Au pied de la Cordillère Blanche. Acclimatation et bus bringuebalant
Dans cet article, nous débutons notre acclimatation à l’altitude dans la Cordillère Noire. Située en face de la majestueuse chaîne de montagnes de la Cordillère Blanche, elle offre un extraordinaire panorama sur des sommets enneigés. Depuis la petite ville de Caraz, nous partons également à la recherche des Puya Raimondii, des broméliacées géantes et rares qui atteignent plusieurs mètres de hauteur.
Après deux jours passés le long de la côte Pacifique nous prenons le chemin des Andes, plus particulièrement la Cordillère Blanche. Cette chaîne de montagnes s’élevant à plus de 6000 mètres d’altitude se trouve à 7 heures de route au nord de Lima. Parallèlement, s’étend une chaîne de montagnes un peu plus basses, la Cordillère Noire (ainsi nommée car les sommets n’y sont pas enneigés).
Entre les deux se trouve la “Callejón de Huaylas”, étroite mais longue vallée où les habitants de la région se sont installés. Située à 3000 mètres d’altitude, la principale ville de la province, Huaraz, se situe à l’extrémité Sud de la vallée. En se dirigeant vers le Nord, la vallée perd progressivement en altitude, jusqu’à la petite et tranquille ville de Caraz, à 2250 mètres d’altitude.
Nous avons décidé de passer les premières nuits dans cette ville à une altitude raisonnable. La grande (120 000 habitants) et sans charme ville de Huaraz ne nous attire pas. Et nous n’avons pas envie de dormir à 3000 mètres d’altitude en venant du niveau de la mer.
Trajet vers Huaraz, au pied de la cordillère Blanche
Casma, où nous venons de passer la nuit, semblait idéalement situé pour poursuivre vers Huaraz. Une route parfaitement asphaltée traverse la cordillère des Andes, reliant les deux villes en un peu plus de 3 heures.
Pourtant, en ce dimanche matin, cela n’est pas aussi simple ! Aucun bus ne se rend à Huaraz. La seule solution est de prendre un taxi collectif. Ce moyen de transport est plus onéreux que le bus, tout en restant très abordable, mais est aussi beaucoup plus rapide. Si rouler à plus de 100 km/heure sur une sinueuse route de montagne ne vous effraye pas, les taxis collectifs sont un bon moyen de gagner du temps sur certains trajets.
Le problème est que le chauffeur ne part que quand le véhicule est plein… Sauf si vous êtes disposés à payer l’intégralité des places, mais là ça devient tout de suite moins abordable !
Nous trouvons rapidement le lieu de départ des taxis collectifs, en centre-ville à côté de la station-service. La voiture et ses pneus sont en parfait état. Nous voilà rassurés !
Cependant, nous sommes les seuls passagers à vouloir nous rendre à Huaraz. Après plus d’une heure et demie d’attente toujours personne d’autre… Le chauffeur et nous-mêmes commençons un peu à perdre patience. S’il ne roule pas de la journée, il ne gagne rien…
Au bout d’un moment il décide quand même de partir. Ses frais d’essence aller et retour sont remboursés par notre trajet. Et il a l’espoir de trouver, en cours de route ou à Huaraz, d’autres passagers.
D’ailleurs aussitôt sommes-nous sortis du centre-ville que nous tombons sur un jeune homme qui souhaite se rendre à Huaraz !
La route, en parfait état, traverse un désert côtier pendant quelques dizaines de kilomètres. Le sol est caillouteux et aride. Rien ne semble pousser ici. Cette zone reçoit très peu de précipitations et, contrairement aux environs de Lima, il n’y a pas de brouillard pour fournir de l’humidité aux plantes.
Le chauffeur profite de ces longues lignes droites pour allégrement dépasser les 100 km/h. Lorsque nous attaquons la montagne, c’est à peine s’il ralentit. Le paysage est vraiment beau. Nous venons d’arriver dans les Andes et nous sommes déjà conquis. La route serpente et s’élève rapidement. A ce rythme le col, à près de 4000 mètres d’altitude, est vite atteint.
Huaraz apparaît rapidement en contrebas. Une fois arrivés en ville, nous cherchons à nous restaurer avant de poursuivre vers Caraz.
Nous entrons au hasard dans un petit restaurant qui propose, comme tous les autres restaurants au Pérou, un menu pour le déjeuner à un prix défiant toute concurrence. Généralement entre 5 et 8 soles. Avec une soupe, un plat principal, une boisson (souvent de la chicha morada), parfois un dessert. Les quantités sont gargantuesques !
