extraordinaire paysage que nous traversons.

Le sentier, ombragé, s’élève à rythme constant sur les collines qui surplombent El Chalten. Après quelques centaines de mètres, la vue s’ouvre sur la rivière « de las Vueltas » en contrebas. Le cours d’eau, à la couleur laiteuse, coule au fond d’une vallée boisée, fermée par un immense glacier qui apparaît dans le lointain.

Le chemin est certes fréquenté, mais l’affluence reste raisonnable.
Un peu plus de trois kilomètres après le départ, la pente s’adoucit. Le sentier se sépare alors en deux, les deux parties se rejoignent néanmoins par la suite. A droite, il conduit vers un mirador. Le mont Fitz Roy s’y dévoile à travers une trouée entre les arbres. A gauche, l’option que nous suivons, il mène au lac Capri que nous atteignons rapidement.

Lac Capri

Le massif du Fitz Roy se dévoile au-delà de la calme étendue d’eau. Un nuage joue avec le sommet principal, le cerro éponyme, tourne autour, s’y accroche, se fragmente, avant de s’en écarter.
De fait, le majestueux Fitz Roy se révèle dans son intégralité. Un moment plutôt rare ! Habituellement, la météo est capricieuse dans la région. Par conséquent, certains restent plusieurs jours à El Chalten et ne voient même pas la base de la montagne.

Les pointes annexes du massif granitique qui côtoient le géant sont également visibles. Plusieurs portent les noms de célèbres aviateurs, héros des Andes. Pointe Mermoz, pointe Guillaumet, pointe Saint Exupéry…
Même sans aller plus loin, le panorama est déjà extraordinaire !

Nous poursuivons, le long du lac, puis sur un vaste plateau plus dégagé. Le soleil tape, mais le fond de l’air, bien frais, prend le dessus. D’autant plus que le vent, s’il est modéré, reste néanmoins présent.

Nous croisons avec un certain amusement des argentins qui reviennent du campement. Ils sont bien loin de l’optimisation des sacs ou de la recherche de poids minimum que l’on peut voir en Europe.
Leurs sacs à dos, souvent de 30 litres, sont bien trop petits pour accueillir leur équipement. La plupart du bardage est donc accrochée à l’extérieur du sac. La tente d’un côté, le tapis de sol et le matelas d’un autre. Une casserole brinquebale entre la gourde et le réchaud. Lorsqu’ils ont besoin d’un bâton de marche, ils ramassent une grosse branche au sol.

Plus loin, nous rejoignons un second plateau, dénudé, à la végétation limitée. Les arbustes qui tentent d’y pousser restent de petite taille, semblables à des bonsaïs taillés par le souffle incessant du vent. Nous avons l’impression de déambuler au milieu d’un jardin japonais.
Les vues sur le Fitz Roy sont superbes, même si la luminosité devient moins flatteuse dès le début d’après midi.

Campement Poincenot

Enfin, nous parvenons au campement Poincenot après 3 heures de marche, à un rythme tranquille, et montons la tente dans un emplacement libre.

Une centaine de places sont disponibles, sous le couvert des arbres qui offrent ombre (pas forcément nécessaire) et protection contre le vent. Il n’y a cependant aucune commodité à proximité. L’eau se récupère dans un petit ruisseau à proximité. Pour les besoins naturels, une toilette sèche, nauséabonde, et une pelle sont à disposition.

Pour s’occuper durant l’après-midi, nous marchons vers le point de vue de Piedras blancas situé à deux kilomètres. Le glacier éponyme est à contre-jour, mais la petite marche, sans difficulté, est plaisante.
Nous découvrons également qu’il est possible de monter à la laguna de los Tres par un autre itinéraire, dit d' »El pilar ». Le dénivelé est moindre, 650 mètres, la distance plus courte, 6 kilomètres. En contrepartie, le panorama observé durant la montée est moins intéressant.

Trek vers le Fitz Roy

Par la suite, la fin de journée s’écoule tranquillement. Le soleil se cache derrière le Fitz Roy. La température baisse. Des campeurs arrivent toujours plus nombreux, jusqu’à une heure avancée. Étonnamment, les lieux ne sont pas si bruyants au vu des dizaines de tentes qui nous entourent.


Informations pratiques randonnée Laguna de los Tres

20 kilomètres AR, 800 mètres de dénivelé. 7 à 8 heures de marche au total.
Randonnée possible à la journée ou sur deux jours. Cette dernière option offre la possibilité d’un superbe lever de Soleil sur le Cerro Fitz Roy. Un incontournable de tout voyage en Patagonie !

