Des centaines de mains peintes. Vers le nord de la Patagonie argentine.

Dans cet article, nous vous donnons toutes les informations pour découvrir la Cueva de los Manos, un extraordinaire site archéologique de Patagonie. En surplomb d’un canyon, des centaines de mains de multiples couleurs, peintes il y a plusieurs millénaires, couvrent la paroi rocheuse. L’endroit, classé au patrimoine mondial de l’humanité, constitue ainsi une étape incontournable d’un périple dans le sud de l’Argentine.

Bajo Caracoles, de l’essence désirée

Après une nuit paisible mais extrêmement froide, nous rejoignons la localité de Bajo Caracoles, à seulement quelques kilomètres.
La petite bourgade est endormie, comme vidée de ses habitants, tout comme la propriétaire de la station service. En effet, plusieurs personnes, des motards, un camping-car allemand, des voitures, attendent pour faire le plein.

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En poursuivant directement vers la ville de Perito Moreno au nord, nous n’aurions pas besoin de remplir le réservoir. Cependant, nous allons effectuer une centaine de kilomètres de détour pour découvrir la Cueva de los Manos, un site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Cueva de los Manos

Par conséquent, nous n’avons pas d’autre choix, comme les autres, que d’attendre ! Sans savoir si quelqu’un viendra ouvrir la boutique dans la journée…
Après une bonne heure d’attente, la propriétaire fait finalement son apparition. Elle vient de se réveiller, il est 10h30, et est aussi peu agréable que lors de notre précédent passage en venant du Chili !

Sur la route 40

Une fois le plein effectué, nous reprenons la route 40 vers le nord. Puis bifurquons, après 3 kilomètres, sur la piste 97, qui mène à la Grotte des Mains. Une cinquantaine de kilomètres de trajet, sur un revêtement de graviers en bon état sur la première et dernière partie, bien plus dégradé néanmoins au milieu.

Quant au paysage, pas de surprise. De fait, nous traversons une steppe désertique, aride, peuplée de quelques nandous et guanacos. Sur la fin, le décor change et nous entrons alors dans un magnifique canyon.


Informations pratiques Cueva de los Manos

La grotte fait partie du parc national Patagonia (Argentine, accès gratuit). Cependant, l’accès routier est uniquement possible par la piste 97, qui ne passe pas dans le parc !
Accessible aux véhicules classiques et vans.

Visite guidée obligatoire pour la Grotte des Mains.
Coût de la visite : 2000 pesos par personne.
Horaires des visites : toutes les heures de 9h à 18h (heure de la dernière visite).

Plus d’informations sur le site : Argentina La Ruta Natural


Cueva de los Manos, la Grotte des Mains

La piste s’arrête devant le bureau des guides. Il est impossible d’aller plus loin en voiture.
Mentionnons que la visite de la Cueva de los Manos se déroule obligatoirement de manière guidée et que les départs ont lieu toutes les heures.

Dans l’attente de notre visite, nous déjeunons au-dessus du canyon del Rio Pinturas, entourés d’impressionnantes parois verticales. En contrebas, coule une rivière bordée d’arbres et d’une végétation verte flamboyante, étonnante apparition après les étendues désertiques traversées.

13h. La visite guidée débute sur le site archéologique le plus important de Patagonie.
Nous marchons quelques centaines de mètres à mi-hauteur du canyon, le long de la paroi en compagnie d’un petit groupe (accès possible pour les personnes atteintes de vertige, le sentier est assez large et des rambardes en bois rassurent). Avant de découvrir les premières représentations picturales.

Des centaines de mains peintes

Des mains. Beaucoup de mains en réalité ! Il y en a exactement 830 peintes aux alentours, sur un front rocheux de 600 mètres de long, protégées des rares intempéries et du soleil par des avant-toits en saillie.
La plupart d’entre elles sont des mains gauches. En effet, seulement trente représentent des mains droites, ces dernières étant l’œuvre de gauchers, nettement minoritaires. Une possède même six doigts, témoignage de polydactylie.

Les plus anciennes ont plus de 9000 ans tandis que les plus récentes datent d’environ 1000 ans. Elles furent ainsi réalisées par les ancêtres des Tehuelches, le nom donné aux peuples Amérindiens de Patagonie.

Deux méthodes de « peinture » coexistent.
Tout d’abord, celle dite de « tamponnage », où un tissu en peau de guanaco est plongé dans les pigments de couleurs avant d’être tamponné sur la roche autour des doigts. En second lieu, celle qui consiste à souffler des pigments autour d’une main posée sur la paroi à l’aide d’un tube en os de guanaco.

Six couleurs sont utilisées, l’ocre, le jaune, le noir, le rouge, le blanc et le vert. Ce dernier pigment, introuvable dans les environs, provient ainsi du lieu-dit Lago Posada à une centaine de kilomètres.

En complément de ces multiples mains, qui ont donné son nom à la grotte, on observe également de nombreux dessins de guanacos. Pour ces populations, le camélidé était en effet l’élément essentiel à leur survie.
Chasseurs-cueilleurs, ils utilisaient sa viande pour se nourrir, sa peau pour se vêtir, enfin, ses os pour fabriquer des objets.

Des scènes de chasse au guanaco, où des hommes bâtons entourent un troupeau, sont d’ailleurs visibles. Tandis que d’autres représentations montrent des animaux au gros ventre, probablement des femelles enceintes, objets de vénération.

Quelques pattes de nandous, reconnaissables à leurs trois doigts, ornent en outre la roche, au milieu des mains.

