Un phare isolé. Des fantômes dans la nuit. Trajet vers le cercle polaire.

Suite de notre périple dans les fjords de l’est de l’Islande. Après une nuit au pied des hautes parois du Mjoifjordur, nous découvrons les fjords de Borgarfjordur et Seydisfjordur. En chemin, les cascades sont nombreuses. Puis, nous randonnons vers le phare de Brimnes. Enfin, ce road-trip nous conduit au nord du pays, dans les environs d’Husavik.

Fjord de Mjoifjordur et cascade Klifbrekkufossar

Au petit matin, nous rangeons la tente et poursuivons la route vers l’embouchure du fjord. La piste, qui longe le bras de mer, est de toute beauté.

Nous dépassons l’épave d’un ancien navire de US Navy, utilisé pendant la seconde guerre mondiale, puis en tant que bac et échoué là depuis 1966. Son ossature métallique totalement rouillée se désagrège petit à petit et pollue malheureusement les environs.

Puis, une dizaine de kilomètres plus loin, le hameau de Mjoifjordur apparaît.

Une trentaine d’habitants vivent là en été, une dizaine en plein hiver. Il faut dire que pendant la majeure partie de l’année, d’octobre à mai, lorsque la neige recouvre les montagnes de la région, l’endroit est inaccessible par la route.

Nous revenons ensuite sur nos pas, jusqu’à atteindre la cascade Klifbrekkufossar, aperçue la veille. Cette dernière est constituée de neuf petites chutes d’eau qui se succèdent sur une hauteur de 90 mètres.

Nous prenons le temps d’explorer l’endroit, crapahutant vers les chutes supérieures. Le cadre est enchanteur. Absence de touristes, pureté de l’eau, bassins translucides, mousses vertes qui encadrent la cascade et rayons de soleil qui l’illuminent…

Panorama sur le Mjoifjordur

Puis, c’est le retour à Egilsstadir, lieu de passage incontournable lorsque l’on circule dans la région des fjords de l’est ! Nous en profitons pour aller prendre une douche (500 ISK) dans le camping de la ville (les sanitaires sont accessibles à tous).

Vers Borgarfjordur Eystri

Nous poursuivons ensuite notre road-trip dans les fjords, en nous dirigeant vers celui de Borgarfjordur, situé au nord de la région, à 75 kilomètres. Il accueille, de début mai à mi-août, une importante colonie de macareux qui viennent nicher au-dessus d’un petit port.

Fin août, nous n’avons que peu d’espoir d’apercevoir les oiseaux, qui sont repartis vivre au large, mais la route pour y accéder et le pittoresque village de Borgarfjordur Eystri valent le détour !

La route 94 file vers le nord, longeant l’étroit lac de Logurinn. Par la suite, quelques kilomètres après la sortie d’Egilsstadir, l’asphalte laisse place à une pittoresque piste en terre battue. Quelques fermes sont éparpillées dans les environs. Plus curieux, un distributeur de boissons et sucreries, alimenté par des panneaux solaires, est installé au beau milieu de nulle part…

Dans le lointain, sur notre droite, le relief est plus escarpé. Des montagnes aux sommets enneigés s’élèvent au-dessus de la plaine.

Lorsque le lac donne naissance à un fleuve qui se jette, après de courts méandres, dans la mer, la route se dirige vers la droite et prend de la hauteur. Quelques virages serrés nous mènent à un col qui offre une magnifique vue sur un estuaire bordé par une vaste bande de sable noir.

De l’autre côté, la route redescend vers la mer, en serpentant au milieu d’un paysage montagneux.

Après quelques kilomètres, nous arrivons en vue de Borgarfjordur Eystri.

Il est l’heure de déjeuner, nous allons au café Alfacafé, le seul établissement ouvert dans le village. C’est bon (soupe du jour, tranches de saumon islandais…) et la salle, qui ressemble à un cabinet de curiosité, vaut le détour. Animaux empaillés, filets de pêche, objets touristiques artisanaux à vendre…

Rassasiés, nous poursuivons en direction du petit port afin de nous assurer de l’absence des macareux.

