Notre premier 6000 ! Un panorama de toute beauté.
Dans cet article, nous vous emmenons à plus de 6000 mètres d’altitude, sur les pentes du volcan Acotango, pour une superbe ascension. Situé au sud du parc national Sajama, ce sommet ne présente aucune difficulté technique et offre un magnifique panorama sur l’altiplano s’étendant entre la Bolivie et le Chili. Nous donnons toutes les informations nécessaires pour réussir cette ascension, ainsi que les autres possibilités dans la région, les volcans Parinacota, Pomerape et Sajama.
L’ascension du volcan Licancabur que nous avons effectuée il y a quelques jours nous a donné des idées.
Vous pouvez retrouver l’article : Ascension du Licancabur
Si nous tentions désormais l’ascension d’un sommet à plus de 6000 mètres ! Ainsi, plusieurs possibilités s’offrent à nous dans les environs de Sajama.
Informations pratiques ascension d’un volcan dans le parc Sajama
Aux alentours du parc national Sajama, il existe 4 sommets principaux, accessible aux débutants pour certains et réservés aux alpinistes expérimentés pour d’autres. Il est possible de louer du matériel d’alpinisme dans le petit village de Sajama, auprès des guides de montagne. Rien à dire au sujet du matériel technique (crampons, piolets, cordes…), en bon état. Par contre, les chaussures sont plutôt usées, peu confortables et toutes les pointures ne sont pas disponibles.
Sajama. 6542 mètres d’altitude, le point culminant de Bolivie.
C’est le sommet le plus technique de la région. 3 jours de marche et, d’autre part, de sérieuses compétences d’alpinisme sont nécessaires.
Les volcans jumeaux, Pomerape et Parinocota peuvent se gravir à la journée, avec un départ en pleine nuit, en montant jusqu’à 5100 mètres en véhicule tout terrain.
Le Pomerape (6250 mètres d’altitude) est le plus technique des deux et s’adresse donc aux alpinistes expérimentés (pente finale à plus de 50 degrés). Totalement délaissé au profit de son voisin, il offre pourtant une plus belle vue. 1150 mètres de dénivelé, 10 à 12 heures d’ascension AR.
Le Parinacota est moins technique et plus haut (6342 mètres). Ainsi, il ne présente pas de difficulté technique. Malgré tout, le Matériel d’alpinisme est obligatoire. Sauf certaines années, en fin de saison (octobre-novembre), où il est possible d’atteindre le sommet sans crampons. 8 à 10 heures d’ascension AR.
Acotango. 6052 mètres d’altitude. Tous les détails plus bas dans l’article.
L’Acotango, situé à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau vers le sud, dépasse les 6000 mètres d’altitude. Il est accessible (entre août et novembre) sans matériel d’alpinisme, ni guide à condition d’être correctement acclimaté, habitué à marcher en (haute) montagne et de savoir se repérer ! Mentionnons que, pour les moins expérimentés, plusieurs guides vivent dans le village de Sajama et sont heureux d’accompagner les courageux qui souhaitent gravir le sommet.
Nous réservons un véhicule tout terrain pour effectuer le trajet jusqu’au pied de la montagne le lendemain. Le départ est ainsi prévu à 5 heures.
Après une trop courte nuit et un solide petit-déjeuner, pris à l’hôtel Oasis où nous résidons depuis quelques jours, nous rencontrons notre chauffeur. Qui est une femme, ce qui peut surprendre dans un pays “macho” comme la Bolivie ! Il s’agit d’ailleurs de la première fois, en deux mois dans les Andes, que le véhicule dans lequel nous circulons n’est pas conduit par un homme.
Une heure et demie de route à travers l’altiplano et sur des pistes de montagne et Maria nous dépose au-dessus de 5200 mètres d’altitude. Elle nous attendra dans le véhicule pendant que nous tenterons de gravir l’Acotango.
Ascension du volcan Acotango
6h30.
