Dans les Hautes Terres. Extraordinaires pistes. Ambiance de fin du monde.

Dans cet article, nous découvrons les colonnes basaltiques de la plage de Reynisfjara. Puis, nous quittons la côte du sud de l’Islande pour nous aventurer dans les Hautes Terres. Un merveilleux périple sur les pistes du centre de l’île, F208 et F235, vers le paisible lac de Langisjor. Une randonnée vers le sommet du Sveinstindur nous offre de somptueux points de vue sur la région. Enfin, nous passons la nuit au milieu de nulle part.

Colonnes de basalte de Reynisfjara

Au réveil, le premier réflexe est de jeter un œil aux prévisions météorologiques. Aucune goutte de pluie n’est prévue dans les deux prochains jours. En outre, élément le plus important depuis notre nuit cauchemardesque à l’Askja, le vent devrait rester modéré.

Il est donc temps de nous aventurer sur les pistes du centre de l’île. L’idée est d’emprunter la magnifique piste F208 Sud, puis de nous diriger vers le lac de Langisjor pour y passer la nuit, avant de poursuivre vers le Landmannalaugar le lendemain.

Avant cela, nous effectuons un petit détour vers la plage de Reynisfjara. Malgré l’heure matinale, nous ne sommes pas seuls ! L’endroit, comme toutes les attractions naturelles dans les environs de Vik, a gagné en popularité ces dernières années. Il faut dire que le cadre est magnifique.

Une falaise de colonnes de basalte s’élève au-dessus d’une plage de sable noir qui s’étend à l’infini vers l’Ouest. Des oiseaux de mer qui nichent dans les environs survolent les lieux, luttant contre les rafales de vent.

Le calme apparent de la mer, grise comme le ciel, est cependant trompeur. Régulièrement des vagues sournoises, que rien ne distingue des autres à première vue, déferlent sur le rivage et menacent d’emporter vers le large certains imprudents. Malgré les panneaux signalant le danger, les incidents ne sont pas rares et plusieurs touristes sont morts ces dernières années.

A proximité, trois pitons rocheux émergent des flots. Il s’agit, selon les légendes locales, d’anciens trolls transformés en pierre.

Colonnes de basalte de Reynisfjara

Sur la piste F208

Nous revenons ensuite sur nos pas, avant de nous engager sur la piste F208 Sud. Cette dernière s’enfonce dans la région, inhabitée, dite des Hautes Terres, au milieu d’un décor de toute beauté.

De nombreux gués, dont certains peuvent intimider les conducteurs lorsque les rivières sont hautes, ponctuent l’itinéraire. Lorsque nous l’empruntons, le niveau de l’eau est bas et les différentes traversées s’effectuent sans aucun problème.


Informations pratiques pistes des Hautes Terres

S’aventurer dans le centre de l’Islande, dans la région dite des Hautes Terres nécessite un véhicule tout-terrain.

Pour emprunter les pistes F208, qui conduit au Landmannalaugar, F223 vers la faille d’Eldgja et F235 en direction du lac de Langisjor, une voiture 4*4 de petit gabarit (type Duster ou Jimny) est, la plupart du temps, suffisant.

Ces pistes ne présentent pas de difficulté particulière. Seul le passage de gués peut poser problème en cas de fort courant. Cet événement est peu fréquent sur les pistes mentionnées et survient en cas de fonte de neige supérieure à la normale (lors d’épisodes de chaleur) ou lors d’une éruption sous un glacier.

Dès les premières chutes de neige et pendant la période hivernale, les pistes sont fermées à la circulation. Leur ouverture dépend ensuite de la fonte de la neige. En règle générale, les pistes F208 Sud et F235 ouvrent durant la 2ème quinzaine de juin.

Dans le détail :
Piste F208 Sud. Magnifique. Nombreux gués à traverser. Un seul gué est parfois profond, en approchant de la faille d’Eldgja.
Pas d’autre difficulté. Piste agréable à conduire.

F223 vers la faille d’Eldgja. 1,5 kilomètre de l’embranchement de la F208 jusqu’au parking à l’extrémité de la piste. Pas de gué, ni de difficulté.

Piste F235 vers Langisjor. Un vrai billard ! Aucune difficulté. 30 à 40 minutes de l’embranchement (depuis la F208) jusqu’au lac. Paysages magnifiques. Beaucoup de plaisir dans la conduite. Certainement une des plus belles pistes d’Islande.

