A la rencontre du majestueux Manchot Royal.

Dans cet article, nous vous donnons toutes les informations pour découvrir la réserve nationale (ou parc) Pinguino Rey, située sur la Terre de Feu. Il s’agit du seul endroit en dehors des îles subantarctiques où il est possible d’observer le Manchot Royal. Puis, nous reprenons la route en direction de la ville argentine de Rio Gallegos.

Vers le nord de la Terre de feu

Nous entamons aujourd’hui le trajet retour qui doit nous mener, en une dizaine de jours, d’Ushuaia, à l’extrémité du continent américain, jusqu’à Pucon, dans le nord de la Patagonie chilienne. 2650 kilomètres, principalement en Argentine, avant de traverser les Andes.

Vous pouvez retrouver l'article précédent : Excursion sur le canal de Beagle

Avant de quitter la “ville la plus australe au monde », nous effectuons quelques achats de souvenirs. Rien de bien folichon dans les boutiques qui fleurissent dans le centre. De fait, elles vendent des objets fabriqués en Chine et des produits alimentaires provenant le plus souvent des environs de Bariloche. Estampillés du logo d’Ushuaia leur prix se trouve alors démultiplié !

Du côté du marché artisanal, à deux pas de l’office de tourisme, l’offre est plus authentique. Il y a certes de chouettes souvenirs, mais proposés à des tarifs plutôt élevés.

Parc Pinguino Rey

Nous reprenons ensuite la route nationale 3, vers le nord cette fois, et traversons les mêmes paysages que quelques jours auparavant.
Aux montagnes acérées et forêts à perte de vue du sud de la Terre de feu succèdent de vastes étendues désertiques, seulement peuplées de guanacos.

Après 300 kilomètres, nous atteignons enfin le poste frontière de San Sebastian. Les formalités, tant à la sortie d’Argentine (dans ce sens ce n’est pas surprenant) qu’à l’entrée au Chili (l’employé du service de l’environnement ne semblait pas très motivé pour contrôler notre van) se déroulent en un temps record. A noter néanmoins, l’étonnant « drive » pour passer la douane argentine. Pas besoin de sortir de son véhicule, les employés des services de l’immigration et des douanes sont alors assis dans des guichets le long de la route.

La Baie Inutile

Une quarantaine de kilomètres plus loin, nous bifurquons sur une piste, Y-85, en direction de Cameron. Avant d’arriver au bord de la baie Inutile. Dénommé ainsi par un officier de la Royal Navy, Philippe Parker King, car elle n’offrait « ni mouillage, ni refuge, ni aucun autre avantage pour le navigateur ».

Lors d’une longue expédition de quatre ans, le commandant et son équipage ont réalisé un travail de topographie sans précédent en Amérique du Sud, effectuant des relevés des côtes de la Patagonie argentine et des baies, îles et canaux de l’île de Chiloé jusqu’au Cap Horn. Cela se retrouve d’ailleurs aujourd’hui dans la toponymie de la région, à la consonance anglaise. Iles Dawson, Mornington, Duc de York, London…

Bien que jolie, avec en toile de fond des sommets qui s’élèvent à l’extrémité de la péninsule de Magellan, ce n’est pas pour la vue que nous sommes ici. En effet, la baie accueille une colonie de Manchots Royaux. Ce qui est exceptionnel puisqu’il s’agit du seul endroit au monde en dehors des îles plus australes qui bordent l’Antarctique où ces oiseaux nidifient.

Par conséquent, le nombre d’entrées par jour est fortement réglementé et la réservation s’effectue au moins une dizaine de jours à l’avance pour avoir une chance d’obtenir le précieux sésame. La visite du parc Pinguino Rey est prévue pour le lendemain, 10 heures, nous passons donc la nuit à proximité.

