Une sublime couleur émeraude. La ville coloniale d’Ayacucho.

Dans cet article, nous poursuivons la descente de la cordillère des Andes en direction de Cuzco. Au programme de ce périple hors des sentiers battus, nous partons à la découverte des extraordinaires eaux turquoise de Millpu et de la jolie ville coloniale d’Ayacucho.

Trajet vers Huancavelica

Après quelques jours dans la réserve de Nor Yauyos Cochas (voir l’article Nor Yauyos Cochas) nous repassons brièvement par Huancayo afin de prendre un taxi collectif en direction de Huancavelica. 3 heures de trajet pour 150 kilomètres.
Après une première partie plutôt plate, la route serpente et grimpe dans la montagne. La chaussée est en parfait état mais le véhicule peine à dépasser les 50 kilomètres/heure lorsque la route s’élève. Les paysages restent semblables à ceux des jours précédents. Dans la région, les sommets les plus hauts dépassent à peine les 5000 mètres et ne sont pas enneigés.

Dans les villages traversés, les maisons ont souvent la façade peinte aux couleurs de tel ou tel candidat à une élection locale ou nationale. En franchissant une zone à haute altitude, nous apercevons des dizaines de vigognes. Ces camélidés sauvages, à la silhouette gracieuse, vivent sur de hauts plateaux au-delà de 3500 mètres d’altitude. Cependant, leur comportement imprévisible les rend dangereux puisqu’ils n’hésitent pas à traverser la route devant les véhicules qui y circulent.

Huancavelica est une jolie localité tout en longueur nichée au cœur d’une vallée.

Place de Huancavelica

Enclavée, à l’écart des routes touristiques et des lieux de production du Pérou, il s’agit aujourd’hui d’une des villes les plus pauvres du pays.

Elle a conservé de nombreux bâtiments de l’époque coloniale, en particulier plusieurs églises. Ainsi, la petite place principale, bordée par une cathédrale ornée d’un portail peint en rouge, est très agréable.

En outre, à tous les coins de rue, des vendeurs de churros alpaguent le chaland. Ça sent bon, nous nous laissons tenter !

Le lendemain, nous poursuivons notre route vers Ayacucho. La ville, située à 200 kilomètres au sud, semble être la suite logique de notre périple dans la Cordillère des Andes. Cependant il y a peu d’échanges, commerciaux et de personnes, entre Huancavelica et le reste du pays. Par conséquent, aucune route asphaltée ne relie les deux villes.

En direction d’Ayacucho

Le seul bus qui assure la liaison entre les deux localités part en fin de journée et roule de nuit. Sinon, l’autre solution est de prendre un taxi collectif jusqu’à Rumichaca. Cet endroit, un pont perdu au milieu de nulle part, est un important point de passage car il est situé sur la principale route reliant Ayacucho et la côte Pacifique.

Nous tentons le taxi collectif. Mais trouver l’endroit d’où partent ces véhicules n’est pas simple. Comme on pouvait s’y attendre, les informations que nous donnent les différentes personnes que nous interrogeons (simples passants, conducteurs de taxis, commerçants, policiers) sont contradictoires. La place Santa Ana est un des lieux qui revient le plus souvent. Nous allons voir. Mais, aucun véhicule ne part vers Rumichaca. Un commissariat donne sur la place, allons questionner les policiers. Et là, notre simple question devient une « affaire d’état » ! Une dizaine de policiers tentent de se renseigner. Sans parvenir à nous indiquer le bon lieu.

Décidément, personne ne se rend à Ayacucho… Découragés, les chauffeurs de mototaxis sont notre dernier espoir. Heureusement, l’un d’entre eux nous conduit devant la compagnie de taxis collectifs qui va à Rumichaca. Nous attendons une bonne heure que deux autres passagers viennent compléter notre véhicule. Nous pouvons enfin partir !