Toutes les informations sur l’état des routes et pistes islandaises : Road.is


De part et d’autre de la piste, des collines couvertes de mousse, dont la couleur varie du jaune au vert fluorescent, succèdent à de vastes étendues noires et désertiques. Parfois, c’est l’inverse, les vastes étendues sont couvertes de mousse et des collines pelées d’une couleur sombre s’élèvent alors dans le lointain.

Un premier arrêt, près du refuge d’Holaskjol (une alternative bien plus tranquille au refuge bondé et souvent complet du Landmannalaugar), nous permet d’admirer la cascade d’Huldufoss. Quelques minutes de marche, au milieu des rochers et de la mousse puis nous découvrons la chute d’eau qui se jette dans un petit canyon.

Après cet arrêt, nous poursuivons vers le nord. Plus tard, les premiers gués de la piste F208 apparaissent. Nous les franchissons aisément, en effet la hauteur de l’eau est peu élevée.

Faille d’Eldgja et cascade d’Ofaerufoss

Quelques kilomètres plus loin, nous bifurquons vers la faille d’Eldgja. Il s’agit d’une fissure volcanique, formée vers l’an 930, lors d’une éruption. Dans l’impressionnant canyon, on imagine l’immense frayeur vécue par les premiers colons, récemment installés en Islande, lors de cet événement.

La courte piste F223 est tracée au fond d’une dépression, aux flancs d’une couleur rougeâtre, couverte de mousse verte. Nous laissons la voiture dans un petit parking et poursuivons ensuite à pied.

Le chemin longe une rivière qui est alimentée par la cascade d’Ofaerufoss (« la cascade infranchissable ») vers laquelle nous nous dirigeons. Une trentaine de minutes de marche (2 kilomètres), entre des blocs de pierre, puis la jolie cascade apparaît dans le lointain.

Cascade d’Ofaerufoss

Elle se jette du haut de la faille, sur une quarantaine de mètres, en deux paliers. C’est probablement à cet endroit que le canyon autour de nous est le plus spectaculaire. Deux cents mètres de haut, six cents de large et cette chute d’eau qui semble sortie de nulle part.


Informations pratiques faille d’Eldgja et cascade d’Ofaerufoss

Accès par les pistes F208 puis F223. Une quarantaine de kilomètres depuis la route numéro 1 au sud (1h à 1h30 de trajet en fonction du niveau des gués). 35 kilomètres (1h) depuis le Landmannalaugar.

Ensuite, 30 minutes de marche, 2 kilomètres, du parking à l’extrémité de la piste F223 jusqu’au pied de la cascade d’Ofaerufoss.


Alors que nous ne sommes qu’à quelques kilomètres d’une des pistes d’accès au Landmannalaugar, l’endroit le plus fréquenté à l’intérieur des terres, il n’y a personne dans les environs.

En montant le long de la cascade, il est possible de s’en approcher et de ressentir toute la fureur et la puissance de l’eau qui tombe dans le vide. Mentionnons que, jusqu’en 1993, une arche en pierre, depuis détruite par un séisme, enjambait la chute d’eau.

Après avoir profité du lieu en déjeunant au bord de la rivière, nous rebroussons chemin vers la voiture.

Vers le lac de Langisjor

Nous retrouvons la piste F208 pendant trois kilomètres, avant de la quitter sans tarder, vers la piste F235 qui mène au lac de Langisjor. Alors que nous craignions d’emprunter une piste cassante, éprouvante, elle vient d’être refaite et c’est un vrai billard.

Après avoir traversé deux gués guère profonds, la conduite, extrêmement plaisante, s’effectue sur du sable noir qui s’étend à perte de vue. Le contraste est saisissant avec les collines, couvertes de mousse verte, qui s’élèvent à l’horizon.

Nous sommes de nouveau seuls, à l’exception d’une famille de moutons, et nous ne comprenons pas pourquoi ! En effet, les paysages sont splendides et la piste très roulante. Malgré l’explosion de la fréquentation touristique ces dernières années, il est toujours facile de sortir des sentiers battus en Islande.

Par la suite, nous atteignons l’extrémité du lac de Langisjor, dépassons le « terrain de camping », désertique, bifurquons vers la droite sur quelques centaines de mètres et laissons la voiture au pied du Sveinstindur.