Nous poursuivons alors la piste sur quelques centaines de mètres et arrivons devant un refuge en bois noir, bâti à destination des cyclistes, comme il en existe d’autres dans cette région pluvieuse et extrêmement venteuse. Autour, une surface herbeuse et plane est parfaite pour notre van. Légèrement en contrebas, la vaste baie étend ses eaux calmes. Tout est ainsi calme, paisible. Aucune habitation n’est visible à l’horizon, ni aucun être humain. Le temps couvert, accompagné d’une fine bruine, contribue en outre à donner à l’endroit un air de bout du monde.

Le lendemain, au réveil, la température est glaciale.. Certainement la plus froide de notre séjour en Patagonie. Accentuée par le vent, le ressenti est alors polaire. Heureusement, nous sommes bien équipés, de fait la doudoune épaisse est de sortie.

Réserve Pinguino Rey

10 heures, nous sommes ponctuels, devant la porte du parc Pinguino Rey. Mentionnons que la réserve est entourée de grillages surmontés de barbelés, qui servent à dissuader les visiteurs non désirés, tant humains que les renards, espèce invasive qui mange les œufs des manchots.

Le guide nous accueille, donne quelques informations sur l’endroit et les animaux et indique les consignes à respecter pour ne pas effrayer les oiseaux. Puis, c’est parti !

Les manchots sont visibles, à quelques centaines de mètres, dans la baie. Personne ne sait exactement pour quelle raison des couples reproducteurs ont décidé de s’établir à cet endroit en 2010, si loin de leur habitat naturel. Normalement, devenus adultes, ils nidifient en effet sur les lieux de leur naissance.

Pendant les premiers mois suivant leur établissement, l’accès était libre, sans surveillance. Certains locaux sont repartis alors avec des animaux sous le bras, avant de les emmener chez eux… Tandis que d’autres furent tués et exportés (illégalement évidemment) vers le Japon où leur chair est un mets de luxe…

Mi-2011, devant le déclin rapide et inquiétant de la colonie, les autorités décidèrent de réagir et de protéger l’espèce en créant une réserve naturelle, avec un accès réglementé. Aujourd’hui, le groupe est composé d’environ 150 individus. Parmi eux, 40 couples reproducteurs dont près de 70% des œufs pondus chaque année éclosent.


Informations parc Pinguino Rey

Il s’agit du seul endroit en dehors des îles subantarctiques où il est possible d’observer une colonie de Manchots Royaux. Il est évidemment interdit de déranger les animaux. Par conséquent, l’observation s’effectue à bonne distance (une cinquantaine de mètres). Néanmoins, l’expérience est fantastique et constitue selon nous un incontournable d’un périple en Patagonie.

Située à plusieurs heures de route des principales localités de la région, il est préférable de disposer d’un véhicule pour se rendre dans la réserve Pinguino Rey.

Quelques agences de Punta Arenas proposent des excursions organisées vers le parc. Le tarif est alors élevé et les heures de trajet sont nombreuses.
Une alternative consiste à emprunter le ferry entre Punta Arenas et Porvenir. Puis, à participer à une excursion organisée par l’agence Transportes Espana.

Les hébergements les plus proches se situent dans les petites villes de Cerro Sombrero et Porvenir.

Une réservation sur le site internet de la Réserve Naturelle est normalement obligatoire.
Les visites sont limitées à 10 personnes par créneau et il y a 5 ou 6 créneaux horaires, toutes les heures, dans la journée. Il est nécessaire de réserver au minimum une dizaine de jours avant la date souhaitée.

Cependant, l’endroit n’est pas encore très connu et, la réservation ne s’accompagnant pas du paiement de l’entrée, certaines personnes n’honorent pas leur réservation. Il est parfois possible d’entrer dans la réserve sans réservation préalable.

Droit d’entrée : 15000 Clp par personne

Horaires d’ouverture (les visites ont lieu toutes les heures)
Décembre – mars : 10h-17h
Avril – mai et octobre – novembre : 11h-17h
Juin – septembre : fermé

Plus d’informations (et réservation des billets) sur le site : Réserve Naturelle Pinguino Rey


Un sentier permet d’approcher jusqu’à un premier observatoire, situé en face de la colonie, de l’autre côté d’un petit plan d’eau. Les manchots se dressent, entre les hautes herbes, à une quarantaine de mètres de distance. La priorité est surtout de ne pas les déranger.