Route vers Caraz
Ensuite, direction le « terminal » d’où partent les combis en direction de Caraz, à l’autre bout de la vallée. C’est la première fois que nous empruntons ce type de véhicule au Pérou. Pas d’inquiétude, nous descendons au terminus ! Mais ce trajet nous permet de découvrir le fonctionnement des « transports en commun » dans la vallée.
Un incessant ballet de passagers (écoliers, travailleurs en costume, péruviennes en habits traditionnels…) qui montent et descendent, d’accélérations et de freinages brusques, de cris de l’assistant du conducteur qui tente de ne louper aucun client potentiel sur le bord de la route !
Informations pratiques transport Cordillère Blanche
Des minibus effectuent des rotations entre Huaraz et Caraz, à l’autre extrémité de la vallée.
Le trajet dure une heure et demie en moyenne (parfois moins) et coûte 10 soles dans son intégralité. Les trajets moins longs sont évidemment moins chers (3 soles pour les courtes distances) et les tarifs sont fixés par le syndicat de transport et identiques pour toutes les compagnies qui opèrent.
Il est possible de monter et descendre n’importe où le long de la route “3N” qui relie les deux villes. Il suffit de l’indiquer au chauffeur pour descendre ou de lui faire signe pour monter.
A Huaraz, les véhicules partent du quartier (à proximité du marché central) délimité par les avenues Antonio Raymondi, Fitzcarrald, Agustin Gamarra et la rivière Quilcay.
A Caraz, les minibus partent du terminal situé le long de la route “3N”, à côté de la station service Repsol.
Nous découvrons la magnifique vallée, bordée par des montagnes enneigées dépassant les 6000 mètres. Régulièrement, au fil de la route, un nouveau sommet se laisse apercevoir. Nous sommes subjugués par ces paysages.
Le véhicule traverse quelques villages et petites villes, de nombreux champs. Parfois un paysan déplace ses quelques vaches ou moutons en longeant la route. Des palmiers (le climat est printanier toute l’année) poussent.
Arrivés à Caraz, nous prenons une chambre dans un hôtel proche de la place principale, l’hostal San Marco.
Puis, nous partons découvrir la ville. Un petit tour au marché. Quelques renseignements pris pour le lendemain. Enfin, nous allons voir le site archéologique pré-inca de Tumshukayko, dont il ne reste que quelques ruines !
Nous dînons dans un Chifa, restaurant chinois que l’on retrouve dans de nombreuses villes du pays, même les plus petites ! Très copieux (un plat pour deux peut suffire), bon et peu cher.
Le lendemain, réveil à 6h30. Nous avons prévu de monter dans la Cordillère Noire au col de Chicarhuapunta pour nous acclimater à l’altitude, voir des Puya Raimondii et bénéficier d’un panorama sur la Cordillère Blanche. Vaste programme !
Acclimatation dans la cordillère Noire
Le seul bus qui passe par cette piste part de Caraz (à côté du marché), au petit matin, vers le village de Pamparomas. Puis il effectue le trajet retour en fin de matinée. Nous laissons nos affaires à l’hôtel, faisons quelques provisions au marché. Et montons dans un véhicule hors d’âge…
Informations pratiques bus vers Pamparomas
70 kilomètres et 3 heures de trajet jusqu’à Pamparomas. 2 heures pour aller jusqu’au col de Chicarhuapunta et découvrir les Puya Raimondii.
Un bus par jour. Départ de Caraz entre 7h30 et 8h, à côté du marché (rue “Ramon Castilla”). Départ de Pamparomas en fin de matinée.
10 soles par personne.
Le bus est plein, il ne reste que quelques places sur la dernière rangée. Les habitants de Pamparomas, qui sont venus vendre leur production au marché pour certains ou, au contraire, acheter aliments et biens introuvables dans leur petit village, rentrent chez eux.
Nous serons, comme souvent dans les transports de la région, les seuls étrangers. Le bus part. L’ambiance est bon enfant, nous partageons avec les enfants des fraises que nous venons d’acheter. Jusqu’ici, tout va bien.
Après quelques kilomètres sur une route asphaltée, nous tournons à droite et empruntons une piste qui grimpe dans la montagne. Elle s’élève rapidement, bordée par un impressionnant précipice. Ambiance « Les routes de l’impossible ».
Après quelques virages en épingle à cheveux, le chauffeur freine brusquement. Dans le sens inverse, trois camions (les uns derrière les autres !) descendent d’une mine de fer, chargés à ras bord de minerai. De prime abord, il paraît impossible de se croiser à cet endroit.