Nous partons pour un peu plus de 800 mètres de dénivelé, sur de la roche et des graviers pendant la majeure partie de l’ascension, puis sur une fine couche de neige sur la pente sommitale.
L’Acotango est le sommet le plus élevé d’un groupe de trois volcans situés à la frontière entre la Bolivie et le Chili. Il est encadré par le Humarata au nord et le Cerro Capurata au sud.
Dès les premiers pas, nous sommes plongés dans une ambiance “volcanique”. Les roches aux alentours ont des teintes jaunâtres, liées aux émanations de souffre qui s’échappent du volcan. Dans un premier temps, la pente est douce. Pendant la première heure, nous marchons entre des blocs rocheux (projetés par une éruption ?) sur un mélange de sable et de petits graviers.
Avant de déboucher au fond du cratère. Les parois de ce dernier sont écroulées du côté par lequel nous sommes arrivés et se dressent en arc-de-cercle face à nous.
Le point culminant de l’Acotango s’élève sur notre gauche, mais les parois sont bien trop raides pour tenter de le gravir au plus court. L’itinéraire à suivre emprunte une pente présentant moins de déclivité sur notre droite, puis longe les crêtes autour du sommet du cratère.
Nous nous élevons rapidement dans un pierrier qui nous rappelle celui traversé pendant l’ascension du Licancabur. Ainsi, des coulées de lave d’un noir sombre contrastent fortement avec les couleurs beige, ocre pâle, jaune de l’intérieur du cratère.
300 ou 400 mètres de dénivelé plus tard, nous atteignons les crêtes qui surplombent le cratère volcanique. Nous les longeons jusqu’au sommet, qui s’élève en face de nous, de l’autre côté du trou béant.
Derrière, les volcans Sajama, Parinacota et Pomerape émergent au-dessus de l’altiplano. Le temps, plutôt beau au réveil, se dégrade. Le ciel se voile rapidement.
Malgré tout, les sentiments ressentis sont indescriptibles. Nous marchons, seuls, sur un volcan qui culmine à plus de 6000 mètres d’altitude. En outre, le paysage alentour est incroyablement beau. Nous avons l’impression d’avoir atterri sur une autre planète.
Grâce à une bonne acclimatation, nous ne ressentons pas les effets néfastes de l’altitude. Jusqu’ici, tout va bien. Pas de nausées ou de maux de tête pour venir gâcher ce moment. Seul notre souffle est, logiquement, court.
Nous poursuivons ensuite sur quelques centaines de mètres et arrivons devant les premiers pénitents. De minces lames de neige et de glace durcie mesurant plusieurs dizaines de centimètres de haut qu’il nous faut traverser. Leur nom vient de leur ressemblance avec les chapeaux portés par les pénitents lors de la semaine sainte en Espagne !
Une fois cet obstacle franchi, nous arrivons sur une surface composée de glace légèrement fondue. Par la suite, d’autres pénitents, bien moins impressionnants que les précédents, hérissent les crêtes jusqu’au sommet.
Sur la droite, le volcan Guallatiri, en activité, laisse échapper des fumerolles qui s’élèvent vers le ciel.
Derrière nous, les volcans Parinacota, Pomerape et Sajama émergent au-dessus de l’altiplano. A leur pied, le lac Chungara s’étend à proximité du poste frontière entre la Bolivie et le Chili.
Informations pratiques ascension Acotango
Le volcan Acotango culmine à 6052 mètres d’altitude. Par conséquent, une bonne acclimatation préalable est primordiale. En raison de conditions instables, l’ascension est à éviter durant la saison des pluies, de décembre à mars.
Un véhicule est nécessaire pour rejoindre le pied du volcan, 1h à 1h30 de route depuis Sajama. Mentionnons que les guides et les principaux hébergements de Sajama proposent ce service.
850 mètres de dénivelé. 5 à 8 heures de marche AR. Aucune difficulté technique.