Des jumelles et une lunette astronomique permettent de mieux les distinguer et d’apercevoir leurs détails. Pour les photographies, il est évidemment préférable de disposer d’un bon téléobjectif.

Nous mesurons la chance que nous avons d’admirer ses majestueux oiseaux dans leur habitat naturel, sans avoir besoin de réaliser une (encore plus) lointaine et coûteuse croisière en Antarctique.

A la rencontre du Manchot Royal

Contrairement à leur congères qui vivent plus au sud et doivent, à cause du réchauffement climatique et de la surpêche, effectuer de toujours plus longues distances en mer pour se nourrir, cette colonie trouve suffisamment de nourriture dans un rayon de 100 kilomètres autour de la baie. La pêche est en effet interdite dans le détroit de Magellan et la concurrence d’autres animaux plus limitée.

Les manchots en face de nous sont par conséquent plus gros que de nombreux autres. Tandis que leurs nouveau-nés présentent un taux de survie bien plus élevé.

Une douzaine de kilogrammes, 90 centimètres de haut et jusqu’à 1,2 mètre des pattes à la pointe du bec. Autrement dit, ils sont nettement plus grands que les manchots de Magellan ou les manchots Papous que nous avons vu quelques jours auparavant.

Il s’agit d’ailleurs de la deuxième plus grande espèce de manchot, sur les dix-huit qui existent dans l’hémisphère sud, seulement dépassée par celle des manchots Empereurs.

Atteignant leur majorité sexuelle entre 3 et 6 ans, leur espérance de vie approche 25 ans.

Pour les reconnaître, c’est assez simple. Un bec noir et orange, des plumes argentées sur le dos et blanches sur le ventre, des pattes noires et, signes particulièrement distinctifs, une magnifique couleur jaune orangée sur la gorge et le haut de la poitrine ainsi qu’une zone auriculaire orange.

Les animaux sont le plus souvent immobiles, secouant leurs ailes de temps à autre ou remuant le bec. De toute évidence, une de leurs principales occupations consiste à se nettoyer les plumes avec le bec.
Quelques-uns se déplacent, d’une démarche hésitante, amusante, en dodelinant. Des juvéniles, en pleine mue, perdent leur épaisse toison poilue au profit de leur plumage adulte.

Nous resterions des heures à les regarder, mais il faut cependant poursuivre sur le sentier afin de les laisser tranquilles. Un peu plus loin, un second poste d’observation donne sur la plage.

Trois animaux, qui reviennent d’une séance de chasse dans l’océan, se dirigent vers le reste de la colonie. Très tranquillement cependant puisqu’ils font quelques pas, toujours en dodelinant, s’arrêtent, observent les alentours, se secouent les ailes et s’étirent le cou, avant de poursuivre sur une courte distance. L’un des trois s’impatiente d’ailleurs et décide de continuer, seul.

Il est finalement l’heure de les quitter définitivement. Un dernier regard puis nous repartons vers l’entrée du parc. Le temps, comme suspendu, s’est écoulé à toute vitesse. Nous rejoignons la voiture une heure et demie après l’avoir quittée.


Itinéraire de Baya Inutil à Rio Gallegos

Une journée. 250 kilomètres, 5 heures (incluant la traversée en ferry du détroit de Magellan).

Découverte du parc Pinguino Rey dans la matinée.
Trajet vers Cerro Sombrero, route Y-85 non asphaltée, puis route 257. Traversée du détroit de Magellan.

Traversée Terre de feu – Chili : Transbordeur de la compagnie Austral Broom (liaison entre Punta Delgada et Bahia Azul). Toutes les heures de 8h à 1h. 10 minutes de traversée. Pas de réservation possible (premier arrivé, premier à bord). 18000 CLP par véhicule, passagers (jusqu’à 6 personnes) inclus.