Ce sommet offre une magnifique vue sur le lac de Langisjor et, par beau temps, le glacier du Vatnajokull. Aujourd’hui, le temps n’est pas ensoleillé, espérons malgré tout que le panorama sera à la hauteur des efforts consentis.


Informations pratiques randonnée vers le sommet du Sveinstindur

Accès par la première piste qui part sur la droite, juste après avoir dépassé le terrain de camping à l’extrémité sud du lac Langisjor. Puis, environ 1 kilomètre avant d’atteindre le parking au pied du Sveinstindur.

Randonnée vers le sommet, 5 kilomètres aller-retour. 400 mètres de dénivelé. Compter 2 heures et demie. Pas de difficulté particulière.
Le sentier est balisé. Attention cependant, le brouillard est fréquent dans la région et se perdre est vite arrivé. De même, les rafales de vent peuvent être fortes au sommet du Sveinstindur.

Vous pouvez retrouver la trace GPS sur le site Wikiloc : Ascension Sveinstindur

Vers le sommet du Sveinstindur

Une heure et demie de montée et 400 mètres de dénivelé nous attendent. Au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, la vue sur les vastes espaces désertiques des Hautes Terres et sur le lac de Langisjor se dévoile.

Nous grimpons dans le sable et les pierres, le chemin devient plus pentu dans sa deuxième partie.

Avantage du pays, même les montagnes les plus élevées ont une faible altitude. Ainsi, le Sveinstindur, plus haut que toutes les éminences environnantes, culmine à 1093 mètres. Cela nous change des sommets andins ! En outre, le vent est très modéré, ce qui est plutôt rare dans la région…

Au sommet du Sveinstindur

Parvenus au sommet, le paysage est grandiose. Nous dominons une terre noire et des collines vertes qui s’étendent à perte de vue. L’intérieur de l’Islande tel qu’on se l’imagine, à juste titre d’ailleurs, avant de le découvrir.

Une nature sombre, brute, austère, mais si belle. Le temps, couvert, ajoute à la noirceur du paysage.

Le lac Langisjor s’étend paisiblement, tout en longueur, dans ce décor. 20 kilomètres de long, un à deux kilomètres de large. Il est bordé à son extrémité par le glacier Vatnajokull, que l’on distingue difficilement.

Tout autour, des dizaines de volcans (dont l’alignement du Laki que nous tenterons de découvrir dans les prochains jours), des centaines de montagnes, plusieurs rivières aux larges lits…

Alors que la luminosité commence à décliner, nous redescendons.
De retour au « terrain de camping » (un espace de sable noir, un robinet au milieu de nulle part, des toilettes, une boîte à lettres où glisser le paiement pour la nuit), nous montons la tente.

Ambiance de fin du monde

Nous sommes seuls pour la nuit, dans ce décor magnifique. Le lac de Langisjor d’un côté, le sommet du Sveinstindur de l’autre. Impression étrange de dormir à plusieurs dizaines de kilomètres d’autres êtres humains, loin de tout, dans un endroit où le réseau mobile est inexistant.

Au petit matin, lorsque nous émergeons de la tente, l’atmosphère est encore plus irréelle.

Un épais brouillard a notamment envahi les environs. Par conséquent, nous ne discernons rien à l’horizon. Rien d’autre que le sable noir qui nous entoure et la brume qui nous enveloppe. Aucun bruit ne filtre. Il est facile de se croire arrivés sur une autre planète…

Puis, une petite bruine se met à tomber, nous nous dépêchons de ranger les affaires et de reprendre la route. Direction le Landmannalaugar. Les paysages traversés la veille sont méconnaissables. Toute couleur semble avoir alors disparu, seuls subsistent le noir du sol et le blanc du brouillard.

En nous éloignant du lac, la brume se fait moins dense, le vert de la mousse couvrant les collines apparaît.


Informations pratiques

Piste F208 sud magnifique. Nombreux gués à traverser. Pas d’autre difficulté. Piste agréable à conduire.
Piste F235 vers Langisjor. Aucune difficulté. 30 à 40 minutes de l’embranchement jusqu’au lac. Paysages magnifiques. Une des plus belles pistes d’Islande.
Randonnée vers le sommet du Sveinstindur : 1h30 aller, 1h retour. 400 mètres de dénivelé. Panorama extraordinaire. Attention au vent.
Parking au pied du Sveinstindur : gratuit
Terrain de camping Langisjor (toilettes et point d’eau disponibles) : 1000 ISK


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