Plus loin, les peintures les plus récentes affichent un net changement de style artistique et, peut être, de croyances.
Les mains et les animaux sont désormais remplacés par des figures plus abstraites, des concepts plutôt que des représentations réalistes. Tels que trois ronds concentriques imbriqués. Des zigzags rouges. Des points sur la voûte de la paroi représentant peut-être les étoiles. Ou encore des figures humanoïdes.

La visite se termine ensuite. Nous quittons l’endroit en regrettant que si peu de sites historiques soient mis en avant en Patagonie. En une quarantaine de jours, nous n’avons quasiment rien appris des peuples qui vivaient sur ce territoire avant l’arrivée de l’homme blanc.
Ils ont pourtant réussi à vivre dans une région hostile pendant des milliers d’années, en s’adaptant aux rudes conditions.

Cependant, cette histoire pré-coloniale semble effacée tant des mémoires que du paysage des deux côtés de la frontière. Peut être que les argentins et chiliens d’aujourd’hui, descendants d’européens parfois arrivés il y a seulement quelques dizaines d’années en s’accaparant des terres indigènes (et en exterminant leurs occupants) souhaitent raconter l’histoire de « leur » pays à leur avantage.

Perito Moreno, une ville battue par les vents

Après avoir hésité à marcher dans le canyon et renoncé, découragés par les violentes rafales, nous reprenons la piste, puis la route 40 vers le nord. Nous atteignons finalement la ville de Perito Moreno, à ne pas confondre avec le glacier éponyme bien plus au sud, où nous passons la nuit.

Pour être protégés du vent, nous allons, comme de nombreux voyageurs argentins, dormir sur le parking d’une station service.
Cette pratique, répandue dans le pays, est parfaitement acceptée, voire encouragée par les gérants et employés des stations-service. Souvent, du wifi est mis à disposition gratuitement et des douches (parfois gratuites, parfois payantes 200 pesos) sont disponibles. Enfin, de nombreuses stations proposent un service de restauration rapide.

Trajet en direction d’Esquel

Le lendemain, nous poursuivons, encore et toujours, vers le nord de la Patagonie argentine. Les distances sont démesurées, les temps de route tout autant. Nous roulons alors en direction d’Esquel, à 540 kilomètres de distance.

Sur l’intégralité du trajet, nous croiserons uniquement trois villes, Rio Mayo, Gobernador Costa, Tecka. Entre ces localités, il n’y a rien d’autre que le désert, aride, inhospitalier, qui s’étend à perte de vue.

La route est ainsi rectiligne à l’infini. Les lignes droites de vingt ou trente kilomètres se succèdent, brièvement interrompues par une légère courbe.

Une fois de plus, les bourrasques secouent notre van et, encore plus impressionnant, les motards que nous croisons pilotent leur engin fortement inclinés sur le côté, malgré la route droite, pour lutter contre la force du vent.

La circulation est plus dense que les jours précédents. En effet, les départs en vacances d’été des argentins battent leur plein. D’autant plus que la route 40, dans la région que nous traversons, permet à la fois de rejoindre la station balnéaire de Comodoro Rivadavia et les touristiques montagnes autour de Bariloche.

Après plusieurs jours à traverser les mêmes étendues arides, les mêmes steppes, cela devient extrêmement monotone, lassant. Malgré tout, même si nous ne le remarquons pas instantanément, le paysage change.

Imperceptiblement, au fil des kilomètres, les touffes d’herbe se densifient, des arbustes apparaissent, puis poussent un peu plus haut. Les guanacos et nandous disparaissent, des moutons, ensuite des vaches peuplent maintenant les immensités des estancias. Enfin, des collines s’élèvent et le vent s’apaise, trouvant des élévations à même d’interrompre ses violentes rafales.

La fin d’après-midi approche, nous sommes fatigués après de nombreuses heures de route. Plutôt que de poursuivre trois quarts d’heures supplémentaires pour atteindre Esquel, nous cherchons un endroit où passer la nuit, une trentaine de kilomètres au nord de la localité de Tecka.

Dans cette zone où les arbres se font encore rares, où le sol est poussiéreux, où les clôtures des estancias qui bordent la route empêchent de s’en éloigner et le vent, certes moins fort, reste présent, trouver un coin agréable n’est pas simple.

Nous jetons notre dévolu sur un espace en partie herbeux à proximité de la route 40, dont le trafic est presque inexistant dès que le soleil se couche. Un bosquet d’arbres nous dissimule à la circulation et nous sommes protégés du vent, en bordure d’un petit ruisseau. En comparaison des emplacements des jours précédents, cela est nettement mieux !


Informations pratiques

Cueva de los Manos : Accessible aux véhicules classiques et vans par la piste 97. Visite guidée obligatoire, toutes les heures de 9h à 18h, 2000 pesos par personne.

Camping sauvage parking de la station-service YPF (Perito Moreno) : gratuit et sûr. Wifi à disposition. La station-service YPF était en réfection lors de notre passage, les douches fermées. Nous sommes allés nous doucher (gratuitement) dans la station-service voisine, de la compagnie Axion.

Camping sauvage entre Tecka et Esquel : 30 kilomètres au nord de Tecka, à gauche de la route (en roulant vers le nord). 2,7 kilomètres avant la bifurcation vers la route provinciale 34. A proximité de la route. Emplacement en partie caché par un bosquet d’arbres. Au bord d’un ruisseau. Trafic modéré dans la soirée et extrêmement faible la nuit.


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