Sublimes volcans enneigés, sources chaudes et villageois alcoolisés.

Dans cet article, nous vous donnons toutes les informations pour découvrir le parc national Sajama en Bolivie. Situé à proximité de la frontière chilienne, il s’agit d’un trésor encore méconnu, offrant pourtant de superbes paysages aux téméraires qui s’y aventurent. Volcans enneigées, vastes étendues désertiques de l’Altiplano, geysers, sources chaudes mais également la forêt la plus haute du monde.

Volcans Parinacota et Pomerape

Trajet vers le parc national Sajama

Réveil aux aurores. Nous trouvons ensuite, sans difficulté (depuis le “terminal de Omnibuses” de Oruro, situé calle 21 de enero), un transport en direction de Patacamaya. Deux heures de trajet sur une route rectiligne.

Les nombreux panonceaux et les murs des maisons ornés de la tête d’Evo Morales ne trompent pas. La région est très majoritairement en faveur du président sortant. C’est certainement la raison qui explique l’absence de blocages et de manifestations.

La petite ville de Patacamaya s’est développée autour d’un important carrefour routier. Effectivement, les deux principales routes de l’ouest de la Bolivie, celle reliant La Paz à la frontière argentine et celle menant au port d’Arica, sur la côte chilienne, se croisent dans cette petite localité poussiéreuse.

Notre chauffeur nous dépose, puis nous nous dirigeons vers la route qui conduit à la frontière avec le Chili et au parc de Sajama, notre prochaine étape. Les rues sont en pleine effervescence. L’endroit est déjà animé en temps normal, mais, qui plus est, nous sommes en pleine période de la Toussaint. Les habitants achètent fleurs, bonbons, fruits, biscuits pour décorer les tombes. La célébration débute pendant la journée du 1er novembre, mais les visites dans les cimetières ont majoritairement lieu le lendemain.

Un minibus s’arrête à notre hauteur, le conducteur nous demande si nous souhaitons nous rendre à Sajama ! Comment a-t-il deviné ? Probablement car il s’agit de la seule raison valable pour des gringos de s’arrêter à Patacamaya ! A la sortie de la ville, des locaux embarquent dans le véhicule. Leurs familles sont originaires de Sajama, par conséquent, certains retournent dans le petit village pour honorer leurs ancêtres (et boire des litres de boissons alcoolisées comme nous le découvrirons plus tard…).

Arbustes. Parc national de Sajama

Comment se rendre dans le parc national Sajama ?

Il y a deux possibilités pour se rendre dans le village de Sajama, au coeur du parc national.

1/ Prendre un transport jusqu’à la ville de Patacamaya.

Depuis La Paz, les bus vers Patacamaya (ou vers Oruro) partent du terminal de bus. Tarif : 20 bolivianos.

Puis, à Patacamaya, un unique minibus assure un trajet quotidien vers le village de Sajama. Il part en milieu de journée (c’est-à-dire entre 10h30 et 15h !) lorsqu’il est plein. Pour être sûr d’avoir une place il est ainsi recommandé d’arriver avant 10 heures. Tarif : 30 bolivianos.
Le samedi est jour de marché, il est donc possible de ne pas avoir de place dans le véhicule.

Si le minibus est complet ou déjà parti, il est néanmoins possible de rejoindre l’embranchement de Sajama (à 12 kilomètres du village, voir ci-dessous) en stop. Il faut se poster, près du grand rond-point à l’entrée de Patacamaya, le long de la route qui conduit à la frontière chilienne.

2/ prendre un bus depuis La Paz en direction de la ville d’Arica au Chili. Ensuite, descendre en chemin à l’embranchement vers le village de Sajama (une vingtaine de kilomètres avant d’atteindre la frontière). Les chauffeurs vous déposeront au bon endroit !
Parfois, des taxis attendent à l’embranchement. Sinon, il faut attendre (parfois pendant longtemps) qu’un véhicule emprunte la piste vers le village. Ou marcher jusqu’à Sajama, il y a 12 kilomètres, parfaitement plats.

Une alternative est de descendre du bus à la frontière de Tambo Quemado. Des taxis attendent le client et peuvent ainsi vous conduire à Sajama (comptez entre 60 et 80 bolivianos pour le véhicule).