Malheureusement, c’est bien le cas, les derniers retardataires ont quitté leurs nids quelques jours auparavant.

Nous reprenons la route empruntée le matin même, seule voie pour quitter Borgarfordur, en direction d’Egilsstadir.

Fjord de Seydisfjordur et phare de Brimnes

Il est maintenant temps de nous diriger vers le fjord de Seydisfjordur. Une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau, mais près d’une centaine par la route.

A la sortie d’Egilsstadir, nous bifurquons sur la route 93. Elle s’élève vers un haut plateau parsemé de lacs et de névés qui n’ont pas fondu depuis l’hiver précédent, avant de plonger vers la petite ville. La pente est raide, mieux vaut avoir des freins en bon état !

Nous traversons la localité de Seydisfjordur et ses jolies maisons colorées et poursuivons jusqu’au bout de la route 951. Une ancienne ferme abandonnée marque la fin de la voie carrossable et le début d’un sentier qui mène jusqu’au phare de Brimnes.

Il devrait être possible de camper à proximité de ce dernier (du moins nous l’espérons), nous partons donc avec les affaires de bivouac. Deux heures de marche nous attendent sur un terrain presque plat. Le chemin longe le rivage, traverse une plage de galets, s’élève de quelques mètres, en suivant une piste défoncée mais bien marquée. Impossible de se perdre.


Informations pratiques randonnée vers le phare de Brimnes

Sur la rive nord du fjord de Seydisfjordur, à une dizaine de kilomètres de la localité éponyme. Suivre la route 951 (non asphaltée, accessible à tous les véhicules) jusqu’à son extrémité, à proximité de la ferme de Selsstadir. Un vaste emplacement permet de stationner à côté d’un bâtiment abandonné.

Le chemin emprunte une ancienne piste 4*4 (aujourd’hui inaccessible). 11 kilomètres aller-retour sur un terrain plat pour aller jusqu’au phare et revenir. Compter deux heures.

Il est possible de bivouaquer près du phare de Brimnes (également appelé Brimnesviti).

Quelques informations succinctes sur le site : Visit Seydisfjordur


Le cadre est grandiose. Nous sommes proches de l’embouchure du fjord, il n’y a aucune habitation dans les environs.

Des deux côtés de l’étroit bras de mer, des montagnes aux parois abruptes s’élèvent sur une hauteur de mille mètres. Ces dernières présentent les caractéristiques des reliefs creusés par l’avancée des glaciers.
Leur base est peu escarpée, couverte d’herbe, puis la déclivité de la pente augmente, la végétation disparaît, la roche nue, d’une couleur sombre, apparaît et les parois deviennent verticales.

Fjord de Seydisfjordur

Les choses se compliquent lorsque nous approchons du phare. Sa silhouette jaune orangée apparait légèrement en contrebas, mais le sentier que nous suivions jusqu’à présent s’interrompt brusquement.

Aucun chemin ne se dirige vers le phare et les quelques centaines de mètres qui nous séparent de ce dernier sont couvertes de hautes herbes. Pas le choix, nous nous frayons un chemin à travers ces dernières qui nous arrivent bien au-dessus de la taille, tout en veillant à ne pas nous tordre la cheville dans les aspérités du sol.

Nous atteignons, tant bien que mal, le phare. Heureusement, les abords sont dégagés, même si les touffes d’herbe rendent la surface bosselée. Cela fera l’affaire pour camper !

A l’exception du bruit du vent et du ressac de la mer en contrebas, aucun son ne parvient jusqu’à nous. L’endroit ressemble à un vrai bout du monde.

Lorsque la luminosité diminue et que les ténèbres enveloppent peu à peu le paysage alentour, nous tentons de faire abstraction des légendes islandaises entendues et des histoires lues au sujet de maisons abandonnées et de phares hantés

Phare de Brimnes

Finalement, aucun fantôme ne viendra nous déranger pendant la nuit !

Au petit matin, quelques rayons de soleil illuminent le fjord toujours aussi paisible. Nous rangeons la tente et repartons, en longeant la mer pour contourner les hautes herbes. Malheureusement, ces dernières finissent par se dresser devant nous. Pas le choix, nous les traversons pour retrouver la piste qui nous ramène finalement à la voiture.

