Des pistes magnifiques. Un volcan impressionnant. Une nuit cauchemardesque.
Dans cet article, nous vous donnons toutes les informations pour découvrir la somptueuse caldeira de l’Askja en Islande. Un périple dans les Hautes Terres à l’est de l’île, sur des pistes peu fréquentées dans un environnement désolé. Il s’agit sans hésitation d’un des plus beaux endroits du pays.
Le lendemain, il fait grand beau au réveil, nous partons vers la caldeira d’Askja. Un long trajet nous attend alors (4 heures) sur des pistes de toute beauté.
Il faudra que nous soyons particulièrement attentifs à notre consommation d’essence. En effet, nous ne sommes pas certains que le réservoir du Duster permette d’effectuer l’aller-retour !
Nous faisons donc le plein à Egilsstadir. Une station-service existe un peu plus loin sur les rives du lac Logurinn. Cependant, elle est souvent fermée. Espérons que nous ne tomberons pas en panne sèche à cause de ces quelques kilomètres supplémentaires !
D’Egilsstadir à l’Askja par la piste F910
Nous empruntons la route 931, longeant les rives du lac jusqu’à son extrémité, puis la 910. Depuis la construction, en 2009, du barrage de Karahnjukar et de la centrale hydroélectrique attenante, cette ancienne piste est asphaltée sur une soixantaine de kilomètres.
L’itinéraire est assez monotone, d’autant plus qu’une brume de beau temps flotte dans l’air et dissimule les reliefs qui s’élèvent dans le lointain.
Dès que nous dépassons le barrage, la route asphaltée se transforme en piste F910. Pendant une centaine de kilomètres, cette dernière traverse de vastes étendues désolées.
Désert de cendre, désert de sable, champs de lave, roche volcanique, rivière, graviers et cailloux. Nous roulons sur des surfaces extrêmement variées qui se succèdent au fil des kilomètres.
Deux gués, avec une hauteur d’eau modérée lors de notre passage, permettent de franchir un cours d’eau. Le trajet est long et fatiguant, mais, pour qui aime conduire, cette piste est un vrai bonheur. Nous avons en permanence l’impression de rouler sur une autre planète, d’autant plus que la circulation est très limitée.
Au second plan ou dans le lointain, des montagnes et volcans apportent du relief et aident à se repérer. L’imposant volcan Herdubreid, reconnaissable entre tous avec son plateau sommital, émerge tel un phare au-dessus de l’horizon.
Un passage dans le sable nous cause quelques frayeurs. Lorsque le vent se lève, ce qui est souvent le cas dans la région, des monticules de sable sont rabattus sur la piste. Par conséquent, le risque d’ensablement s’accroît. Nous traversons la zone concernée, quelques centaines de mètres, à allure modérée, en prenant garde de ne pas nous arrêter. Si la voiture cale, nous risquons de ne pas pouvoir repartir !
Informations pratiques pistes vers l’Askja
Trois accès principaux, uniquement accessibles avec des véhicules tout-terrain, permettent de rejoindre la caldeira de l’Askja.
En général, les pistes ouvrent durant la deuxième quinzaine de juin et sont à nouveau inaccessibles à partir de fin septembre. En juillet, il n’est pas rare de trouver de la neige sur le sentier conduisant au cratère.
F88. Depuis le nord. Temps de trajet plus court mais traversée d’un gué parfois très profond (60-80 centimètres) sur la rivière Lindaa. Le franchir avec un 4*4 basique (de type Duster ou Jimny) est à éviter.
Sinon, la piste est en bon état et relativement facile.
90 kilomètres depuis l’embranchement sur la route 1 jusqu’au camping de Dreki. Compter 2h30. En cas de besoin, il existe une station-service à Modrudalur, peu après le début de la piste F88.
F905. Depuis l’est.
95 kilomètres de l’embranchement sur la route 1 jusqu’au camping de Dreki. Environ 2h30. Pas de difficulté majeure. Quelques gués de profondeur modérée à traverser (pas de problème avec un petit véhicule tout-terrain). Certains passages sur des plaques de lave et des ornières nécessitent de rouler au pas (ou de disposer d’une garde au sol importante).
La station service (Orkan) la plus proche est celle de Skjoldolfsstadir.
F910. Depuis Egilsstadir.