Le trajet entre Huancavelica et Rumichaca emprunte une route, à une voie, spectaculaire. La majeure partie de l’itinéraire s’effectue entre 4000 et 5000 mètres d’altitude, au milieu des montagnes. Des centaines de lamas et alpagas gambadent plus ou moins en liberté, gardés par quelques familles péruviennes qui vivent au milieu de nulle part. Pas d’eau courante, pas d’électricité, une alimentation constituée en grande partie de pommes de terre, des températures glaciales la nuit.

Au loin, la neige couvre les plus hauts sommets. La végétation est rase. On ne voit aucun arbre ou arbuste. Seulement de l’herbe jaunâtre, grillée par le soleil, l’altitude et la neige qui recouvre régulièrement les sols.

Puis, au détour d’un virage, un premier lac apparaît. De petits enclos d’élevage de truites flottent dessus. Ces eaux pures, à l’écart de toute activité humaine ou minière doivent être parfaites pour l’aquaculture ! La route poursuit ensuite sa course entre d’autres plans d’eau de taille plus modérée.

On atteint alors le village de Chocococha. Une trentaine de maisons établies le long de la piste, à proximité d’un grand lac. Une des passagères du taxi collectif s’arrête là. Par la suite, nous longeons le lac Chocococha pendant une dizaine de kilomètres. De nombreux enclos d’élevage de poissons sont disséminés dessus. Ici, à 4600 mètres d’altitude, la principale source de revenus des habitants est la pisciculture ! Puis, nous traversons Santa Ines. Notre chauffeur tente, vainement, de trouver un passager pour compléter le véhicule. Le trajet se poursuit dans un environnement sec et désolé.

Arrivés à Puente Rumichaca, notre petite piste débouche sur une grande route parfaitement asphaltée. En effet, il s’agit de la principale voie de communication entre Pisco, en bord de mer, et Ayacucho. Le taxi collectif nous dépose à proximité du pont qui a donné son nom à l’endroit.

Nous n’avons même pas le temps de traverser le pont que nous sommes alpagués. Un chauffeur qui effectue le trajet vers Ayacucho cherche à compléter son minibus avant de partir. Quelques commerçants se sont installés là, boissons, alimentation, restaurants, toilettes, rien ne manque !

Nous achetons, très rapidement, de quoi grignoter. Sans tarder, nos sacs sont mis sur le toit du véhicule. Nous sommes un peu inquiets, le conducteur les a vraiment attachés à la va-vite. Nous passons l’intégralité de la route à nous inquiéter de les perdre, d’autant plus à chaque virage pris brusquement. Et cela ne manque pas sur cette route de montagne ! De surcroît, le chauffeur roule à toute vitesse

Arcades d’Ayacucho

Visite d’Ayacucho

Arrivés à Ayacucho nous retrouvons, avec soulagement, nos sacs. Même s’ils ne sont pas tombés pendant le trajet ils ne sont plus à leur emplacement initial. Ainsi, nos inquiétudes étaient fondées…

Contrairement à ce que pourrait laisser son nom (« Aya » : la mort, « kuchu » : le lieu), la ville, encore peu touristique, a beaucoup de charme.

Place principale d’Ayacucho

Elle a conservé de nombreux bâtiments, églises, couvents, palais, construits pendant l’époque coloniale. La très jolie place d’armes, bordée par des galeries à arcades, incite à la flânerie. Du reste, le climat y est doux, sec et ensoleillé la majeure partie de l’année.

Place principale d’Ayacucho

Dans les années 1980 la ville a été le berceau du Sentier Lumineux et le terrain du conflit armé entre ce groupe maoïste et l’armée péruvienne. Depuis le début des années 2000 le conflit a perdu en intensité mais les membres du Sentier Lumineux contrôlent toujours certains territoires dans la jungle péruvienne, en particulier la zone « VRAEM » (Vallée des Rivières Apurímac, Ene y Mantaro). A Ayacucho, pas de problème d’insécurité, le calme est revenu, mais pas encore les touristes.