En début de saison, d’avril à juillet, le sommet et les pentes du volcan sont enneigés. Crampons obligatoires. En outre, guide de haute montagne (à contacter dans le village de Sajama) nécessaire pour les personnes non expérimentées. En dernier lieu, se couvrir chaudement, températures froides et vent glacial.
D’août à novembre, pas de neige sur les pentes et le sommet. 3h30 pour atteindre le sommet et 1h30 pour descendre.
Par conséquent, matériel d’alpinisme non obligatoire. Cependant, des bâtons de marche sont utiles (pour les quelques névés et à la descente). Le guide est aussi recommandé pour les personnes les moins expérimentées. A l’inverse, pour les bons marcheurs habitués à se déplacer en montagne, l’ascension se fait en autonomie sans risque. A cette période, l’ascension se réalise à partir du lever du soleil, il n’y a donc pas de problème pour se repérer.
Tarif : 1000 bol. pour le véhicule et l’attente durant l’ascension (jusqu’à 4 personnes).
L’encadrement par un guide haute montagne, trajet et véhicule inclus, coûte environ 1500 bol. (à répartir entre les participants).
La pente se redresse, nos pieds glissent un peu. Les crampons ne sont pas obligatoires mais auraient été appréciables sur quelques dizaines de mètres. Si nous tombons, nous dévalerons les flancs du volcan jusqu’à son pied, côté chilien !
Au sommet du volcan Acotango
Un dernier effort et nous parvenons au sommet, 3h30 après avoir quitté notre véhicule. Pour la première fois de notre vie nous sommes au-dessus de 6000 mètres d’altitude ! Moment plein d’émotions et de fierté.
Nous sommes maintenant au Chili, puisque le sommet du volcan se situe officiellement dans ce pays. Un carnet, protégé dans une mallette métallique “Banco de Chile”, permet aux courageux d’écrire un petit mot et de laisser une trace de leur passage.
Même si le Soleil, voilé, ne réchauffe pas l’atmosphère, le vent ne souffle que modérément. Nous passons une bonne heure à profiter d’une extraordinaire vue à 360 degrés. Nous dominons, si ce n’est pas le monde, au moins l’altiplano !
Tout autour des volcans qui approchent ou dépassent les 6000 mètres. Sajama côté bolivien. Guallatiri côté chilien. Le cône presque parfait du Parinacota, son voisin le Pomerape, Humarata, Capurata sur la frontière entre les deux pays. Tous sont couverts, pour quelques années encore (le réchauffement climatique a un effet catastrophique dans la région), d’une couche de neige et de glace qui brille sous les rayons lumineux.
Dans le lointain, vers l’océan Pacifique, une mer de nuages couvre le paysage. Bien plus proche de nous, en contrebas, le cratère de l’Acotango révèle les teintes jaunes et ocre clair et les coulées de lave noire que nous apercevions d’en bas.
Après avoir pleinement profité du paysage, nous entamons la descente en suivant l’itinéraire emprunté pendant la montée. Nous suivons une nouvelle fois la crête enneigée qui longe le cirque volcanique, avant de parvenir à l’endroit où les pénitents se dressent au milieu du passage. Une fois cette portion franchie, nous dévalons, droit dans la pente, jusqu’au fond du cratère. A cet endroit, les parois du volcan sont trop raides et le pierrier trop instable pour monter, mais le terrain est parfait pour une descente rapide !
Parvenus au fond du cirque, nous suivons un petit ruisseau créé par la fonte de la glace et de la neige, progressons au milieu de grosses roches, traversons une zone où des effluves de soufre se font sentir et arrivons à notre point de départ. 1h30 de marche depuis le sommet.
Retour à Sajama
Nous retrouvons Maria, notre conductrice, qui nous ramène à Sajama.
Il est temps de fêter cette ascension avec une bouteille de vin bolivien (“vino tinto Aranjuez Terruno”) acheté dans une épicerie du village. Compte tenu des conditions de conservation, il est plutôt pas mal (l’abus d’alcool est dangereux pour la santé !)
