Vers l’Argentine. Un poste frontière isolé. Des centaines de guanacos.

Dans cet article, nous traversons le parc Patagonia en direction de l’Argentine. Nous effectuons nos derniers kilomètres sur la route australe puis franchissons la frontière au poste isolé de Paso Roballos. De part et d’autre de la piste, nous découvrons des centaines de guanacos.

Pour nos dernières heures au Chili, le temps est couvert. Et, contrairement à la veille, les nuages ne se disloqueront pas au fil de la matinée.

Vous pouvez retrouver l'article précédent : Du lac General Carrera à Cochrane


Nous quittons ainsi les rives de la rivière Baker et empruntons la piste X-83 qui mène au poste frontière du Paso Rodolfo Roballos. Soixante-quinze kilomètres à travers le parc Patagonia, dans un cadre magnifique.

Dans le parc Patagonia, secteur Vallee Chacabuco

Vastes steppes, forêts, montagnes et lacs, il s’agit certainement d’un véritable condensé de Patagonie. Sans oublier une faune abondante entre renards, guanacos, nandous, flamants roses et, bien plus compliqués à observer, des huemuls. Des cervidés andins, classés comme espèce en danger d’extinction.


Informations pratiques parc Patagonia, secteur Vallée Chacabuco

Ouvert de 8h30 à 18 heures.
Droit d’entrée : 9000 pesos par personne. Il s’applique uniquement pour effectuer des randonnées dans le parc.
Il est possible d’emprunter la route X-83 qui traverse le parc sans payer le droit d’entrée, à condition de ne pas s’arrêter. La route X-83 débute, 17 kilomètres au nord de Cochrane, en face de la confluence entre les rivières Baker et Chacabuco.

Il convient (pour ceux qui souhaitent y randonner ou dormir) de réserver son entrée en amont sur le site officiel : aspticket

Trois zones de camping existent dans le parc. 8000 pesos par personne et par nuit. Ouvert d’octobre à avril.

Plus d’informations, en particulier sur les nombreuses randonnées du parc, sur les sites CONAF et Ruta de los Parques


Plus tard, le paysage présente des déclinaisons de vert et de jaune, à peine interrompues par le blanc cassé de la piste qui le sillonne. Les carcasses d’arbres morts se dressent encore au-dessus de vastes étendues à la végétation sèche, de touffes d’ichu et d’arbustes qui tentent de résister au vent qui balaie la région.

Dans cet environnement rude marchent nonchalamment des animaux aux pattes blanches, au corps camel et au long cou. Des guanacos. Cousins des lamas, alpagas et vigognes qui vivent à des milliers de kilomètres plus au nord, dans les Andes boliviennes et péruviennes.

Cousins également des chameaux et dromadaires. D’ailleurs, en y regardant de plus près, la similitude avec les autres camélidés s’exprime à travers leur démarche et leur museau.

Après avoir observé des scènes de vie des guanacos, un petit qui tète sa mère, un mâle solitaire qui tente de s’inviter dans le groupe avant d’être repoussé par le mâle dominant, d’autres qui broutent paisiblement, nous poursuivons la route.
La piste, très peu fréquentée, descend alors vers le lit de la rivière Chacabuco avant de la longer.

La vallée éponyme s’élargit ensuite. Des plantes sont en pleine floraison, tapissant le fond de la vallée de jaune. Les guanacos sont partout, nous avons depuis longtemps renoncé à les compter. Un lac asséché a laissé son empreinte, en déposant des sédiments blanchâtres au pied des montagnes.

Il fait froid. D’ailleurs les nuages qui s’accrochent aux sommets alentour déposent une fine couche de neige qui saupoudre les plus hautes éminences.

Paso Roballos, un poste frontière désolé

Au bout du monde, là où le vent, déjà puissant, se renforce davantage, dans un lieu désolé où personne ne vit, nous atteignons le poste frontière chilien.
Quatre baraquements en tôle, une barrière fermée avec un cadenas pour empêcher le passage. De grandes antennes qui ploient sous les bourrasques incessantes.

Nous entrons alors dans le premier bâtiment, réchauffé par un poêle à bois. Trois douaniers se tournent les pouces en attendant les rares véhicules qui passent par là. Les formalités de sortie du territoire sont rapidement effectuées, à savoir, quelques coups de tampons sur le passeport et les papiers de la voiture.

Nous franchissons donc la barrière et entrons dans un certain « no man’s land ». Nous ne sommes plus au Chili mais pas encore entrés en Argentine.


Informations pratiques poste frontière Paso Roballos

Le poste frontière de Paso Roballos est si petit et peu fréquenté qu’il ne figure même pas sur le site officiel chilien Pasos Fronterizos !

Il est cependant bien ouvert, toute l’année, de 8h à 20h (fuseau horaire argentin) sauf en cas de chutes de neige.
La piste X-83 qui y conduit est praticable en été avec un van ou un véhicule classique. En hiver, il est fortement recommandé de disposer d’un véhicule tout-terrain.

Le site officiel du gouvernement argentin met à jour quotidiennement le statut (ouvert/fermé) du passage frontière : Paso Rodolfo Roballos

Il s’agit probablement du seul poste frontière de ces deux pays où, faute de réseau internet, les formalités d’entrée et de sortie ne s’effectuent pas informatiquement. Par conséquent, les douaniers tamponnent encore les passeports (ce qui laisse un joli souvenir !).


Une dizaine de kilomètres plus loin, la république d’Argentine nous souhaite la bienvenue. Le poste frontière est plus petit, plus rustique et vétuste.