Parking au départ de la randonnée (à l’extrémité d’El Chalten) : gratuit.
Il existe une autre zone de stationnement, à proximité du centre des visiteurs, mais cela rajoute 2 kilomètres (aller) à la randonnée.

Le 1er jour : 8 kilomètres jusqu’au campement Poincenot. Environ 400 mètres de dénivelé positif.
4 kilomètres en montée, jusqu’à atteindre le lac Capri, situé à mi-chemin. Puis 4 kilomètres globalement plats pour rejoindre le site de camping.

Le 2ème jour : 2 kilomètres depuis le campement Poincenot. Le premier en très légère montée. Puis, 400 mètres de dénivelé positif sur le kilomètre suivant. 1h de marche environ en avançant à un bon rythme.
Signalons que le Fitz Roy s’illumine une dizaine de minutes avant l’heure de lever de soleil.

Enfin, au retour, du mirador jusqu’à El Chalten, compter 2h30 à 3 heures de descente à un rythme tranquille.

Plus d’informations sur le site Altitude Rando : Randonnée Laguna de los Tres

Et sur le site Wikiloc, avec certaines variantes en partant de l’Hosteria El Pilar (au fond de la vallée), pour un peu moins de dénivelé : Randonnées El Chalten


3h30. Nous sommes réveillés par nos voisins de tente qui se lèvent et partent marcher vers la laguna de los Tres. C’est également notre objectif, cependant nous avons prévu de partir une heure et demie plus tard. Nous ne comprenons pas pour quelle raison ils partent si tôt !

Le lever de soleil est prévu pour 6h30 et, depuis le campement Poincenot où nous avons dormi, il n’y a qu’une bonne heure de marche jusqu’au mirador.

Une marche dans l’obscurité

Peu à peu, les gens émergent d’une trop courte nuit, font du bruit et nous empêchent donc de nous rendormir. Nous quittons alors la tente peu avant 5 heures, parmi les derniers. Il fait nuit noire, les lampes frontales des premiers randonneurs partis forment un serpentin de points jaunes dans la montagne. Certains ont même atteint le sommet de l’éminence et vont devoir patienter pendant de longs moments, de longues heures même, dans des températures glaciales.

Dans la direction du Fitz Roy, les étoiles sont visibles dans un ciel dégagé. De l’autre côté, des nuages nous inquiètent néanmoins.

Le début du sentier, que nous avions repéré la veille pour être certains de ne pas partir sur un mauvais embranchement, est facile.
Un kilomètre en très légère montée, au milieu de la forêt, où les seules difficultés sont les franchissements de ruisseaux sur des passerelles en bois. Cela se complique néanmoins par la suite. De fait, 400 mètres de dénivelé sur un kilomètre de distance seulement nous attendent.

Le chemin grimpe sur les flancs de la montagne, au milieu de gros blocs rocheux. Derrière nous, vers l’est, le ciel prend peu à peu des teintes pastels. Violet, jaune, orangé… Les jambes sont lourdes des efforts consentis la veille, cela fait longtemps que nous n’avions pas porté de lourds sacs à dos.
Toutefois, nous atteignons le point de vue à 6 heures, comme nous le pensions. La montée nous a réchauffé, mais, dès que nous arrêtons de marcher, le froid se fait à nouveau ressentir. Nous sommes bien contents d’avoir emporté nos épaisses doudounes.

Malgré la présence d’une quarantaine de personnes, cela fait bien longtemps que nous n’avons pas assisté à un lever de soleil avec autant de monde, les lieux sont plutôt silencieux. Tout le monde retient son souffle.

Sublime lever de Soleil sur le Fitz Roy

Une dizaine de minutes avant que l’astre lumineux ne fasse son apparition à l’horizon, ses rayons illuminent le sommet du Fitz Roy qui prend une merveilleuse teinte orangée. La tache lumineuse s’étend, grandit, englobe la cime des montagnes.

Puis, c’est l’ensemble du massif qui se colore, formant alors un magnifique contraste avec les roches et la lac, encore plongés dans la pénombre au premier plan. L’étendue d’eau flamboie lorsque les cimes colorées se reflètent sur la surface calme.

Toute la scène devant nous resplendit de lumière alors que les alentours du lac restent dans l’ombre. De haut de ses 3405 mètres d’altitude, l’énorme monolithe de granite, taillé par le vent, la glace et la neige, nous domine.

Il est étonnant de penser que, dans une région alors largement inexplorée, jusqu’au début du 20eme siècle, la montagne était prise pour un volcan. Les nuages qui, la plupart du temps, coiffent son sommet étant alors assimilés à des panaches de fumée qui s’en échappaient.