170 kilomètres d’Egilsstadir jusqu’au camping de Dreki. Compter 4 heures. Pas de difficulté majeure. Quelques gués de profondeur modérée à traverser (pas de problème avec un petit véhicule tout-terrain).
Faire le plein du véhicule à Egilsstadir et surveiller la jauge d’essence.
Pour les plus beaux paysages, privilégiez les pistes F905 ou F910.
Finalement, nous atteignons le refuge de Dreki, où nous reviendrons camper ce soir. La piste (qui devient la F894) vers l’Askja se poursuit encore pendant huit kilomètres, au milieu d’un impressionnant champ de lave.
La caldeira d’Askja
Fin de la piste, quelques voitures sont stationnées sur le parking.
Nous marchons en direction du Viti, un cratère volcanique rempli d’une eau chaude et laiteuse. Le sentier se situe au fond de la caldeira d’Askja. Cette dernière est si vaste que nous avons du mal à percevoir sa forme circulaire. La lave et les roches noires et rouges ne trompent pas, nous sommes au milieu d’un ancien volcan !
Des poteaux peints en jaune et placés de manière extrêmement rapprochée indiquent le chemin à suivre. En cas de brouillard, lorsque la visibilité est réduite, il s’agit du seul moyen de retrouver son chemin.
Aujourd’hui, pas de problème, il fait beau.
Cependant, le vent souffle avec force. En outre, il vient du sud, la direction vers laquelle nous nous dirigeons. Nous avançons avec difficulté, luttant contre les éléments et les nuages de sable qui nous fouettent le visage.
Un dernier effort, nous gravissons la petite pente qui doit nous mener sur les flancs du cratère Viti. Les rafales de vent redoublent alors d’intensité. Par conséquent, nous arrivons à peine à tenir debout… Après quelques vaines tentatives pour s’approcher du bord du cratère, nous renonçons. Nous reviendrons le lendemain.
Retour au parking, avec le vent dans le dos, en deux temps trois mouvements.
Puis, nous rejoignons le refuge de Dreki, le seul endroit où il est possible de passer la nuit dans la région. La force du vent nous inquiète un peu, mais une garde du parc national nous rassure. Selon les prévisions, il ne devrait pas forcir dans la nuit. En outre, une paroi rocheuse protège en partie les emplacements de camping.
Nous montons la tente sur la surface caillouteuse, lestons les sardines, formons une barrière avec des pierres et garons la voiture le plus proche possible afin d’être coupé du vent. Entre-temps, les rafales faiblissent. Dans la soirée, nous ne rencontrons pas de problème pour cuisiner et allons nous coucher sereins…
Nuit cauchemardesque
Deux heures plus tard, nous sommes réveillés en sursaut par des rafales de sable qui nous cinglent le visage. La tente est à moitié pliée, un des arceaux est cassé et le sable s’infiltre par les moustiquaires. Impossible de passer la nuit dans la tente dans ces conditions.
Dehors, il fait nuit noire et le vent souffle en rafales d’une force inouïe, soulevant d’impressionnants nuages de sable.
Après réflexion, nous replions rapidement notre tente et allons nous réfugier dans la voiture ! A l’abri dans l’habitacle, nous sommes protégés du sable, mais pas du vent. La voiture tangue de plus en plus. La nuit s’annonce cauchemardesque.
Pendant ce temps, les autres campeurs émergent, ahuris, de leur tente. Plusieurs vont s’abriter dans les sanitaires du refuge. Les rafales arrachent une tente de toit. Ses occupants n’arrivent pas à la replier, pour éviter que les dégâts n’empirent et se réfugient à leur tour dans leur voiture.
C’est l’affolement général, le terrain de camping ressemble alors à un champ de guerre.
Les gens remuent dans tous les sens, pliés en deux pour lutter contre les bourrasques, dans la lueur de leurs lampes frontales. Les nuages de sable fouettent tout sur leur passage, personnes, véhicules, matériel… Certains déplacent leur voiture pour aller se garer le long des rares constructions de la zone.
Finalement, une lueur d’espoir apparaît. Des lampes s’allument dans un bâtiment en construction à proximité. Un ouvrier ouvre la porte et encourage les naufragés de la nuit à se réfugier à l’intérieur. Il s’agit d’une extension du refuge existant et, coup de chance, il y a même les futurs matelas, empilés dans une pièce.