Nous appréhendons les formalités d’entrée. En effet, les douaniers chiliens sont extrêmement procéduriers et, par effet miroir, leurs homologues argentins le sont également. D’ailleurs la liste des produits alimentaires qui sont interdits lors du passage de frontière est extrêmement longue. Par conséquent, une fouille approfondie du véhicule n’est pas à exclure.

Le douanier, il est seul, nous accueille froidement. Une affectation dans ce coin perdu ne semble pas le réjouir.
Nous pénétrons alors dans le bâtiment, spartiate. Un bureau, deux chaises en bois, des portraits défraîchis aux murs et de la musique techno à plein volume !
Il prend nos passeports, les papiers de la voiture, s’absente quelques minutes avant de revenir en nous annonçant que tout est en règle et que nous pouvons passer. Finalement, moins de dix minutes après notre arrivée, nous repartons !

Premiers pas en Argentine

Il est alors plutôt étrange de pénétrer dans un nouveau pays, loin de toute civilisation. Nous ne disposons pas de pesos argentins, les distributeurs de billets étant bien évidemment absents dans la région. Nos cartes Sim chiliennes ne fonctionnent plus, le réseau téléphonique et internet nous est par conséquent inaccessible. Enfin, nous ne savons même pas quelle est l’heure, puisque nous ignorons si Chili et Argentine sont sur le même fuseau horaire !


Informations pratiques heure au Chili et en Argentine

En Argentine, cela est simple, le fuseau horaire est GMT-3 et il n’y a pas de changement heure d’hiver/heure d’été.
Entre fin mars et fin octobre il y a donc 5 heures de décalage avec la France.
Entre fin octobre et fin mars, le décalage est de 4 heures.

Au Chili, cela est plus complexe !
Le pays applique le changement heure d’été/heure d’hiver mais à un rythme différent de celui pratiqué en France.
Ainsi, de début novembre à fin mars, il y a 4 heures d’écart (“de retard”) avec la France.
La dernière semaine de mars et en septembre-octobre le décalage est de 5 heures.
Enfin, de début avril à fin août, il y a 6 heures d’écart.


Dès les premiers kilomètres sur le sol argentin, le paysage devient encore plus aride, plus désertique. De toute évidence, tout est sec, rocailleux à perte de vue. Les touffes d’herbe, grillées par le soleil, se font rares. Les arbustes disparaissent. Les collines sont pelées, poussiéreuses. Nous traversons ensuite des canyons aux parois de roche rouge.

La piste devient alors cassante, parsemée d’une multitude de pierres auxquelles il faut faire attention. Aucun animal ne semble vivre dans cet environnement hostile.

A l’exception de nandous en réalité, dont six ou sept spécimens déguerpissent à vive allure, en dodelinant de l’arrière train, à notre approche.
Capable de pointes de vitesse à plus de 60 kilomètres par heure, ce cousin de l’autruche, oiseau dépourvu de la capacité de voler, possède une particularité. De fait, ce sont les mâles qui s’occupent de l’incubation des oeufs et de l’éducation des petits après leur naissance.

Par la suite, au milieu de cet environnement minéral à l’infini, un grand lac turquoise apparaît, tel un mirage dans le désert. Les éclaircies, qui se sont imposées depuis que nous sommes passés en Argentine, illuminent sa surface et révèlent son incroyable coloration.

A l’écart de la piste, notons que plusieurs emplacements pourraient constituer de formidables endroits pour passer la nuit. Malheureusement, le vent souffle avec une telle violence que nous n’imaginons pas rester.

Nous poursuivons, au milieu de ces paysages, certes beaux mais monotones. Plus loin, nous entrons dans l’enceinte du parc Patagonia qui s’étend des deux côtés de la frontière.
Le camping sauvage y est donc interdit.

Heureusement, une zone a été récemment aménagée, au lieu-dit « El Sauco ». Un bureau des gardes-parcs fournit toute l’information nécessaire à la découverte de la région. En outre, des emplacements, protégés du vent par une palissade d’arbres, pour tentes et véhicules permettent d’y passer la nuit.


Informations pratiques parc Patagonia, côté Argentine

Droit d’entrée : gratuit (comme la quasi-totalité des parcs nationaux argentins).

Camping : seulement autorisé à El Sauco. Pour tentes et vans. Gratuit. Emplacements herbeux coupés du vent. Point d’eau. Toilettes sèches.
L’accès se fait par la piste 41. Sur cette dernière, 17 kilomètres environ après l’extrémité du lac Ghio (ou une distance équivalente en venant de la route 40), une piste bifurque sur la droite. Le campement El Sauco (à 7 kilomètres de distance) est indiqué.

Plus d’informations sur le parc Patagonia Argentine sur le site officiel du parc Parque Patagonia Argentina et sur le site des parcs nationaux argentins Argentina.gob


A proximité coule le Rio Blanco. Contrairement à ce que cette appellation laisse certainement penser, la rivière n’est pas blanche. Par contre, peut-être tire-t-elle son nom des galets blanchâtres qui tapissent son lit.

Un panneau d’information signale la présence potentielle de pumas dans les environs et donne, plus précisément, des conseils en cas de rencontre.
Si les premiers – faire face à l’animal, le regarder dans les yeux, paraître plus gros qu’on ne l’est, agiter les bras – ne fonctionnent finalement pas, il ne reste plus qu’une solution « combattre vigoureusement » !
Tout compte fait, notre envie d’apercevoir cet animal mythique de Patagonie vient de s’envoler.


Informations pratiques

Poste frontière « Paso Rodolfo Roballos ». Ouvert de 8h à 20h. Très peu fréquenté. Formalités rapides des deux côtés.
Camping parc Patagonia (Argentine) : seulement autorisé à El Sauco. Pour tentes et vans. Gratuit. Emplacements herbeux coupés du vent. Point d’eau. Toilettes sèches.


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