Pourtant, le bus serre la droite de la piste et s’arrête, les pneus à quelques centimètres du précipice. Nul doute que le chauffeur a déjà vécu des situations comparables. Jusqu’ici tout va bien, néanmoins nous n’en menons pas large…
Notons que nous ne sommes pas les seuls. Une passagère du bus, quelque peu paniquée, préfère descendre du véhicule (elle n’a peut-être pas tort !). La moitié du bus rigole devant sa réaction effrayée, l’autre moitié a bien envie de la suivre.
Le premier camion s’engage dans l’étroit espace laissé libre. Ses rétroviseurs frôlent la paroi rocheuse d’un côté et notre bus de l’autre. Malgré tout, il arrive à passer. Nous retenons encore notre respiration, le temps que les deux autres camions fassent de même. Nous pouvons enfin souffler ! La passagère remonte dans le bus. Et nous poursuivons le périple.
Col Chicarhuapunta
Il reste quelques virages compliqués à négocier, les roues patinent un peu, l’embrayage est bruyant mais le panorama sur la Cordillère Blanche devient somptueux. Arrivés au col Chicarhuapunta, nous descendons. Renseignements pris, le bus repasse ici dans environ deux heures pour retourner à Caraz.
Nous avons du temps devant nous pour explorer la zone et accélérer notre acclimatation. Pour l’instant, à l’exception d’un souffle court, nous ne ressentons pas les effets de l’altitude. Cependant, un panonceau qui marque le col nous informe que nous sommes à 4324 mètres.
Au niveau du col s’étend une vaste zone où pousse des dizaines de Puya Raimondii.
Ces plantes, qui ne poussent que dans la Cordillère des Andes, peuvent vivre 100 ans et meurent après une unique floraison. Mais quelle floraison !
La tige atteint jusqu’à 10 mètres de haut et se couvre de milliers de fleurs blanches.
En face, de l’autre côté de la vallée, la Cordillère Blanche dresse quelques-uns de ses plus hauts sommets. Il faut reconnaitre que le panorama est somptueux.
Pourtant, il ne s’agit que d’un petit aperçu de ce qui nous attend dans les prochains jours.
Par la suite, après une bonne heure et demie à explorer la zone, nous retournons sur la piste. Nous ne voulons pas louper le bus qui doit nous ramener à Caraz. A peine quelques minutes plus tard nous tombons sur un combi qui passe par là et qui fait route vers notre destination ! Le trajet se passe sans encombre.
De retour à Caraz, nous jetons un coup d’œil à la météo.
En règle générale, à cette période de l’année, entre la saison sèche (avril-août) et la saison humide (novembre-mars), il a tendance à faire beau au réveil. Puis, des nuages arrivent, plus ou moins vite, et recouvrent les sommets de la Cordillère.
Pour le lendemain, du beau temps est annoncé toute la journée. Après quelques hésitations liées à l’altitude, nous décidons de nous rendre aux lagunes de Llanganuco (3850 mètres, cela devrait aller) ainsi qu’au col de Portachuelo (4600 mètres, cela nous inquiète !).
Nous partons dormir à Carhuaz, petite ville plus centrale. Avant de revenir à Caraz quelques jours plus tard.
Nous prenons une chambre à hôtel Karhuash, qui deviendra notre « camp de base » dans la région. Puis, sortons diner.
C’est un dimanche. Il est à noter que les seuls restaurants ouverts sont des pollerias, où l’on mange du poulet cuit à la broche et des frites (accompagnés d’une petite salade pour se donner bonne conscience). 3 ou 4 sauces différentes sont proposées. En fonction de son appétit on choisit un huitième, un quart, un demi ou un poulet entier. De même, les noms des pollerias sont tous semblables, comme « Pollo rico », et les enseignes représentent un poulet !
Informations pratiques
Trajet Casma – Huaraz en taxi collectif : 30 soles par personne
Trajet Huaraz – Caraz (d’un bout à l’autre de la vallée) en combi : 10 soles
Bus pour Pamparomas : 10 soles
Combi Cordillère Noire – Huaraz : 8 soles
Hostal San Marco (Caraz) : chambre matrimoniale avec salle de bain privée 45 soles. Situé à deux pas de la place d’armes.
Hostal Karhuash (Carhuaz) : chambre matrimoniale avec salle de bain privée 50 soles. Propre, confortable. Eau chaude et wifi. Situé à proximité de la place d’armes.