Puis trajet vers Rio Gallegos. 120 kilomètres, 2 heures incluant le passage de la frontière Monte Aymond (Chili) / Integracion Austral (Argentine).

Camping sauvage Rio Gallegos : depuis le sud (avant d’arriver en ville), deux cents mètres avant le contrôle de police de Chimen Aike, une route asphaltée bifurque depuis la route numéro 3. Elle mène vers la zone franche de Rio Gallegos, puis la pointe Loyola. 4,5 kilomètres après la bifurcation, une piste part sur la gauche (la première après la zone franche) et conduit aux rives de la rivière Chico. Emplacements plats, poussiéreux. Exposé au vent. Tranquille et paisible.


Notre voyage retour vers le nord de la Patagonie se poursuit. Nous rejoignons le détroit de Magellan, traversé, comme à l’aller, sur le transbordeur Austral Broom. Dans ce sens, les départs s’effectuent toutes les heures (à la demie), de 8h30 à 22h30.

Puis, nous arrivons rapidement à la frontière « Integracion Austral » où nous quittons le Chili pour entrer, une dernière fois et pour plusieurs jours, en Argentine. Avec cet énième passage, nous sommes parfaitement rodés et, en dehors d’un quart d’heure d’attente de chaque côté, il n’y a rien à signaler.

Vers la ville de Rio Gallegos

Nous reprenons la route et retrouvons la numéro 3, qui parcourait la partie argentine de la Terre de feu. Elle traverse dorénavant des étendues toujours aussi désertiques où la seule animation est apportée par les nombreux guanacos et les plus rares nandous qui s’épanouissent dans cet environnement aride, à la végétation presque inexistante.

Seule différence cette fois, de petits cônes volcaniques s’élèvent à l’horizon et des coulées de lave laissent une empreinte noire dans la steppe.

Nous arrivons en vue de Rio Gallegos, la grande ville de la région, en début de soirée et en profitons pour prendre de l’essence (bien moins chère qu’au Chili), ainsi que pour dîner d’un burger dans la cafétéria de la station-service.

Pour passer la nuit, nous revenons sur nos pas, sortons de Rio Gallegos et bifurquons vers la pointe Loyola (immédiatement après le poste de contrôle policier de Chimen Aike). Puis, après avoir dépassé la zone franche, la première piste sur la gauche. Elle mène sur les rives de la rivière Chico qui offrent plusieurs emplacements de camping sauvage au milieu d’une végétation rase. Le sol est sec, poussiéreux, comme partout dans la région, mais l’endroit est extrêmement paisible pour dormir.


Informations pratiques

Camping sauvage baie Inutile (parc Pinguino Rey) : 1,7 kilomètre après le parc en poursuivant la piste Y-85. En face du chemin d’accès à l’estancia Tres Hermanos. Refuge accueillant les cyclistes. Espace à côté pour les véhicules. Sanitaires.

Parc Pinguino Rey. Réservation obligatoire. Droit d’entrée : 15000 Clp par personne. Plus d’informations sur le site : Réserve Naturelle Pinguino Rey
Horaires d’ouverture (les visites ont lieu toutes les heures)
Décembre – mars : 10h-17h
Avril – mai et octobre – novembre : 11h-17h
Juin – septembre : fermé

Camping sauvage Rio Gallegos : depuis le sud (avant d’arriver en ville), deux cents mètres avant le contrôle de police de Chimen Aike, une route asphaltée bifurque depuis la route numéro 3. Elle mène vers la zone franche de Rio Gallegos, puis la pointe Loyola. 4,5 kilomètres après la bifurcation, une piste part sur la gauche (la première après la zone franche) et conduit aux rives de la rivière Chico. Emplacements plats, poussiéreux. Exposé au vent. Très tranquille et paisible.


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