La route, rectiligne, traverse l’altiplano, vaste étendue semi-désertique. Seuls quelques touffes d’herbe et de rares petits arbustes parviennent à pousser sur le sol rocailleux. Nous croisons de nombreux camions, l’axe routier permet en effet de ravitailler La Paz depuis Arica et, dans l’autre sens, d’exporter du minerai vers le port chilien.

Puis, après une heure de route, nous apercevons une montagne coiffée de neige émerger au-dessus de l’horizon. Il s’agit du volcan Sajama, le plus haut sommet de Bolivie, notre destination finale. Son altitude impressionnante (6542 mètres) et l’absence de relief alentour le rendent visible de loin, néanmoins il se situe encore à plusieurs dizaines de kilomètres.

Quelques passagers descendent en chemin, dans un des petits villages qui s’égrènent le long de la route rectiligne.
Le majestueux volcan se rapproche peu à peu. Plus tard, une chaîne de montagnes se dessine au second plan. Elle marque la frontière avec le Chili. Quelques kilomètres avant de l’atteindre, nous quittons la route asphaltée et bifurquons sur une piste en direction du village de Sajama.

Arrivée dans le village de Sajama

Nous découvrons le petit village de Sajama, niché au pied du volcan du même nom. De l’autre côté, en direction du Chili, s’élèvent les deux volcans jumeaux Pomerape et Parinacota. Le cadre est grandiose.

Les ruelles du village sont désertes, ainsi tout le monde semble s’être donné rendez-vous au cimetière. En effet, la musique locale envahit l’air et les bouteilles d’alcool y passent de main en main.

Nous nous dirigeons vers la Posada Panatura de Mario y Ana, du nom des propriétaires. Il s’agit d’un hébergement rudimentaire mais disposant du confort minimum (lit avec de chaudes couvertures, un peu d’eau chaude). Les commentaires, élogieux, d’autres voyageurs, nous ont incité à y loger. En outre, Mario est un guide de haute montagne et les possibilités d’ascension de volcan ne manquent pas dans la région.

Nous sommes alors accueillis par une fillette de sept ou huit ans. Pour le moment, les adultes sont absents, ils participent à la fête. Nous prenons donc une chambre et partons à la recherche d’un endroit où déjeuner. Plusieurs maisons et boutiques présentent des panonceaux indiquant “Restaurante”, mais leurs portes sont closes. Une minuscule épicerie est ouverte, la propriétaire, une mamie, propose de nous cuisiner un plat.

L’après-midi, le temps est maussade. Des grondements de tonnerre se font entendre. Puis, quelques gouttes de pluie humidifient l’atmosphère. Malgré tout, la fête se poursuit dans le cimetière, le village est une nouvelle fois désertique.

Le soir, Mario et Ana sont toujours invisibles. Nous devons donc nous débrouiller pour dîner, ce qui n’est pas une mince affaire dans ce village sans vie. Une unique épicerie est ouverte. La commerçante fait chauffer de l’eau, sans tarder, nous avalons des nouilles instantanées.

Le lendemain, nos hôtes fantômes sont encore une fois introuvables et la petite gamine n’a aucune idée de l’endroit où ils sont, ni quand ils réapparaîtront. Déçus et en colère, nous décidons de quitter les lieux et trouvons refuge dans l’hôtel Oasis, à l’entrée du village. Au moins ici il y a du monde et du wifi ! Pouvoir accéder à internet fut anecdotique jusqu’à maintenant, mais, confrontés à la situation extrêmement chaotique du pays, nous apprécions de pouvoir suivre l’actualité au jour le jour.

Pendant les quelques jours passés à Sajama, les violences atteignent la ville de La Paz, où les partisans et opposants d’Evo Morales s’affrontent. Des dizaines de blessés et deux morts sont ainsi à déplorer. La contestation s’étend et se radicalise jour après jour. Le président sortant parle de coup d’État, l’opposition réclame un nouveau scrutin. Par conséquent, les appels à une grève illimitée se multiplient, la circulation est coupée sur de nombreux axes routiers, de nouvelles villes font l’objet de blocages…

Nous passons quatre jours dans le parc de Sajama, à explorer les alentours du village.


Informations pratiques parc national Sajama

Tarif : 100 bolivianos par personne. A payer à l’entrée du parc. Il arrive cependant régulièrement que les gardes-parcs soient absents.