Nous reprenons alors la route en direction de Seydisfjordur, puis d’Egilsstadir, en nous arrêtant aux différentes cascades que nous croisons. Celles de Vestdalsfossar dans un premier temps, puis celle de Gufufoss.

Nous rejoignons ensuite la route numéro 1, traversons, pour la dernière fois, la ville d’Egilsstadir, quittons la région des fjords de l’Est et partons vers le nord, en direction de Vopnafjordur.

En route vers le cercle polaire et la ville d’Husavik

La route 917, non asphaltée, que nous empruntons, offre d’incroyables points de vue sur la côte. Il s’agit d’une route de montagne qui ferme dès les premières chutes de neige, fin septembre ou début octobre.

Une dizaine de lacets nous permet de passer du bord de mer au col d’Hellisheidi Eystri, à plus de 600 mètres d’altitude. La baie d’Heradsfloi qui se dessine en contrebas dévoile une immense plage de sable noir dont la couleur contraste avec celle de l’océan d’un côté et des herbes de l’autre.

Quelques kilomètres plus loin, en redescendant de l’autre côté du col, le fjord de Vopnafjordur apparaît. Malgré son appellation, son relief peu escarpé et sa largeur font plutôt penser à une baie. Nous poursuivons la route, admirons en chemin la cascade de Gljufursarfoss et atteignons la petite ville blottie sur les rives du fjord.

Nous sommes maintenant devant un dilemme. Dans un premier temps, nous souhaitions poursuivre vers le nord-est de l’île, une région peu peuplée, isolée, hors des sentiers battus, qui offre des paysages sauvages mais moins spectaculaires. Cependant, cela fait déjà plus d’une semaine que nous sommes en Islande. Initialement, nous étions surtout venus pour explorer l’intérieur de l’île !

La décision est donc prise de nous rendre directement dans le nord, découvrir la cascade de Dettifoss et les alentours de Myvatn le lendemain, puis la péninsule de Trollaskagi, avant de plonger vers le centre du pays.

Nous rejoignons la route principale, numéro 1, et arrivons à Husavik deux heures et demie plus tard. Le joli petit port est le principal lieu de départ des safaris d’observation des cétacés en Islande. L’endroit est également connu pour abriter, depuis fin 2017, de magnifiques bassins d’eau de mer chauffée par géothermie (Geosea).

Pour notre part, nous préférons les hotpots « plus naturels » fréquentés par les locaux. Cela tombe bien, nous en avions repéré un, confidentiel, sur les hauteurs du village. Il se trouve au bout de la rue Hofdavegur dont l’embranchement part face au complexe Geosea.

En arrivant, c’est la déception. Le hotpot est clôturé et fermé par une porte cadenassée dont seuls les riverains possèdent la clé… Face à l’afflux de touristes, ces derniers n’ont pas eu d’autre choix pour limiter la fréquentation…

Il est temps de trouver un endroit où passer la nuit. Nous roulons une vingtaine de kilomètres vers le nord, en direction du camping 66.12 North. Ces chiffres correspondent à la latitude et la longitude où il se situe. Nous ne sommes alors qu’à quelques kilomètres du cercle arctique.

Le camping est simple, un vaste pré au bout de la péninsule de Tjornes, mais la vue est splendide. Un propriétaire sympathique, la possibilité de laver les vêtements, les bottes de foin disposées de manière à offrir des emplacements protégés du vent et un joli coucher de soleil sur l’océan finissent de nous convaincre !

A proximité, un petit musée, Manarbakki, donne un aperçu de la vie au début du 20ème siècle dans ces contrées isolées du nord de l’Islande. Les habitations, composées de façades en bois et au toit couvert d’herbe, ressemblent à des maisons de poupées, en contraste total avec la dureté du quotidien à cette époque…


Informations pratiques

Alfacafé (Borgarfjordur Eystri) : 5400 ISK pour deux soupes et des toasts au saumon
Douche camping Egilsstadir : 500 ISK (accessible à tous)
Camping 66.12 North (au nord d’Husavik) : 3000 ISK pour deux personnes, tente, véhicule et douche


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