L’information circule rapidement, tout le monde s’y abrite. Il est trois heures du matin. Dehors la tempête fait rage, les murs du bâtiment tremblent, mais nous sommes en sécurité…
Au petit matin, après quelques heures de sommeil, il est temps de mesurer l’étendue des dégâts. Notre arceau de tente cassé n’est pas réparable en l’état mais aucune autre mauvaise surprise n’est à déplorer. Le reste de notre matériel, tapis de sol, sac de couchage, …, n’a pas trop souffert. La voiture n’a pas été rayée par les rafales de sable (en outre, nous avions pris une assurance contre les tempêtes de sable).
Pendant ce temps, les rangers font le tour du campement et semblent découvrir avec surprise les événements de la nuit… Après un rapide petit-déjeuner, nous nettoyons le sable qui, mélangé à l’humidité de la nuit, s’est déposé sur nos affaires.
Le vent s’est un peu calmé et il a changé de direction. Après notre échec de la veille, nous tentons à nouveau de nous approcher du Viti.
Informations pratiques randonnée vers l’Askja
Depuis le camping de Dreki, 8 kilomètres de piste (F894, aucune difficulté, pas de gué) jusqu’au parking de l’Askja.
Puis, 2 kilomètres et demi de marche jusqu’au cratère Viti et son lac aux eaux laiteuses. Idem au retour. Compter 1h30 à 2h au total compte-tenu des arrêts et de la marche parfois éprouvante avec un fort vent de face. Terrain plat (à l’exception de la courte montée finale).
Sentier parfaitement balisé. Cependant il est possible de se perdre en cas de brouillard ou de temps maussade.
L’Askja est également accessible à pied depuis le camping Dreki. Environ 8 kilomètres et 2 heures de marche aller.
Caldeira d’Askja, 2ème tentative
Nous atteignons le bord du cratère et découvrons, en contrebas, le lac circulaire. Sa couleur, laiteuse, contraste fortement avec celle, bleu océan, du lac Oskjuvatn qui occupe la caldeira en arrière-plan.
Cette dernière est si vaste que les eaux du lac forment des vagues qui déferlent contre ses parois. Toute la puissance et la nature brute des paysages islandais s’exprime devant nous.
Il est possible de se baigner dans les eaux tièdes, aux alentours de 25 degrés, du Viti. Cependant, la tempête nous dissuade de tenter cette aventure probablement inoubliable.
Nous aimerions rester plus longtemps, mais nous devons renoncer, au terme d’une lutte acharnée contre les rafales de vent !
Vers Egilsstadir
Retour au parking, puis nous reprenons la piste F910, en sens inverse à celui parcouru la veille. Les mêmes magnifiques étendues désolées défilent à travers les fenêtres. Nous avons toujours autant de plaisir à rouler au milieu des cendres, du sable, de la lave et la roche…
Une cabane triangulaire, refuge bienvenu lorsque le temps se dégrade, nous permet de nous abriter pour déjeuner. Le vent, s’il souffle moins fort que pendant la nuit, reste bien présent.
Nous atteignons, à proximité du barrage de Karahnjukar, la source chaude de Laugavellir, où nous n’avons malheureusement pas le temps de nous arrêter. En effet, nous devons rejoindre Egilsstadir et réparer notre tente avant l’heure de fermeture des commerces.
Pour cela, tentons notre chance dans le seul magasin de bricolage de la région, Husasmidjan. Nous éprouvons une nouvelle fois la gentillesse des islandais. Après avoir pris connaissance de notre problème, plusieurs employés du magasin cessent leur activité et parcourent les lieux à la recherche d’une solution de secours. Nous repartons, avec des tubes en plastique et en acier de plusieurs longueurs et diamètres, gracieusement offerts.
Finalement, la capacité du réservoir d’essence du Duster s’avère largement suffisante pour couvrir le trajet aller-retour vers l’Askja. Nous avons atteint Egilsstadir sans rouler sur la réserve.
Pas d’hésitation pour savoir où dormir ce soir, le camping Skipalaekur sera parfait. Après une lessive, une bonne douche et avoir réparé notre arceau de tente, les mésaventures de la nuit précédente sont presque oubliées !
Informations pratiques
Camping Dreki (à proximité de l’Askja) : 5000 ISK (pour deux personnes), 500 ISK pour la douche
Camping Skipalaekur (Egilsstadir) : 3500 ISK (tente, 2 personnes, véhicule, douche incluse)