Le moment est magique, d’autant plus que les levers de soleil dégagés sont plutôt rares dans la région. Formant une barrière entre le champ de glace Sud de Patagonie à l’ouest et la pampa argentine sèche à l’est, le Fitz Roy est soumis à une multitude de microclimats extrêmement variables. Vents violents, fortes précipitations et nuages enveloppant les cimes sont la norme.

Laguna de los Tres et Fitz Roy

Puis, le soleil, qui poursuit son ascension, se trouve caché par l’importante couverture nuageuse qui occulte le ciel dans la direction du Levant. Le massif perd alors ses couleurs chatoyantes et sombre dans une teinte plus triste, grisâtre, à peine rehaussée par le blanc des glaciers qui couvre ses flancs.

La majeure partie des marcheurs quitte alors le point de vue, redescend vers le campement, s’aventure sur les sentiers aux alentours ou, pour quelques-uns, approche le lac de los Tres que nous surplombons. Nous restons en haut et en profitons pour prendre le petit déjeuner ! Grâce au réchaud que nous avons transporté, nous savourons une boisson qui nous réchauffe agréablement.

Patience est mère de toutes les vertus. A 7h30, le soleil transperce les nuages et illumine à nouveau le Fitz Roy et les aiguilles qui l’entourent, Mermoz, Guillaumet, Saint Exupéry… Aviateurs français héros des Andes et de l’Aéropostale. Quant à l’aiguille Poincenot, elle rend hommage à l’alpiniste français, membre de l’expédition de 1951-1952 ayant vaincue le Fitz Roy pour la première fois, durant laquelle il perdit la vie.

Nous assistons alors à un second lever de soleil, dans des teintes argentées cette fois.

Près de deux heures après la première coloration du Fitz Roy, le lac est enfin intégralement illuminé. Il est temps de descendre pour rejoindre le campement Poincenot. Après un peu de repos et avoir rangé la tente et nos affaires, nous poursuivons, par le même itinéraire que celui emprunté la veille lors de la montée.

Descente vers El Chalten

Il est plus tôt que le jour précédent, la luminosité a changé. Par conséquent, les paysages traversés sont en même temps identiques et différents. En tout cas, les alentours sont toujours aussi beaux, magnificents.
Un ruisseau cascadant forme un joli cadre pour une dernière photographie sur le Fitz Roy.
Nous atteignons la laguna Capri, où nous déjeunons, puis le parking d’El Chalten en début d’après-midi.

Après ce magnifique trek, la prochaine étape de notre périple est la découverte du glacier Perito Moreno, situé à plus de quatre heures de route. En nous dépêchant, nous pourrions effectuer une bonne partie du trajet avant la tombée du jour, mais décidons de prendre notre temps.

Nous quittons El Chalten par la seule route possible, la numéro 23 qui longe le lac Viedma, regagnons la route 40 qui suit les méandres de la rivière La Leona. Cette dernière prend sa source à l’extrémité du lac Viedma, pour se jeter dans le lac Argentino quelques dizaines de kilomètres plus au sud.

Au moment d’atteindre les eaux turquoise de la vaste étendue, nous bifurquons sur la route provinciale 19. Non asphaltée, elle conduit à plusieurs estancias situées sur la rive nord du lac Argentino, à l’écart de la civilisation.
Sans aller aussi loin, nous trouvons un emplacement pour passer la nuit. Au bord de l’eau, protégé du vent qui souffle, sans surprise, avec violence depuis les Andes, et sans personne alentour. En un mot, le paradis !


Informations pratiques

Parc national « Los glaciares » zone nord (environs d’El Chalten) : gratuit.
Parking au départ de la randonnée de la « laguna de los Tres » (à l’extrémité d’El Chalten) : gratuit.

Randonnée Laguna de los Tres : 20 kilomètres, 800 mètres de dénivelé, 7 à 8 heures. A la journée ou sur deux jours.
Le 1er jour : 8 kilomètres jusqu’au campement Poincenot. Environ 400 mètres de dénivelé positif.
Le 2ème jour : 2 kilomètres (le second est raide, 400 mètres de dénivelé) depuis le campement Poincenot jusqu’au point de vue. 1h de marche environ en avançant à un bon rythme. Au retour, du mirador jusqu’à El Chalten, 2h30 à 3 heures de descente à un rythme tranquille.

Campement Poincenot (randonnée vers la laguna de los Tres sur deux jours) : gratuit. Pas de commodités. Protégé du vent.

Camping sauvage lac Argentino : sur la rive nord. Prendre la route provinciale 19. Plusieurs emplacements possibles sur les premiers kilomètres, plus ou moins protégés du vent par de petites collines. Au bord du lac. Aucune commodité. Éloignés de la piste poussiéreuse (mais très peu fréquentée). Vue magnifique. Extrêmement paisible


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