Hébergement et restauration.
De nombreux hébergements permettent de passer la nuit.
Chez l’habitant (20 bolivianos par personne) pour un confort très sommaire.
Dans les petits hôtels tenus par les différents guides de haute montagne du village, hostal Oasis, hostal Parinacota, Posada Mario y Ana. Eau chaude. Parfois du wifi. Entre 50 et 70 bolivianos pour une chambre matrimoniale.
Dans l’hôtel Sajama. Plus cher (environ 90 bolivianos pour une chambre matrimoniale).

Les différents hôtels du village proposent aussi un service de restauration. 25 bolivianos par repas.
Sinon, les personnes qui tiennent les épiceries peuvent vous préparer à manger, pour 15 bolivianos. Il faut seulement les prévenir quelques heures à l’avance.

Epiceries. Il y a plusieurs épiceries à Sajama, avec un choix très restreint de produits. Quelques boîtes de conserve et de thon, des nouilles instantanées, des pommes de terre et bananes, du pain de temps en temps. Au niveau des boissons, sodas, bières et bouteilles de vin.


Le parc national Sajama occupe un vaste plateau sablonneux et couvert de touffes d’ichu, qui s’étend autour du volcan dont il porte le nom. Le principal village est donc celui de Sajama, 200 habitants.
Quelques dizaines de constructions en brique de terre et toit en tôle, un collège accolé à un terrain de football et une église typique présentant des murs enduits d’une chaux qui se délite et un toit de chaume.

D’autres hameaux, occupés par des éleveurs, sont éparpillés en outre dans cette région semi-désertique. Des dizaines de lamas, la principale ressource des habitants, vagabondent dans les environs avec en toile de fond des volcans enneigés.
D’un côté, le Sajama, qui s’élève fièrement au-dessus de l’Altiplano. De l’autre, une chaîne de montagnes, dont plusieurs dépassent les 6000 mètres d’altitude, qui marque la frontière avec le Chili. Deux sommets se distinguent, les volcans jumeaux Pomerape et Parinacota.


Que faire dans le parc national Sajama ?

Découvrir les geysers de Juchusuma. Quelques marmites de boue et bassins d’eau bouillante mais également une source chaude.

Courir après les lamas ! Des centaines de camélidés, lamas, alpagas et vigognes, gambadent ainsi dans les alentours du village.

Monter au mirador Monte Cielo. Belle vue sur le Samaja et l’Altiplano.

Louer un vélo pour parcourir les pistes de l’Altiplano en direction du lac Huaynacota ou du hameau de Tomarapi.

Se baigner dans des sources chaudes. Plusieurs possibilités autour du village.

Pratiquer l’alpinisme. Pour les plus expérimentés, nul doute que le Parinacota, le Pomerape ou le Sajama constituent de beaux objectifs. L’Acotango est quant à lui plus accessible, tout en offrant un magnifique panorama.

On vous dit tout dans l’article : Ascension de l’Acotango

La mamita cuisinière

Au hasard de nos pérégrinations dans le village et de notre recherche, presque désespérée, d’un endroit où nous restaurer, nous rencontrons une adorable mamita qui est par la suite devenue notre cuisinière attitrée !

Elle tient un petit commerce “tienda alojamiento Alpaquita” (un condor et un lama sont peints sur la façade) à côté de l’église, prépare des repas à la demande, loue des chambres et s’occupe également d’une boutique de lainages artisanaux.

Nous avons adoré les crêpes préparées pour le petit-déjeuner et les plats à base de pommes de terre, poulet, frites, quinoa ou lama, sans oublier les pâtes sauce bolognaise (la veille de l’ascension de l’Acotango !), qu’elle nous a cuisiné.

Pendant que nous dinions, son mari, un vieux monsieur sourd comme un pot, regardait des clips de musique traditionnelle, l’oreille collée à l’antique poste de télévision pour tenter de percevoir les douces mélodies (question de goût ! ) qui s’en échappaient.


Geysers de Juchusuma

Les geysers de Juchusuma sont situés à huit kilomètres à l’ouest du village de Sajama. Pour s’y rendre, il faut quitter le village en longeant l’église, traverser le pont qui enjambe la rivière puis suivre la piste jusqu’à bout. Impossible de se perdre.

La progression sur une surface sablonneuse est, par moment, fatigante. Le chemin longe une petite vallée dans laquelle lamas et, avec de la chance, vigognes viennent s’abreuver et brouter de la mousse et des herbes plus vertes qu’ailleurs.

L’itinéraire est assez monotone, même si nous ne quittons pas du regard les majestueux volcans Parinacota et Pomerape, à l’aller, et le volcan Sajama, au retour.