Lorsque nous visitons la ville, une procession a lieu. La musique emplit les rues, les gens défilent et dansent. Renseignements pris ils célèbrent la fête du tourisme ! Cela nous amuse, autour de nous les touristes se comptent sur les doigts de la main.

A quelques heures d’Ayacucho se trouve une des merveilles naturelles du Pérou, les eaux turquoise de Millpu.


Informations pratiques Eaux turquoise de Millpu

Il est extrêmement compliqué de se rendre à Millpu par ses propres moyens. Les transports collectifs locaux sont très peu fréquents et une journée depuis Ayacucho est nécessaire pour espérer atteindre les eaux turquoise.

A l’inverse, des excursions organisées d’une journée sont proposées quotidiennement par les agences touristiques d’Ayacucho. Elles sont situées autour de la place principale.
Programme identique. Départ du centre d’Ayacucho vers 8h. 4 heures de trajet jusqu’à Millpu. 2 heures sur le site, autour des bassins turquoise. 1 heure pour le déjeuner, puis trajet retour jusqu’à Ayacucho.

Prix très abordable : 80 soles, déjeuner compris. En réservant en fin de journée pour une excursion le lendemain, il est possible d’obtenir un tarif encore plus intéressant (les agences cherchent à remplir leurs minibus).
Souvent les clients de différentes agences sont regroupés dans un même minibus.


Excursion vers les eaux turquoise de Millpu

Le trajet entre Ayacucho et Millpu dure 4 heures (idem au retour !), cela fait beaucoup de temps de transport pour une durée limitée sur place.

Nous n’aimons pas beaucoup les excursions organisées. Entre l’attente avant le départ à cause de retardataires, l’arrêt petit-déjeuner dans un unique restaurant (alors qu’il y en a plein d’autres) pour tous les minibus, une visite avec des horaires à respecter, et la présence de tous les touristes aux mêmes moments sur le site, cela n’est pas notre tasse de thé…

Mais, il faut reconnaitre que le lieu est un véritable trésor.

Les piscines naturelles de Millpu se nichent entre les parois d’un canyon, à 3600 mètres d’altitude. De magnifiques eaux turquoise, « aguas turquesas de Millpu », se déversent dans des bassins calcaires. Le contraste entre la couleur de l’eau, les bassins et les parois du canyon est sublime.

En fonction de la saison et du temps, les eaux sont turquoise (entre avril et septembre) ou émeraude (octobre-novembre). Il est conseillé d’éviter la saison des pluies (janvier-mars), pendant laquelle la couleur de l’eau perd en intensité, voire même devient marron s’il a beaucoup plu…

Nous passons 2 heures à découvrir le lieu, longer le canyon d’en haut, descendre au bord des piscines et marcher jusqu’à l’endroit où émerge la source qui les alimente. Millpu est d’ailleurs à l’origine le nom donné à la source, qui est sacrée pour les habitants de la région.

Le déjeuner est composé de pommes de terre et de truites, élevées dans des bassins alimentés par l’eau de Millpu. Puis, nous reprenons, en milieu d’après-midi, la route d’Ayacucho. Le trajet s’effectue au milieu des montagnes, passe par de petites villes de la Cordillère des Andes. Le cadre est magnifique, mais entre la fatigue de la journée et les paysages qui restent semblables à ceux que nous côtoyons depuis plusieurs jours, nous avons du mal à nous enthousiasmer.


Informations pratiques

Taxi collectif Huancayo – Huancavelica : 25 soles /personne (3 heures de trajet). En bus 4 heures 30 de trajet et 15 soles
Hotel Tahuantinsuyo (Huancavelica) : chambre matrimoniale 45 soles
Excursion organisée Millpu : 80 soles par personne (trajet, entrées sur le site, déjeuner)
Hospedaje Luna (Ayacucho) : chambre matrimoniale spacieuse 60 soles


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