La suite du programme dépendra de l’évolution de la situation politique. Mais, nous avons bien envie de tenter l’ascension du Parinacota dans les prochains jours.
Cependant, le lendemain, les événements se précipitent. A peine levés, nous apprenons que des opposants au président sortant Evo Morales ont décidé de bloquer les frontières. Le poste de Tambo Quemado, à quelques kilomètres de Sajama, est occupé depuis la veille au soir. Aucun véhicule ne peut passer. Ailleurs dans le pays, les affrontements de la veille ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés. Les opposants à Morales envahissent médias et bâtiments publics, humilient des hommes politiques de son parti. Ses partisans répliquent en tentant de déloger violemment les manifestants et en débloquant par la force des ponts et des routes bloqués depuis plusieurs jours…
Nous n’hésitons pas longtemps et décidons de quitter le pays si cela est encore possible. Hors de question de rester au milieu d’affrontements qui pourraient dégénérer en guerre civile au vu de l’évolution de la situation.
En route vers la frontière chilienne
Nous ne savons pas si nous pourrons franchir, à pied, la frontière, mais espérons que les manifestants nous laisseront passer.
Un véhicule du village nous dépose à proximité de Tambo Quemado, où tout est extrêmement calme ! La police a délogé les manifestants il y a quelques heures, ils ont donc quitté les lieux. Et, comme peu de monde a pris de risque de traverser la frontière aujourd’hui, il n’y a pas l’agitation habituelle ni les longues files de camions qui attendent leur tour pour passer au Chili.
Un coup de tampon sur le passeport et nous pouvons sortir de Bolivie. La frontière officielle et le poste frontière chilien sont à quelques kilomètres de distance. Un taxi, désoeuvré en cette journée si particulière, qui effectue la navette entre les deux postes nous y emmène.
Nous sommes soulagés d’avoir réussi à quitter la Bolivie si facilement ! Cependant, les règles administratives absurdes ne vont pas faciliter notre entrée sur le sol chilien…
En pénétrant, seuls voyageurs à l’horizon, dans le bâtiment des douanes, nous pensons qu’un rapide tamponnage de notre passeport nous permettra de poursuivre notre périple. Mais, la préposée des douanes nous informe qu’il est interdit de pénétrer sur le territoire chilien à pied ! Il faut impérativement être véhiculé. Voiture, bus, camion, peu importe, mais pas à pied… Ce qui serait un détail habituellement, il suffirait de monter dans n’importe quel véhicule traversant la frontière, prend une tournure inquiétante alors qu’aucun véhicule n’est dans les parages.
Ainsi, les bus qui effectuent la liaison entre La Paz et Arica et la plupart des camionneurs, qui traversent par centaines la frontière en temps normal, ont annulé leurs trajets du jour.
Cependant, les douanes chiliennes ne veulent pas en démordre, nous ne passerons pas la frontière. Notons que la situation est cocasse. Nous sommes entre deux pays, sortis de Bolivie, pas encore entrés au Chili, espérant l’arrivée d’un hypothétique véhicule…
Heureusement pour nous, après une longue attente, un camion fait son apparition ! Le chauffeur accepte avec plaisir de nous faire passer la frontière et de nous prendre en stop. Il complète le formulaire indiquant que nous voyageons ensemble (hilarant, alors que nous patientons depuis le milieu de matinée dans le poste frontière !). Puis, nos passeports reçoivent le précieux sésame, un coup de tampon, et nous sommes autorisés à entrer au Chili…
Informations pratiques
Véhicule et conducteur pour l’Acotango : 1000 bol.
Voiture Sajama – frontière Tambo Quemado : 80 bol.
2 Comments
Merci pour ce récit très précis sur votre ascension qui va nous donner de belles idées 🙂
Merci pour le commentaire. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin d’autres informations.
Belle ascension !
Sur la route de nos voyages