En arrivant à proximité du site, une odeur de souffre se fait sentir. Une dizaine de “geysers”, marmites de boue et bassins d’eau bouillante sont éparpillés sur le site. De la vapeur s’échappe de certains tandis que d’autres présentent un fantastique dégradé de couleurs.

Il est possible de se baigner dans la petite rivière, alimentée par l’eau chaude des geysers, en contrebas, même si trouver la portion adéquate n’est pas si simple ! En effet, en amont, la température de l’eau est trop chaude. En aval, elle se rafraîchit rapidement. Entre les deux il y a des cailloux !

Mirador Monte Cielo

Le mirador Monte Cielo domine le village, en direction du volcan Sajama.

Le chemin, rectiligne, se dirige vers une petite colline à proximité et grimpe droit dans la pente. Il traverse alors une forêt de quenuas, des arbustes poussant jusqu’à 4600 mètres d’altitude.

Moins d’un kilomètre de marche, mais 300 mètres de dénivelé, pour parvenir au sommet et bénéficier d’une vue à 360 degrés sur l’Altiplano bolivien !

D’un côté, vers l’est, le Sajama émerge entre deux monts. De l’autre, vers l’ouest, la chaîne de montagnes et volcans qui sépare la Bolivie et le Chili s’étend à perte de vue. Pomerape et Parinacota en face, Acotango plus au sud…

Louer un vélo

Il est possible de louer des vélos à l’hostal Sajama, situé à l’entrée du village. Tarif : 35 bolivianos pour la journée.

C’est certainement la meilleure solution pour se rendre au hameau de Pomarapi, à 18 kilomètres de distance, en contournant le majestueux volcan Sajama. Sur la même piste, le lac Huaynacota, à 12 kilomètres constitue également un objectif intéressant. Au retour, possibilité de se baigner dans les sources chaudes de Colchapata.

Sources chaudes

Un des plaisirs du parc de Sajama est sans doute de se baigner dans des sources chaudes naturelles, liées à l’activité volcanique de la région. Plusieurs sont ainsi dispersées dans les environs.

Les thermes de Colchapata sont les plus connus et les seuls aménagés.
Vestiaires pour se changer, prêt de serviette, bassin en ciment. 30 bolivianos l’entrée.

Ils sont situés à environ 6 kilomètres de Sajama. Pour s’y rendre, il faut suivre la piste qui conduit vers Tomarapi puis bifurquer sur la gauche (la direction des thermes est indiquée) après 4 kilomètres.
Mentionnons que, quelques centaines de mètres avant d’arriver aux thermes, un bassin permet de profiter de sources d’eau chaude dans des conditions plus sommaires. Il appartient cependant à la communauté locale, ne soyez pas surpris si on vient vous demander de payer le droit d’entrée !

Des sources non aménagées (mais difficiles à localiser) sont accessibles en poursuivant la piste vers Tomarapi. Un peu plus de 2 kilomètres après la bifurcation pour les thermes de Colchapata (donc à environ 6 kilomètres de Sajama), plusieurs pistes partent vers la gauche. Elles conduisent toutes à une rivière d’eau chaude et quelques bassins où il est par conséquent possible de se baigner. Leurs coordonnées sont approximativement : 18°04’54.4″S 68°58’13.2″W

D’autres sources sont également situées à proximité du hameau de Tomarapi.


Comment quitter le parc national Sajama ?

Un minibus assure le trajet quotidien vers Patacamaya. Départ très matinal à 5h30. Horaire à confirmer auprès du conducteur à l’aller.

Sinon, pour partir en journée, il faut demander aux propriétaires d’un véhicule de vous conduire à l’embranchement avec la route asphaltée. Tarif : 50 bolivianos pour le véhicule. Puis, faire du stop vers Patacamaya. La route, qui vient du Chili, est fréquentée. En outre, Les camionneurs acceptent la plupart du temps les passagers. Sinon, des bus circulent également.


Informations pratiques

Minibus Oruro – Patacamaya : 15 bol. par personne
Minibus Patacamaya – Sajama : 30 bol. par personne
Posada Panatura de Mario y Ana, chambre double : 70 bol.
Hôtel Oasis, chambre matrimoniale : 100 bol.
Thermes de Colchapata : 30 bol. par personne
Tienda alojamiento Alpaquita : 15 bol. pour petit-déjeuner, déjeuner ou dîner


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